Olivier Marleix : « Il n’y aura pas de hold-up sur les réserves du privé »
Olivier Marleix, député d’Eure-et-Loir, préside le groupe LR à l’Assemblée. Il se justifie sur le recul des Républicains au sujet du départ à la retraite à 65 ans.
La réforme des retraites est-elle le fruit d’un bras de fer ou d’une conciliation ?
Il y a eu un vrai bras de fer sur le rythme. L’exécutif était divisé et hésitant. Notre ligne, qui est la plus raisonnable, la plus acceptable et la plus juste, l’a emporté.
Les Républicains se félicitent d’avoir été entendus par le gouvernement, mais qu’en pensent les Français ?
Notre seul sujet est d’être fidèles à nos convictions. Les Français doivent comprendre que nous défendons cette réforme parce qu’elle est indispensable pour préserver le pouvoir d’achat des retraités et assurer les retraites des jeunes. Le système est menacé par les déficits. Ils ne sont peut-être pas abyssaux comme ceux de l’État, mais ils empêchent toute revalorisation des retraites. La gauche nous dit qu’il suffit de faire payer les retraités, et ce fut aussi le choix initial d’Emmanuel Macron, quand il augmentait la CSG et refusait d’indexer les retraites. Pour nous, c’est une ligne rouge. Au fil des ans, le niveau de vie des retraités a considérablement baissé, les pensions n’ont pas été assez indexées.
Les LR se sont opposés au report à 65 ans jugé « trop brutal » alors qu’il figurait dans leur projet présidentiel. Comprenez-vous que cela interroge ?
Tout est une question de rythme. Il y a trois mois, l’exécutif en était à 65 ans sur un rythme de cinq à six mois par an. Je leur avais dit que c’était inacceptable socialement. Si c’est pour capituler en rase campagne comme l’avait fait Macron en 2018, ça ne sert à rien. Avoir de grandes idées de réformes, c’est très bien, mais les faire aboutir, c’est mieux. Le bon rythme est celui proposé par le Sénat depuis des années, soit un trimestre par an et 63 ans à la fin du quinquennat, puis une clause de revoyure, car nous devons la transparence aux Français avant d’aller jusqu’à 64 ans. Cette clause nous permettra de vérifier que nous aurons pu progresser, notamment sur l’emploi des seniors.
Que répondez-vous à ceux qui vous soupçonnent de reculer sur les 65 ans à cause de vos divergences internes ?
Cette question de rythme est une question de bon sens. Il n’y a pas de dogme. On ne fait pas une telle réforme pour faire plaisir aux marchés financiers. Si c’est l’intention de départ, nous nous assurerons que ce ne soit pas le cas. Bruno Le Maire avait laissé entendre qu’il avait besoin de l’argent des cotisations pour financer d’autres politiques. C’est inacceptable. L’argent des retraites va aux retraités, ce n’est pas négociable. La première ministre s’est engagée auprès de moi à prendre un amendement LR pour supprimer la mesure introduite dans le dernier projet de loi de finances. Il n’y aura donc pas de hold-up de l’État sur les réserves du privé pour financer son incurie. Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté sur le but de cette réforme.
Que reste-t-il à éclaircir ?
L’appauvrissement des retraités en France est l’un des symboles les plus criants du déclin de notre pays. Trois retraités sur dix vivent avec moins de 741 euros par mois, plus une part de complémentaire, dont 2 millions de personnes ayant une carrière complète. C’est révoltant ! Cette réalité est humainement poignante et indigne d’un grand pays comme la France. C’est pour cela que nous avons posé comme impératif que la promesse des 1 200 euros ne concerne pas seulement les nouveaux entrants, comme l’avait prévu le gouvernement. Le diable se nichant souvent dans les détails, nous prendrons le temps de vérifier le dispositif. Avec Éric Ciotti et Bruno Retailleau, nous allons rencontrer la première ministre jeudi pour nous en assurer. Il faut aussi être attentifs à ne pas chambouler les projets de vie des Français devant partir à la retraite cette année. Parmi les autres sujets à travailler, le traitement des carrières longues, un dispositif plus convaincant pour l’emploi senior et un contrôle plus sérieux des retraites versées à l’étranger pour lutter contre la fraude. J’espère que nous aurons la possibilité d’amender le texte à l’Assemblée et que la Nupes n’empêchera pas le débat.
Qu’annonce cet épisode sur les relations futures entre la droite et le pouvoir ?
Nous garderons toujours la même attitude consistant à défendre l’intérêt national. On ne peut pas parler matin, midi et soir du redressement du pays et ne pas saisir ce qui sera peut-être la seule occasion en dix ans de macronisme. En revanche, je crains que nous ne puissions pas nous entendre sur le projet de loi immigration. Les Français ne supporteraient pas que l’on fasse semblant de régler les problèmes.
Qu’attendez-vous de votre nouveau président Éric Ciotti ?
Sa tâche est immense. Il a été élu sur une ligne politique claire, assez proche de celle de Bruno Retailleau. Il doit rester sur sa ligne sans chercher la synthèse à tout prix. N’hésitons plus à affirmer le patriotisme économique, la souveraineté et la notion de bien commun. Nous ne pouvons pas compter simplement sur la disparition de Macron pour reconstruire la droite. N’attendons pas 2027.
Le maintien de cette ligne permettra-t-il aux Républicains de conserver leur unité jusqu’à la présidentielle ?
Je ne doute pas qu’une envie de réussite collective pour le pays l’emportera sur les jeux d’ego qui nous ont trop souvent affaiblis. À bon entendeur…
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