Olivier Marleix : « L’ambition du gouvernement est plus « verte » qu’industrielle »
Dans une interview aux « Echos », le chef de file des députés LR refuse de dire s’il votera le texte relatif à l’industrie verte après un vote favorable au Sénat. Il dénonce un projet de loi superficiel qui ne s’attaque pas aux délocalisations et propose la mise en place de certificats d’économies d’énergie pour les entreprises. L’exécutif est appelé à « plus de respect et d’écoute ».
Le texte relatif à l’industrie verte vise à redresser la part de l’industrie dans le PIB en respectant les objectifs de transition écologique. Pourriez-vous le voter ?
C’est un texte sans vision. D’abord, l’exécutif devrait considérer comme « industries vertes » toutes celles qui produisent en France. Notre principale source d’émission de CO2 provient de nos importations qui représentent environ 51 % de nos émissions. Notre premier objectif doit donc être de relocaliser pour mieux décarboner.
Il y a ensuite un problème de moyens. Les Etats-Unis grâce à leur Inflation Reduction Act ont décidé de produire chez eux et promettent 400 milliards de dollars d’investissements massifs et ciblés. En France, le gouvernement propose de vagues mesures d’urbanisme. Encore un texte de communication bien pensé, mais qui ne nous incite pas à le voter. Au fond, l’ambition du gouvernement est plus « verte » qu’industrielle.
Votre principal reproche, à droite, porte sur le périmètre des industries concernées comme l’éolien ou l’hydrogène. Ce sont pourtant des secteurs d’avenir…
L’industrie verte en France sera nucléaire ou ne sera pas. J’attends toujours une loi de programmation pluriannuelle de l’énergie. Les secteurs que vous évoquez – éolien, hydrogène, pompe à chaleur ou encore batterie – ne suffiront pas à justifier l’immense effort que suppose la décarbonation de l’industrie, presque absente de ce projet de loi.
Nous, Les Républicains, proposons une mesure forte : attribuer des certificats d’économies d’énergie aux entreprises qui relocalisent sur notre territoire, parce que relocaliser, c’est produire plus propre. Une entreprise avec un site émetteur de CO2 en Chine qui déciderait de relocaliser sa production se verrait alors attribuer des certificats pour la récompenser de la réduction de CO2. C’est une mesure simple, accessible sans être une réponse budgétaire. Nous la défendrons dans l’hémicycle.
La majorité LR et centriste au Sénat a largement adopté ce texte en première lecture…
Le Sénat a fait le même constat que nous. C’est une vision à courte vue de l’industrie qui n’aborde pas le sujet crucial des relocalisations. Je le répète : une industrie verte de droite, c’est celle qui produit en France.
Pourriez-vous soutenir le gouvernement dans son ambition de mobiliser l’épargne des Français au service de l’industrie verte plutôt que l’argent public ?
L’exécutif a montré qu’il n’était pas prêt à aller au fond des choses sur cette question. Un livret bio pour enfant, un LDD rebaptisé « livret vert » ? C’est du pur affichage. Si je voulais être désagréable, je dirais que cela relève du « greenwashing ».
La réalité est qu’il y a beaucoup d’épargne disponible aujourd’hui en France. Le vrai sujet est de savoir où va l’argent public investi dans cette transition ? Sur 1,2 milliard d’euros d’aides à la voiture électrique, 500 millions d’euros partent en Chine. Je combats cette naïveté, évitons de financer l’industrie chinoise.
Elisabeth Borne a été reconduite à Matignon. Qu’attendez-vous de la Première ministre ?
Si le président n’a pas de majorité, ce n’est pas une erreur des Français, mais une injonction à gouverner autrement, avec plus de respect et d’écoute.
L’examen du texte sur l’immigration a été renvoyé à l’automne prochain. Conditionnez-vous un vote favorable de LR à une reprise de vos propositions ?
Il y a un texte de fermeté que nous avons déposé au Sénat et dont nous sommes prêts à débattre à la rentrée parlementaire. Le gouvernement doit s’en tenir à cette solution.
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