Vincent Jeanbrun : « Aujourd’hui, il y a trois priorités : l’unité, l’unité et l’unité »
Dans le cadre de la refondation du parti, le porte-parole du groupe DR à l’Assemblée nationale estime indispensable et inévitable un accord entre les chefs de la droite.
Ce jeudi, les députés examinent les propositions de loi des Républicains. Une journée dédiée exclusivement aux propositions des députés du groupe Droite républicaine (DR). À cette occasion, Vincent Jeanbrun revient pour Le Point sur l’une des propositions de texte qu’il compte défendre dans l’hémicycle. Ancien maire de la commune de L’Haÿ-les-Roses, ce dernier plaide pour prioriser les travailleurs dans l’obtention des logements sociaux.
L’occasion aussi pour l’actuel porte-parole du groupe DR à l’Assemblée de revenir sur le processus de refondation du parti LR et sur un récent sondage, dévoilé par Le Point, mesurant les cotes de popularité des différents chefs à droite.
Comment appréhendez-vous le processus de refondation du parti initié par Laurent Wauquiez ?
À mes yeux, c’est un grand moment pour notre famille politique. Tout d’abord, cela s’ouvre sur de belles perspectives avec nos trois victoires de ce week-end – élections municipales anticipées à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) et à Francheville (Côte-d’Or) et résultat du premier tour de la législative partielle à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Le constat est sans appel. Lorsque l’on est sur le terrain, que l’on est uni et que l’on est concret sur la ligne : on gagne ! Je suis empli d’espoir, je sens un mouvement, une envie et une attente à la fois chez les cadres du parti, chez les sympathisants, mais aussi chez des personnes qui ont été déçues de la droite.
Maintenant, le défi qui va être le nôtre à travers le projet de refondation que porte Laurent Wauquiez, c’est d’être capable d’apporter de la clarté sur notre ligne. Il va nous falloir redéfinir ce qu’est la droite populaire, au sens d’une droite sociale, forte sur ces piliers fondamentaux et qui défend une société unie et rassemblée.
Un récent sondage – dévoilé par Le Point – montre l’explosion de la cote de popularité de Bruno Retailleau, actuel ministre de l’Intérieur. Quelle est votre analyse de ces résultats ?
Dans ce sondage, ce qui me fait plaisir, c’est de voir que des personnalités de droite connues ou inconnues sont plébiscitées. Pour Bruno Retailleau, il s’agit là d’une bonne nouvelle parce que c’est une découverte pour le grand public. Les Français le découvrent et confirment la ligne qu’il défend, à savoir celle de la droite républicaine.
Les sondages sont également bons pour Xavier Bertrand ou Laurent Wauquiez. Cela montre deux choses : une sympathie pour la droite et un espace pour que celle-ci soit de retour. Comme dit Laurent, le pays n’a jamais été autant à droite et la droite, en tant que parti, n’a jamais été aussi faible. Il y a donc un champ à conquérir.
Le défi du bureau politique et du parti, après la refondation, sera de proposer une méthode à nos militants et aux Français qui donnera de la crédibilité à notre parole politique.
Bruno Retailleau semble de plus en plus intéressé pour prendre la présidence du parti. Laurent Wauquiez également. Se dirige-t-on vers une future guerre des chefs de la droite ?
Le rassemblement est un autre défi. Nous devons faire en sorte que tout le monde se dirige dans le même sens. Il ne doit pas y avoir de guerres d’ego ou de guerres des chefs.
Un accord est indispensable et inévitable. Personne parmi les talents de la droite ne pourra porter sur ses épaules la division. Pas après notre score à la présidentielle. Pas après les défaites successives. Je pense que le premier qui fera mine d’alimenter la division sera battu. L’unité et le rassemblement ne sont pas des chemins souhaitables, ce sont des chemins indispensables. Aujourd’hui, il y a trois priorités : l’unité, l’unité et l’unité.
Dans le cas où plusieurs personnalités se présenteraient en tant que candidat pour la présidence du parti, comment feriez-vous pour les déterminer ?
