Valérie Pécresse : « S’il y a autant d’abstention, c’est peut-être parce qu’on ne fait pas toujours ce qu’on dit »
Après une visite à l’école juive de Toulouse à la veille des dix ans de l’attentat perpétré par Mohammed Merah, Valérie Pécresse a échangé pendant une heure avec six lectrices et lecteurs de La Dépêche du Midi.
René Saint, retraité, 79 ans : Envisagez-vous de revenir sur l’abrogation de la demi-part fiscale des veufs et veuves ?
Je ne reviendrai pas sur la suppression de la demi-part, néanmoins je souhaite passer les pensions de réversion des veuves et veufs de 54 % à 75 % de la retraite dont bénéficiait le défunt pour que leur conjoint puisse avoir une meilleure pension.
Plus globalement, je veux que les retraites soient indexées sur l’inflation, pour éviter aux retraités de perdre en pouvoir d’achat. Et je souhaite également aider les personnes âgées à se maintenir à domicile le plus longtemps possible, notamment avec un crédit d’impôt de 2500 euros pour leur permettre d’adapter leur logement aux contraintes du grand âge et de financer des services à domicile afin de rester chez eux le plus longtemps possible.
Enfin, vous avez sans doute entendu parler du scandale dans certains Ehpad privés, face à cela, je mettrai en place une charte très contraignante pour assurer un meilleur encadrement des soins.
Camille Guibert, étudiante, 20 ans : Comment comptez-vous faire pour rassurer les jeunes face à la crise écologique ?
Mon projet est celui des générations futures. Je ne veux pas vous léguer de dette, qu’elle soit financière, comme c’est le cas aujourd’hui, ou écologique. Je considère qu’on n’hérite pas de la planète, on l’emprunte à ses enfants, donc on doit vous la léguer dans les meilleures conditions possibles.
Je souhaite faire un vrai Elysée de l’environnement en réunissant tout le monde pour bâtir des indicateurs qui nous imposeront d’avancer sur cette question environnementale. Mon objectif est d’atteindre le zéro carbone d’ici 2050, en sortant du pétrole et du charbon et en aidant les ménages et les entreprises à prendre leur part dans cette transition grâce à diverses aides.
Pierre-Olivier Nau, chef d’entreprise et président du Medef Haute-Garonne, 47 ans : Pensez-vous que la taxe carbone aux frontières soit un outil utile et pertinent ?
Je suis favorable à ce que l’Europe nous protège, avec par exemple des clauses de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans toutes les commandes publiques. Je suis donc favorable à une taxe carbone aux frontières si elle est faite pour protéger les intérêts français, et c’est aujourd’hui tout l’enjeu.
Trop souvent, quand une nouvelle norme européenne est créée, elle est faite pour protéger les Allemands, ce sont eux, aujourd’hui, qui dirigent l’Europe. Les intérêts de la France ne sont jamais défendus. C’est ce que je veux changer : il faut que ce soit plus rentable de produire en France, et je veux donc une vraie taxe carbone aux frontières, pas quelque chose qui puisse être détourné. Cela va de pair avec ma volonté de réindustrialisation du pays qui est primordiale.
Elisa Wolf, étudiante et demandeuse d’emploi, 18 ans : Aujourd’hui beaucoup de jeunes ne s’identifient pas à la classe politique, comment comptez-vous lutter contre l’abstention et donner aux jeunes l’envie de s’exprimer ?
Le Covid-19 a éloigné les jeunes de la politique, il y a un lien à retisser. Si je suis élue, je mettrai en place des conférences départementales, régionales et nationales pour associer les jeunes au processus démocratique et pour qu’ils expriment leurs préoccupations.
Je ferai un référendum d’initiative citoyenne car il y a peut-être, dans mon programme, des choses que je n’ai pas abordées et qui tiennent à cœur à certains Français, donc si un grand nombre de citoyens mettent en avant un sujet, cela doit pouvoir être présenté au Parlement, voire, être soumis à un référendum.
J’ajoute que s’il y a autant d’abstention, c’est peut-être parce qu’on ne fait pas toujours ce qu’on dit…
Anaïs Loubet, agricultrice, 29 ans : Que comptez-vous faire pour permettre aux exploitations de se maintenir et se pérenniser en ayant un revenu décent ?
Je veux une agriculture productive : je souhaite qu’on produise plus. Et pour ce faire, il faut aider les agriculteurs.
Vous êtes des entrepreneurs, donc le sujet c’est d’abord vos revenus : il faut que vos produits soient rémunérés au juste prix et que vous-mêmes, vous soyez rémunérés au juste prix. Pour cela, je souhaite un vrai rapport de force avec la distribution.
Plus largement, je porte plusieurs mesures de long terme pour les agricultures : un abattement de 50 % sur la taxe foncière pour baisser les charges, la mise en place d’une vraie protection aux frontières face à des produits moins chers qui ne respectent pas les normes environnementales, etc.
Je serai derrière les agriculteurs car ce sont les premiers écologistes de France de mon point de vue. Et sur l’écologie, il ne faut pas avoir d’idéologie, il faut des résultats. Par exemple avec 100 % des produits locaux dans les cantines publiques !
Cécile Esquerre-Montagnini, enseignante en collège, 51 ans : Dans votre programme, vous estimez que l’école est ‘source d’inégalités’, que proposez-vous pour y remédier ?
D’abord, il faut prendre des engagements avec les établissements du secteur privé sur l’accueil d’élèves boursiers, il faut du donnant-donnant pour que les choses s’équilibrent.
Ensuite, il y a l’enjeu du budget. Dans l’Education nationale, à l’heure actuelle, il y a beaucoup de problèmes qui sont de l’ordre financier : le manque d’équipement, le manque de valorisation salariale en début de carrière, etc. Il faut donc remédier à cela.
Mais c’est aussi une question de moyens, et pour ce faire, je souhaite créer 10 000 postes dans l’Education nationale pour faire du sur-mesure. Et par la même occasion, donner aux AESH un vrai statut, avec des contrats sur cinq ans pour les sortir de la précarité. Enfin, il faut aussi améliorer l’organisation du système globalement, en remettant des personnes là où il en faut.
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