Olivier Marleix : « Non à une capitulation de plus face aux exigences de l’Allemagne ! »
À la demande de Berlin, un accord européen se dessine afin d’instituer une taxe dont les effets seront très défavorables pour les énergéticiens français, et très profitables à ceux qui produisent de l’électricité au gaz, dont l’Allemagne, s’alarme le président du groupe LR à l’Assemblée.
Après la fermeture de Fessenheim – pour satisfaire l’Allemagne, nous a-t-il dit -, Emmanuel Macron vient d’annoncer, sans concertation aucune, qu’il reprenait les propositions allemandes de réforme du marché européen de l’électricité, alors qu’elles sont manifestement favorables aux intérêts allemands mais une fois encore contraires aux intérêts des Français.
Le sujet est complexe, technique, et le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement ne cherche pas beaucoup à l’éclairer. Ce qui se joue est pourtant essentiel pour nos entreprises.
Le gaz ne représente que 20 % de notre énergie consommée mais impacte à 100 % les factures d’électricité de nos entreprises. Cela tient aux règles qui fixent le prix de l’électricité sur le marché Spot à un coût marginal qui au nom de la règle du « merit order » est celui de la dernière centrale appelée qui fonctionne au nucléaire, au charbon ou au gaz. Le marché européen est donc désormais tiré brutalement vers le haut par le coût de production le plus onéreux, qui est celui des centrales à gaz.
Si on avait mauvaise esprit, on dirait que la Commission européenne interdisant aux États de fixer le prix de l’électricité, c’est M. Poutine qui le fixe !
Avec la crise ukrainienne, nos entreprises voient donc leurs factures exploser. On ne peut pas les laisser mourir à cause d’une règle administrative devenue folle. Le sujet a été mis sur la table lors du Conseil des ministres de l’Union européenne, consacré à l’énergie, vendredi 9 septembre.
Si la France était toujours autonome à 100 % en production d’électricité, la solution serait simple : elle pourrait, comme l’Espagne et le Portugal, faire reconnaître son « exception énergétique ». Seulement voilà, des esprits « visionnaires » ont décidé la fermeture de 14 réacteurs, l’ont inscrite dans la loi, et ont provoqué un profond affaiblissement de la filière nucléaire, sous-traitants compris.
Face à des problèmes techniques surmontables, la réactivité de la filière est lourdement dégradée. Avec la mise à l’arrêt de 32 réacteurs nucléaires, la France est donc dans la position inédite d’être désormais dépendante de l’électricité de nos voisins allemands.
Dès lors, le gouvernement se comporte en otage de ce marché européen dont il pourrait pourtant s’extirper au nom de la clause de sauvegarde prévue dans le code de l’énergie.
Payer ne serait-ce que 80 % de notre électricité au prix moyen de production de l’électricité en France, ce serait toujours mieux que 100 % au prix du marché européen indexé sur le gaz !
Un bras de fer avec la Commission serait d’autant plus justifié que cette dernière aurait du mal à soutenir que sa position antinucléaire ou le ruineux mécanisme de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique, institué par la loi en 2010,qui permet aux fournisseurs alternatifs d’accéder, à un prix régulé, à l’électricité produite par les centrales nucléaires historiques d’EDF) sont des réussites éblouissantes !
Pourtant, c’est un tout autre chemin que s’apprête à suivre l’exécutif français : à l’issue de la visite du chancelier Scholz, le président Macron a tweeté : « Nous défendrons la mise en œuvre d’un mécanisme européen qui mettra à contribution les producteurs d’énergie dont les coûts de production sont bien inférieurs au prix du marché. »
Emboîtant le pas au Chancelier, la présidente Ursula von der Leyen a repris cette idée d’une « contribution sur les inframarginaux », c’est-à-dire un prélèvement sur ceux qui produisent de l’énergie hydroélectrique ou nucléaire dont les coûts de production sont inférieurs à ceux des centrales à charbon et à gaz, pour subventionner ceux qui doivent acheter du gaz pour produire de l’électricité.
Taxer les bons élèves pour redonner aux cancres, voilà une idée qui surprend.
Mais lorsque l’on imagine ce que pourraient être les effets concrets de cette péréquation à l’échelle de l’Union européenne, on croit rêver : en effet, la France est le pays où la part de l’électricité produite grâce au nucléaire et aux barrages est la plus importante, quand l’Allemagne produit essentiellement son électricité avec du gaz (elle en consomme deux fois plus que nous), du charbon et du lignite, très polluant.
Aider nos amis allemands à se sortir du naufrage de leur politique énergétique, bien sûr, jouer la solidarité grâce à l’interconnexion de nos réseaux électriques, évidemment. Mais pas en payant une taxe européenne nouvelle, réclamée par eux, et qui ne s’appliquerait qu’à nous ! Après des années de lobbying de leur part pour nous pousser à renoncer au nucléaire, aux conditions d’exploitation de nos barrages, à contester toute mesure de la Commission traitant le nucléaire pour ce qu’elle est – une énergie favorable au climat -, il faudrait maintenant que la France contribue à subventionner ceux qui ont fait les mauvais choix ? Et avec quel argent ?
Nous sommes sans doute en plein cauchemar, et nous allons nous réveiller. Un tel mécanisme supposerait déjà que l’on connaisse la réalité des prix de production des différentes énergies. On le connaît bien pour le prix de l’électricité, obligé d’être très transparent. On ne sait rien des prix de revient réels du gaz.
Si l’effet était insuffisant pour la facture de nos entreprises, on voit d’ici notre vaillant ministre de l’Économie nous annoncer de généreuses subventions d’argent public que nous n’avons pas…
L’exécutif doit évidemment s’assurer que la France ne sera pas le dindon de la farce de cet accord. Il devra surtout démontrer à nos entreprises qu’il permet de rapprocher leur facture du coût de production de l’électricité nucléaire en France : 50 euros le kilowattheure, l’on en croit la Commission de régulation de l’énergie (CRE).C’est là le véritable bouclier énergétique.
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