Olivier Marleix : « Les Républicains ne joueront pas l’avenir du pays à la roulette russe »
Le député d’Eure-et-Loir qui préside le groupe LR à l’Assemblée se confie sur les chantiers de la droite.
Après l’incident provoqué par un député RN, Bruno Retailleau a condamné une intervention « inopportune » tout en estimant que « personne » ne pouvait « considérer comme raciste le fait de réclamer le retour des clandestins » dans leur pays d’origine. Que pensez-vous de cette appréciation ?
Vous ne trouverez aucun député présent dans l’hémicycle de l’Assemblée, en dehors du RN, qui n’ait pas compris ce «Qu’il retourne en Afrique» autrement que comme une insulte adressée au député Carlos Martens Bilongo. Si tel n’était pas le cas, le député RN Grégoire de Fournas aurait dû immédiatement, dans l’hémicycle, préciser son propos et dire qu’il n’avait évidemment pas eu l’intention de blesser un collègue. Mme Le Pen a elle-même fini par concéder une «maladresse».
Mais n’avez-vous pas également perçu une instrumentalisation politique dans cette affaire ?
Une fois encore, si Grégoire de Fournas avait sur-le-champ, dans l’hémicycle, pris la parole pour préciser qu’il dénonçait les réseaux mafieux de passeurs ainsi que le rôle pervers d’ONG qui sont leurs complices, les choses auraient été différentes. Il n’y aurait pas eu de place pour les instrumentalisations, ni de la pleureuse Mélenchon ni de ceux qui crient à la sanction politique.
La première ministre Élisabeth Borne vient d’affirmer dans Paris Match qu’une « alliance » était « possible » avec Les Républicains. Que lui répondez-vous ?
Cette phrase ne figure pas dans l’interview, c’est étrange qu’elle soit en une ! Quelles que soient les pressions, je ne serai pas le président d’un groupe qui s’alliera avec M. Macron. Je combats à peu près tout dans sa politique : son européisme naïf, même quand l’Allemagne lui claque la porte à la figure, sa vision mondialiste datée quand nous avons besoin de patriotisme économique, sa croyance que l’argent public suffit à colmater toutes les brèches de la société même quand la France est au bord de la faillite, sansparler de l’effondrement de l’autorité de l’État.
Les Républicains sont-ils la « béquille de Macron », comme le pensent vos adversaires et le craignent certains LR ?
Sur les textes budgétaires, dès le premier jour, nous avons dit qu’il n’y aurait pas d’alternative aux 49-3 parce que nous refusions de voter un budget avec 155 milliards de déficit ! Voter une motion de censure aurait été un jeu puéril puisqu’on en connaissait le résultat. J’entends ceux qui veulent – quatre mois après les législatives – une dissolution. Mais chacun sait qu’il n’y aurait pas davantage de majorité. Cela reviendrait à bloquer le pays. Les Républicains ne joueront pas l’avenir du pays à la roulette russe. Si Mme Le Pen et M. Mélenchon veulent gouverner ensemble, qu’ils le disent ! Sinon, essayons de faire en sorte que tous les députés de cette Assemblée se rendent utiles. Quel que soit leur groupe. Les textes budgétaires passés, le gouvernement ne pourra plus recourir qu’une fois par an au 49-3, il n’aura donc pas d’autre choix que de se soumettre au Parlement. Le camp Macron agite lui-même la menace d’une dissolution.
Dans quelle catégorie classez-vous ceux qui poussent LR à pactiser avec ce pouvoir, privé de majorité ?
Les Français ont réélu le président. Je le regrette, mais c’est la démocratie. Dans quatre ans, la France tournera enfin cette page si confuse. Préparons dès maintenant la reconstruction du pays et une cohésion nationale aujourd’hui en miettes : reconstruire une industrie et une agriculture exportatrices, une économie qui offre de nouveau des opportunités de progrès social pour les travailleurs ; rebâtir nos grands services publics, l’école, l’hôpital, tout en réduisant la dépense publique ; faire en sorte que la transition écologique n’appauvrisse pas plus encore les Français. Et puis rebâtir notre souveraineté, ce qui veut dire pour moi nous extraire des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme qui empêchent toute maîtrise de l’immigration. Voilà les chantiers de la droite. Si nous n’incarnons pas cette alternative, qui l’incarnera ? Le RN ou la Nupes ? Non merci.
Pourquoi êtes-vous convaincu qu’une ligne d’indépendance est la seule voie possible ?
Pour moi, qui suis profondément gaulliste, il n’y a rien de nouveau : toute sa vie, de Gaulle a eu à combattre à la fois un marigot politicien et l’extrême droite.
Face à la crise énergétique, le pouvoir déploie des boucliers. Pourquoi jugez-vous Emmanuel Macron dans l’erreur sur ce dossier ?
En Européen béat, le président s’est illusionné. Les Allemands ont imposé une solution qui nous maintient la tête sous l’eau. Ils vont garantir à leurs entreprises une électricité à 130 euros le MWh jusqu’à 70% de leur consommation habituelle, alors qu’en France nos entrepreneurs continueront à payer plus de 500 € le MWh, avec une aide de l’État de quelques dizaines d’euros ! La différence en termes de compétitivité va être terrible.
Comment aborderez-vous le débat à venir sur l’IVG ?
Le plus sage était de s’épargner ce débat. Nous ne sommes pas aux États-Unis : en France, aucun parlementaire, aucun parti n’a jamais proposé de revenir sur la loi Veil ! Mais si ce débat a lieu, je veux dénoncer le danger du projet de la majorité : inscrire dans la Constitution que « nul ne peut être privé du droit à l’IVG » revient à supprimer toutes les mesures d’équilibre et de protection de l’enfant à naître inscrites dans la loi Veil. Avec cette rédaction, le délai maximum de quatorze semaines dans lequel l’IVG est autorisée deviendra contraire à la Constitution. Voilà leur projet. Si on croit nécessaire d’inscrire quelque chose dans la Constitution, c’est toute la loi Veil, rien que la loi Veil.
Les ministres Darmanin et Dussopt proposent des « titres de séjour métiers en tension ». Quelle sera la position du groupe LR ?
Les Français dans leur immense majorité attendent un changement radical et urgent pour reprendre la maîtrise de l’immigration. Il y aurait une majorité à l’Assemblée pour voter des mesures en ce sens. Au lieu de cela, le gouvernement propose des régularisations massives et davantage d’immigration. Nous ne laisserons pas faire. Je proposerai que députés et sénateurs LR réécrivent complètement ce texte, ou il ne passera pas.
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