Un quinquennat de liberté
« Si Emmanuel Macron se voulait l’élève de Ricœur, il n’est certainement pas celui d’Alexis de Tocqueville », dénoncent les cinq membres de la cellule riposte de Valérie Pécresse.
Les cinq années de mandat d’Emmanuel Macron, qui voulait décoincer la société française, se soldent par un constat cruel : le « Nouveau Monde » se termine dans un clair-obscur inquiétant d’un monde d’avant-hier, moins libre, moins heureux, moins démocratique.
La bienveillante vitrine « sociale-libérale » de sa « Révolution » s’est craquelée et le vrai visage du macronisme se révèle : un pouvoir solitaire et vertical, un manque d’empathie pour ceux qui souffrent ou qui ne partagent pas ses opinions, un arbitrage continu des décisions politiques au détriment de la démocratie représentative et des libertés publiques et individuelles. Si Emmanuel Macron se voulait l’élève de Ricœur, il n’est certainement pas celui d’Alexis de Tocqueville.
L’héritage macronien est très lourd en matière de libertés. La violence de la répression opérée à l’égard des premiers Gilets jaunes a laissé un goût amer à des citoyens en grande souffrance sociale qui ont eu l’impression de se voir dénier leur droit de manifestation et qu’on a caricaturés à dessein en black blocks. La décision présidentielle de confiner l’ensemble des Français, assortie de formulaires kafkaïens pour pouvoir sortir son chien mais pas aller à la messe, a posé la question de la limite du pouvoir étatique et de la hiérarchie des valeurs d’une civilisation. Plus récemment, l’institution d’un pass sanitaire puis vaccinal pérennisé a semblé instituer – sciemment si l’on en croit le président Macron – deux catégories de citoyens en fonction de leur comportement vaccinal. La variable d’ajustement de nos libertés semble être devenue le niveau d’occupation des lits de réanimation.
Cette liste n’est pas limitative. Lorsque les experts scientifiques de l’Etat vont jusqu’à prétendre réglementer la place des convives autour de la dinde de Noël, ou lorsque le gouvernement réduit d’autorité la vitesse de circulation sur les routes en l’abaissant à 80 km/h, le citoyen finit par s’interroger sur ce qui relève de sa responsabilité/liberté, et ce qui relève de l’autorité étatique. L’impératif que représente une urgence doit bien entendu être pris en compte mais aucune société ne peut vivre plusieurs années en régime d’état d’urgence permanent. Toute la politique d’une Nation ne peut pas être conditionnée au « seul résultat qui compte ».
Machin. Avec cette philosophie utilitariste, le Parlement a d’emblée été considéré comme un machin ralentissant la belle mécanique macronienne. Il a souvent été malmené pour voter dans la précipitation des textes importants pour les Français, comme le texte de la Convention citoyenne bâclé en quinze jours.Le Conseil d’Etat, chargé de la qualité juridique des textes, a fonctionné au gré des foucades et des revirements gouvernementaux. Les élus locaux ont souvent été ignorés par le pouvoir central, pour ne pas dire piétinés.
Cependant, soyons honnêtes : le macronisme n’a fait qu’accélérer, faute de colonne vertébrale idéologique, les défauts d’une époque. Une époque qui entend non seulement nous dicter comment on peut boire, manger, fumer ou conduire, mais aussi de plus en plus comment on doit penser, dans les médias ou dans les universités. Sa faute aura été de laisser prospérer des idéologies illibérales comme le wokisme, l’écologisme décroissant ou l’islamisme radical.
Le chantier des libertés ne doit donc pas se limiter à une seule réflexion sur les institutions. Il inclut une réflexion sur la question des minorités en trouvant un point d’équilibre : comment ne pas basculer dans une tyrannie des groupes de pression sans tomber dans l’excès inverse qui est de vouloir aplatir toute différence de sensibilité d’opinion ? Cet équilibre, nous en aurons besoin lorsqu’on abordera des sujets qui déchaînent les passions comme certaines traditions culturelles locales, les sujets sociétaux ou encorele bien-être animal.
C’est ce chantier que la Droite devra engager comme sa grande cause philosophique pour que notre devise républicaine retrouve ses couleurs après cinq années d’illibéralisme.
Par Julien Aubert, député LR du Vaucluse, Valérie Boyer, sénatrice des Bouches-du-Rhône, Valérie Debord, vice-présidente de la Région Grand Est, Jonas Haddad, conseiller régional LR de Normandie et Charles Prats, secrétaire National de l’UDI
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