Olivier Marleix : « Gérald Darmanin ment aux Français »
Le ministre de l’intérieur promet le texte le plus dur jamais voté. Olivier Marleix, chef des députés LR, l’accuse de « changer des virgules ».
Alors que le projet de loi Immigration arrive au Sénat, les Républicains jugent qu’en l’état, le texte du gouvernement n’est pas acceptable. Le président des députés LR tire à boulets rouges sur le texte.
Le projet de loi Immigration arrive au Sénat le 6 novembre. Les LR le voteront-ils ?
L’immigration, c’est le défi de notre siècle ! Un enjeu de sécurité, d’abord. Trop de victimes d’attentats en France ont été les victimes du laxisme migratoire, à Nice, à Saint-Denis, à Marseille, dernièrement à Arras, tuées par des gens qui n’auraient jamais dû être sur notre territoire, et qui ont profité de la faillite de notre système. Un enjeu de cohésion nationale, ensuite ; quand on accueille 500 000 personnes par an, on n’est plus capable de les intégrer, de « faire de grandes choses ensemble », selon le mot d’Ernest Renan. Le troisième défi, c’est l’identité de la France : nous ne sommes qu’au balbutiement du problème migratoire, alors que l’Afrique comptera 1 milliard d’habitants en plus dans trente ans. Il n’est plus temps de changer des virgules, M. Dannanin.
Il prétend présenter le texte « le plus ferme » des dernières années…
C’est du slogan. Gérald Darmanin ment aux Français. Ses prédécesseurs de droite savent tous que changer la loi ne suffit plus en matière d’immigration.
Il ment sur quoi ?
C’est un texte avec des fausses mesures de droite, sans effet, et des vraies mesures de gauche. Prenez l’article 3 : il proclame que tout étranger en situation irrégulière en France depuis plus de trois ans, qui a travaillé huit mois sur les vingt-quatre derniers, pourra être régularisé s’il est sur un métier en tension. Gérald Darmanin fera plus de régularisations que la gauche n’en a jamais fait : en 1981, c’était 130 000 régularisations, il battra ce record ! En réalité, ce n’est plus le ministre de l’intérieur ni même le Parlement qui décident de la politique migratoire du pays, mais les juges. On peut aujourd’hui voter une loi écartée dès demain par un juge préférant appliquer sa lecture de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH).
C’est donc « non » ?
Je ne voterai pas un texte qui aggrave la situation de la France ou qui fait semblant de changer les choses. Avec cette loi, Gérald Darmanin acte l’impuissance de la France.
Le ministre a répété qu’avec ce texte, il n’y aurait pas eu l’attentat d’Arras. Comment ose-t-il dire cela ?
Avec son texte, il peut seulement affirmer que le tueur d’Arras aurait été le 120 000e bénéficiaire d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui n’aurait probablement pas été appliquée. C’est de l’esbroufe déplacée !
Rien à sauver dans ce texte ? La droite sénatoriale va essayer de l’améliorer, pourtant…
Les sénateurs autour de Bruno Retailleau font du mieux possible dans le cadre de la mauvaise copie de M. Darmanin. Mais ils affirment comme nous que ce dont nous avons besoin, c’est de modifier la Constitution, puis les traités, comme celui de 1968 avec l’Algérie. Révisons aussi Schengen pour revenir à son esprit originel. La libre circulation d’un État à l’autre doit être un privilège pour les citoyens de l’Union européenne, pas un visa de tourisme ouvert à tous. Et si cela suppose de rétablir des contrôles aux frontières, je rappelle que c’est possible en droit depuis 2017.
Si le gouvernement se lançait dans cette réforme constitutionnelle, combien de temps pour l’appliquer ?
Cette réforme est faite pour donner le dernier mot à la loi française, écarter certaines jurisprudences, en particulier de la CEDH, qui affaiblissent notre droit. Nous avons inscrit cette proposition à l’Assemblée et au Sénat, respectivement les 7 et 13 décembre. Si Emmanuel Macron accepte d’ouvrir ce chantier, cela pourrait être débloqué en trois mois. Il faut un vote dans chacune des assemblées, une majorité est possible, avec une adoption définitive par référendum. Les Français ne se sont jamais exprimés sur ce sujet. Si le président demandait : « Souhaitez-vous approuver une modification de la Constitution pour que la France réaffirme sa pleine souveraineté en matière d’immigration », il aurait 80 % de oui. Qu’il ne se prive pas de cettes atisfaction !
Élisabeth Borne est ouverte à une circulaire sur l’article 3. Le Sénat serait prêt à la suivre. Et vous ?
L’article 3 est un chiffon rouge, un leurre dans le débat agité pour ensuite le retirer et espérer que LR vote le texte. Je ne peux pas imaginer que ce soit le projet de Gérald
Darmanin, c’est une idée d’extrême gauche.
En réunion de groupe, vous avez évoqué une pétition…
Les Français partagent, dans leur grande majorité, l’idée que cette loi est insuffisante, ils veulent une reprise en main de la politique migratoire. Un changement radical. Avec Éric Ciotti, nous allons lancer une pétition nationale pour les mobiliser sur cette demande de réforme constitutionnelle.
Qu’est-ce qui vous sépare du dépôt d’une motion de censure sur l’immigration ?
Le bilan de M. Darmanin est calamiteux, nous sommes le cancre de l’Europe : 12 % d’éloignements exécutés en 2019, contre 50 % au Danemark ou 30 % en Espagne ! Mais le gouvernement a tellement tergiversé qu’il est encore temps de changer d’avis. Je lance un appel au président : soyez à la hauteur de ce qu’attendent les Français ! Entendez et comprenez-les, réformez la Constitution.
Votre position est partagée par tout le groupe LR ?
Les députés LR ont conscience que ce texte est très largement insuffisant.
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