On est une formation politique inscrite pleinement dans le jeu de la démocratie. On défend la démocratie. Nous n’avons donc aucun problème à donner la parole à ceux qui font notre formation politique, c’est-à-dire nos adhérents. Tous les candidats potentiels devront s’en remettre à la sagesse de nos adhérents.
Néanmoins, nous devons être vigilants sur ce départage. Il doit se faire dans le plus grand respect des individus et des courants de pensée. Laurent Wauquiez s’inscrit dans cette idée, il a labouré le terrain pour redonner la parole aux militants. C’est à partir de ce travail, que nous devons mener notre projet de refondation.
Qu’en est-il de 2027 ? Le futur président du parti LR pourrait-il être le prochain candidat de la droite ?
Cela ferait sens que le parti, une fois l’élection du président de parti actée, se mette tout de suite en ordre de marche pour l’élection reine. Ce n’est que mon opinion personnelle, mais je pense que le chef du parti aura vocation à être le candidat pour 2027. Il devra être à la fois le candidat naturel de la droite mais aussi du centre. Et pour cela, nous devons être d’accord entre nous pour ensuite parvenir à une grande alliance.
Dans un autre registre, comment appréhendez-vous la niche parlementaire LR qui s’ouvrira ce jeudi à l’Assemblée nationale ?
Avec cette niche, nous passons de la parole aux actes. Les trois axes sont clairs : protéger les Français, revaloriser le travail et défendre nos agriculteurs.
Dans le cas de Mayotte, qui sera notre premier texte examiné, la droite républicaine prend sa responsabilité. François Bayrou parle de submersion migratoire, nous, nous agissons en proposant l’aménagement du droit du sol afin de limiter l’appel d’air qui existe sur ce territoire. Nous ne sommes pas dans la caricature, nous sommes dans une démarche constructive. Avec cette niche, nous cherchons du concret pour les Français.
En ce sens, vous porterez, ce jeudi, une proposition de loi visant à prioriser les travailleurs dans l’obtention de logements sociaux.
Tout d’abord, je tiens à dire que je suis un enfant du logement social. J’y ai grandi. Sans cela, ma famille et moi n’aurions pas eu le parcours que nous avons eu. Simplement, je suis convaincu qu’il est essentiel de remettre de la cohérence dans tout cela. Je suis convaincu qu’il est essentiel de défendre ceux qui travaillent. On est passé du « travailler plus pour gagner plus » au « travailler plus pour payer plus ». C’est une injustice immense
En réalité, ma PPL est moins un sujet logement qu’un sujet travail. Aujourd’hui, quand vous avez deux dossiers similaires en termes de revenus et d’historique de la demande, on va systématiquement, dans l’arbitrage, donner la priorité à celui qui coche les critères prioritaires. Le travailleur qui n’a pas les moyens de se loger à proximité de son travail ne sera pas prioritaire par rapport à une famille qui n’a peut-être jamais travaillé. C’est un non-sens.
Avec cette proposition, nous demandons à ce que, à dossier équivalent, les travailleurs ne soient plus handicapés en passant en dessous de la pile.
Qu’entendez-vous par « les travailleurs » ?
Avec ce texte, on parle de tous ceux qui ont une activité professionnelle, pas seulement des salariés. Les autoentrepreneurs, les intérimaires, les agents publics ou ceux qui travaillent à temps partiel, toutes ces personnes-là doivent être prioritaires.
De nos jours, avec le système actuel, beaucoup ont le sentiment que la priorité est donnée à ceux qui vivent des allocations sociales. J’ai plusieurs fois entendu des phrases comme « pourquoi m’embêter à travailler » ou « si je me mets au chômage, je serai prioritaire pour obtenir un logement social ». Ce n’est pas acceptable de décourager les courageux ! Si nous n’entendons pas le cri d’alarme de ceux qui bossent, de ceux qui font des efforts, ils continueront à se reporter vers des extrêmes.
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