Othman Nasrou : « Nous allons être plus exigeants en matière d’intégration »
Le secrétaire d’État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations veut désormais que, pour tout étranger en demande de régularisation, il y ait une « obligation de résultat » sur la maîtrise du français et « l’adhésion claire et sincère aux valeurs de la République ».
En parallèle d’un plus grand contrôle de l’immigration, le gouvernement veut avancer vers une plus grande exigence en matière d’intégration, explique le secrétaire d’État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations, Othman Nasrou.
Vous êtes en charge de la « citoyenneté ». Vous avez déjà, à ce titre, parlé de laïcité mais pas d’intégration. Quelles sont vos priorités en la matière ?
Il y a d’abord un constat, le moteur de l’intégration pour les étrangers en situation régulière s’est cassé, nous allons le relancer. C’est un enjeu pour la cohésion de notre pays et il passe par un meilleur équilibre des droits et des devoirs respectifs. Nous allons être plus exigeants en matière d’intégration. Cela passe par l’apprentissage du français – une bonne maîtrise du français n’est pas négociable – et l’adhésion aux valeurs de la République, à un certain nombre de principes qui sont un socle culturel commun, mais également par le volet socio-économique – la capacité d’avoir un travail, un logement. J’ajoute aussi que, pour accueillir mieux, il faut accueillir moins. Il faut donc maîtriser les flux.
Comment vous y prenez-vous pour améliorer l’intégration ?
Le premier sujet est celui de l’apprentissage de la langue française. Nous allons passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultat : aujourd’hui, un étranger inscrit dans un « contrat d’intégration républicaine » doit assister à un certain nombre de cours de français, jusqu’à 600 heures selon les cas, mais sans obligation de niveau à la fin. Nous allons désormais lui demander de passer un examen pour vérifier l’atteinte d’un certain niveau de français. Pour un titre de séjour pluriannuel, il faudra être au moins à un niveau A2, c’est-à-dire l’équivalent d’une langue vivante étrangère pour les collégiens français en 4e. Pour une carte de résident, ce sera le niveau Bl, c’est-à-dire l’équivalent d’une langue vivante étrangère de classe de 3e. Le second sujet est celui de l’adhésion claire et sincère aux valeurs de la République, notamment la laïcité, l’égalité entre les femmes et les hommes ou encore le refus de toute forme de communautarisme.
Mais ces objectifs sont déjà dans la loi Immigration de Gérald Darmanin votée en début d’année par le Parlement…
Ils le sont mais ils ne sont pas encore en vigueur. Je souhaite que l’on accélère leur préparation et même leur mise en œuvre. La loi prévoit que, au 1er janvier 2026, ces dispositions soient opposables à la délivrance d’un titre de séjour. Je vais demander aux préfets que nous soyons opérationnels dès le 1er juillet 2025 à titre expérimental dans le domaine de la maîtrise du français. Nous souhaitons aussi aller plus loin sur deux sujets. Premièrement, je ne pense pas que l’on puisse réussir son intégration avec un niveau A2, ces niveaux de langue sont insuffisants. À terme, il faudra les relever. Je souhaite également que le contrat d’intégration républicaine, qui ne dure aujourd’hui qu’un an, dure plus longtemps – de deux à trois ans – pour que l’on prenne plus de temps pour vérifier l’intégration effective d’un étranger. Un an est trop court pour vérifier la bonne assimilation d’une personne à la communauté nationale. Enfin, je souhaite que le niveau d’exigence de maîtrise de la langue et d’examen civique soit le même pour tous. Avec obligation de résultat. Cela doit pouvoir s’appliquer à l’immigration de travail mais aussi aux demandeurs d’asile ou au regroupement familial ainsi qu’aux naturalisations.
Un test de valeurs républicaines, ce serait quoi ?
Ce serait des questions, après une formation, les grandes dates de l’histoire de France, mais aussi les principes et les symboles républicains et leur application dans la vie en société comme la laïcité, l’égalité entre les femmes et les hommes, la mixité… On ne peut pas avoir d’intégration réussie si on ne s’approprie pas un certain nombre de références communes. Sur les quatre jours de formation aujourd’hui prévus pour l’intégration, la partie « valeurs de la République » est trop réduite. Il faut l’augmenter. Faire nation, ce n’est pas simplement avoir un emploi et un logement. C’est aussi une communauté de valeurs à partager. Moi, j’assume le mot « assimilation », qui figure d’ailleurs dans le Code civil.
L’intégration, pour vous c’est fini ?
On ne va pas avoir un débat sémantique. Mais je pense que l’on a trop vu l’intégration sous le seul angle économique.
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