Valérie Pécresse : « Je mettrai en place un plan zéro désert de santé »
Valérie Pécresse, la candidate des Républicains à la Présidentielle, était ce vendredi 25 février en visite dans la Manche. Elle a accordé une interview à La Presse de la Manche.
Vous venez de visiter les Tricots Saint James. Alors que la balance commerciale du pays n’a jamais été si déficitaire qu’en 2021, comment aider les PME à grandir à travers l’exportation ?
L’Allemagne et l’Italie sont en excédent alors que la France continue de creuser son déficit. La raison est simple : depuis dix ans nous avons laissé tomber notre industrie alors que nos voisins se sont battus pour la conserver. Je veux engager un mouvement de réindustrialisation massive de la France. Pour y parvenir, je vais commencer par baisser les impôts et réduire la charge administrative des entreprises. Je veux aussi permettre à plus de Français de s’orienter davantage vers des métiers de l’apprentissage afin de permettre aux entreprises de recruter les effectifs dont elles ont besoin pour se projeter sur les marchés étrangers. Les Tricots Saint-James réalisent 40 % de leur chiffre d’affaires à l’export : c’est un très bel exemple à suivre.
Jeudi, le centre hospitalier public du Cotentin a reçu un soutien de l’État et de la Région Normandie à hauteur de 21 millions d’euros. En tout, le Ségur représente une enveloppe de 19 milliards. Pourtant, les soignants continuent de quitter l’hôpital, dans la Manche comme ailleurs. Quels moyens souhaitez-vous accorder aux soignants pour leur redonner une meilleure qualité de vie au travail ?
Aujourd’hui, les soignants éprouvent un sentiment profond d’absence de considération et de perte de sens de leurs métiers. Une crise de reconnaissance s’ajoute à la crise d’efficacité, de moyens et de souveraineté, comme nous l’avons vu pendant la Covid. Je veux que l’État et les élus locaux puissent apporter ensemble des solutions concrètes en matière de logement, de transport, de crèche ou encore de sécurité pour les soignants. Je répondrai à la souffrance de l’hôpital notamment en recrutant 2 500 soignants et en donnant plus d’autonomie aux chefs de service.
Dans l’Agglomération du Cotentin, plus de 10 000 habitants n’ont plus de médecin traitant. Quelles sont les solutions à court et moyen terme pour répondre à la problématique de la démographie médicale dans de nombreux territoires ?
Je mettrai en place un plan « zéro désert de santé », ce qui veut dire moins de trajets de transports et moins de délais d’attente. Je me suis fixé de véritables objectifs chiffrés. Je ne veux plus de consultation, prise en charge hospitalière ou service d’urgence, à moins de 30 minutes de son domicile. Et je souhaite diviser par deux le temps moyen d’attente d’ici à la fin du quinquennat pour un rendez-vous chez un généraliste ou un spécialiste. Comment faire en sorte qu’il y ait suffisamment de généralistes dans les territoires ? Je prolongerai d’un an (de 3à4 ans) l’internat de médecine générale. Cette quatrième année sera une année de formation sur le terrain, dans les maisons de santé, en priorité dans les déserts médicaux, comme ici dans le Cotentin. En créant ces « docteurs juniors », concrètement, cela reviendra à 40 nouveaux médecins généralistes par département
En octobre à Cherbourg, vous aviez appelé à mettre fin au « nucléaire bashing ». En quoi votre politique énergétique diffère du plan récemment annoncé par Emmanuel Macron ?
Depuis des mois, j’appelle à la remobilisation massive de la filière nucléaire française dans le cadre d’un plan de relance gaullien en matière énergétique. Emmanuel Macron a déstabilisé la filière depuis des années, déjà lorsqu’il était conseiller de François Hollande puis son ministre, avant de le faire comme président. La fermeture de la centrale de Fessenheim est une faute. Le revirement d’Emmanuel Macron, à deux mois de l’élection présidentielle pour s’aligner sur mon programme, procède de la tactique électorale. La France a perdu cinq ans. La première chose que je demanderai à mon Premier ministre, si les Français me font confiance, est d’établir un vrai plan de sauvetage d’EDF. Je veux remettre de l’ordre dans la politique énergétique de la France, pour assurer sa souveraineté, pour maîtriser les prix et pour se remettre sur la trajectoire de la neutralité carbone en 2050. C’est au Parlement de décider du socle des moyens de production décarbonée. Les Régions doivent avoir leur mot à dire sur les compléments nécessaires, comme les renouvelables, qui ne peuvent être installés sans l’assentiment de la population. Je soutiendrai la signature de pactes régionaux comme celui qui fut signé en 2010 entre la Bretagne et le gouvernement.
En septembre dernier, Naval Group a perdu l’important contrat australien. Comment redorer le blason de notre industrie à l’international dans le cadre de l’obtention de futurs contrats ?
Ce n’est pas la qualité de notre industrie qui est en jeu. Le camouflet reçu par le gouvernement dans l’affaire des sous-marins australiens était diplomatique et a démontré la perte d’influence de la France dans le monde. Ma conviction est claire : une France déclassée économiquement n’est pas respectée par ses partenaires commerciaux. Il ne peut en être autrement avec une dette qui atteint 115% du PIB, un déficit public historique de 85 milliards d’euros pour la seule année 2021 et des perspectives de croissance faibles pour les années à venir. La France paye le manque de courage d’Emmanuel Macron qui n’a pas voulu mettre en œuvre les réformes structurelles avant même la crise sanitaire. Ce courage, je l’aurai !
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