Rachida Dati : « Ouvrons une seconde étape dans cette campagne présidentielle »
La maire LR du 7e arrondissement de Paris appelle Valérie Pécresse à ajouter « une part de transgression » dans son projet.
Vous avez été porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2007, la dernière campagne victorieuse à droite. Quel regard portez-vous sur celle de Valérie Pécresse ?
Aucune campagne ne peut être comparée à une autre. Les circonstances, les personnalités et les configurations sont différentes. Et mon choix de ne pas figurer dans l’organigramme me donne la liberté de pouvoir m’exprimer sur tous les sujets avec ma sensibilité. Aujourd’hui, il est clair qu’il faut ouvrir une seconde étape dans cette campagne, celle de l’incarnation qui parle à tous les Français.
Le fait qu’elle soit une femme est-il un atout dans cette période de dégagisme ?
Ségolène Royal a été la première femme à accéder au second tour de l’élection présidentielle. Mais la différence majeure avec Valérie Pécresse c’est qu’aujourd’hui elle est soutenue par l’ensemble de sa famille politique, des Républicains aux Centristes. Le moteur du dégagisme n’est ni d’être un homme ni d’être une femme, mais d’être capable de voir la réalité de la France en face, de répondre concrètement aux préoccupations des Français et d’éviter la politique des petites phrases.
Valérie Pécresse et Marine Le Pen sont au coude-à-coude. Comment parvenir à s’imposer dans ce duel ?
Valérie Pécresse doit convaincre de sa détermination à améliorer la vie des Français, à réduire les inégalités et à être sans concession avec tous les ennemis de la République. Que Marine Le Pen ou Éric Zemmour puissent parler des préoccupations des Français, sans doute, mais leurs réponses ne sont ni réalistes ni réalisables. Je pense que le duel entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron, dont personne ne doute de la candidature, s’imposera.
Sur quoi les Républicains doivent-ils faire campagne ?
La clé de toute campagne présidentielle est de savoir comment vous emportez l’adhésion d’une grande majorité de Français. Or vous n’y parvenez pas avec des mesures techniques, des petites phrases ou des débauchages. Aujourd’hui, les Français attendent de la sécurité dans tous les domaines: économique, social, face à la délinquance comme face aux dangers du monde. Ils attendent de la clarté sur tous les sujets et ils attendent qu’on leur montre qu’on a compris ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils redoutent, mais aussi ce qu’ils espèrent. C’est ça à mes yeux la définition du lien avec les Français.
Valérie Pécresse a mis beaucoup de propositions sur la table. Est-ce audible ?
Il s’agit pour Valérie Pécresse d’incarner ce besoin et cette attente d’autorité. Les Français doivent avoir le sentiment qu’elle fera. Il faut résister aux postures technocratiques. Or, l’alignement de propositions ne peut apparaître que comme une posture technocratique. L’élection présidentielle, c’est avant tout la rencontre d’un homme ou d’une femme avec le peuple français, pas avec une somme de propositions. Proposer des solutions concrètes aux Français est une bonne chose, mais, une campagne, ce n’est pas que cela. Je ne suis pas la seule à le penser et à le lui dire. D’ailleurs, je crois qu’elle l’a compris et le meeting du 13 février à Paris sera un moment important de la campagne.
Comment passer à la nouvelle étape de la campagne que vous évoquiez ?
À la différence de 2017, Valérie Pécresse a su rassembler tout le monde. D’ailleurs, les comités stratégiques en témoignent. Tout le monde y a sa place. Mais je pense qu’il faut désormais approfondir le caractère collectif de la campagne et permettre à chacun de pouvoir enrichir le contenu et le projet de la campagne. Tout cela donnera de l’épaisseur et renforcera la dynamique de cette campagne. Je pense qu’à ce stade il y a des propositions que nous devons améliorer, comme sur la justice, l’école, l’université, le logement, l’immigration. Et ce projet doit comporter une part de nouveauté, je dirais même une part de transgression.
On vous sent un peu critique. Croyez-vous à la victoire ?
Ce n’est pas une critique, mais j’ai toujours considéré que la franchise est un plus pour le collectif, notamment avant une échéance aussi cruciale. Un candidat à l’élection présidentielle ne doit jamais penser que le résultat est acquis. Une campagne, c’est apporter des preuves chaque jour de son lien avec les Français. À moins de soixante-dix jours de l’échéance, tout est possible !
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