Valérie Pécresse : « Oui, Molière entrera au Panthéon ! »
La candidate LR à la présidentielle s’élève avec véhémence contre le refus de l’Élysée de faire entrer le dramaturge dans le grand temple de la République.
Avec Francis Huster et Anne Hidalgo, j’ai soutenu l’entrée au Panthéon de Molière. De façon singulière, l’Élysée a répondu : « Le Panthéon est un temple laïc, enfant de la patrie républicaine, elle-même engendrée par les Lumières. C’est pour cette raison que toutes les figures qui y sont honorées sont postérieures aux Lumières et à la Révolution. »
Le Panthéon a une histoire aussi mouvementée que celle de notre France tout entière et que cette communication de l’Élysée semble mal maîtriser. L’église Sainte-Geneviève, dont Louis XV avait posé la première pierre, fut certes laïcisée en 1791, mais le Panthéon servit au culte une grande partie du XIXe siècle… et trois cardinaux italiens y sont toujours inhumés parmi les six étrangers qui y dorment pour l’éternité.
Les panthéonisés ne sont pas tous postérieurs à la Révolution, Rousseau et Voltaire, tous deux morts en 1778, sont au Panthéon. En 1793, la décision fut prise d’y transférer Descartes, un grand homme du XVIIe siècle comme Molière, mais elle ne fut pas appliquée. Le Panthéon n’est donc pas réservé à nos illustres compatriotes d’après 1789.
Mais l’essentiel n’est pas là. Le Panthéon dit le rapport d’une époque à son Histoire, certains ainsi y entrèrent… pour en ressortir plus tard comme Mirabeau ou Marat. Il n’est que symbole. Eh bien, il est temps d’ouvrir le Panthéon aux femmes et aux hommes qui caractérisent le mieux le génie français dans la continuité des siècles ! La France ne naît pas en 1789, de même le progrès ne commence pas en 1789, ni heureusement le talent, l’esprit et la liberté.
La France, venue du fond des siècles, lente et patiente sédimentation de peuples issus de tous les hémisphères et de toutes les spiritualités, sur un socle judéo-chrétien, survivra, n’en déplaise à tous les déclinistes, tous les chagrins, tous les mesquins, car elle est une idée qui s’incarne dans d’innombrables talents et dans d’éternelles gloires. Je n’ai pas envie d’une France limitée, recroquevillée, sectaire dans ses admirations. J’ai envie d’une France fière, brillante, impertinente. J’ai envie d’une France qui ressemble à une pièce de Molière : vive, enlevée, tonique, profonde et drôle à la fois. Une France soucieuse d’intelligence, irrespectueuse des puissants dès lors qu’elle est talentueuse, libre et courageuse.
Cessons de nous quereller, de nous diviser, de nous fragmenter. Brisons les clivages, les verrous, les tabous et ne célébrons que le talent et l’esprit. Notre France est blessée, fracturée, compartimentée comme elle est corsetée, bureaucratisée, anesthésiée. Moi je veux écrire une France réparée, réunie, libérée. La mère Patrie est femme, elle protège, comprend, partage. Je serai la présidente de cette patrie-là et Molière entrera au Panthéon pour que sa lumière chatoyante symbolise cette France réconciliée avec son génie.
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