Nicolas Daragon : « Il faut que l’État prenne des mesures très fortes »
Alors qu’Emmanuel Macron envisage de sanctionner financièrement les familles des mineurs « dès la première connerie », Nicolas Daragon, porte-parole de notre mouvement et maire de Valence (Drôme), détaille le dispositif de suspension d’aides municipales mis en place depuis deux ans dans sa ville.
Comment fonctionne votre dispositif ?
En décembre 2020, on a voté une délibération qui supprime les aides facultatives que la ville verse aux parents des mineurs délinquants. Le chèque sport, le Chèque Culture, le contrat municipal étudiant, mais aussi le bail d’habitation peuvent être remis en cause, lorsque les familles sont logées chez le bailleur social. Des mineurs qui dégradent leur école ou du mobilier urbain, par exemple, on sait que c’est rare qu’ils aillent devant le tribunal… C’est pour cela que j’ai mis en place ce dispositif. Lorsqu’on a voté cette délibération, elle a fait l’objet de recours de l’antenne départementale LREM devant la justice – ils ont été déboutés pour une erreur de procédure – et devant la Défenseur des droits. Laquelle m’a demandé de supprimer cette délibération parce qu’elle porterait atteinte à l’intérêt de l’enfant et serait contraire à la loi. Nous n’appliquons donc ce dispositif que depuis fin 2021.
Comment réagissent les familles ?
Convoqués devant le Conseil des droits et des devoirs des familles, la plupart des parents comprennent immédiatement que leur enfant a fait des bêtises, et acceptent l’accompagnement éducatif qu’on leur propose. Il s’agit de visites très régulières de l’éducateur de prévention, qui suit l’enfant dans toutes ses activités, scolaires, sportives, etc., en général pendant un an. Dans ce cas-là, aucune aide n’est supprimée. Il y a une autre typologie de familles, celles qui se foutent de nous, littéralement. Elles, en général, refusent les mesures éducatives. Ce sont ces familles que nous visons avec la suspension des aides. Nous leur précisons bien que l’on engagera aussi la procédure de résiliation du bail social. Cela a une vertu, c’est que l’on montre à l’ensemble de la cage d’escalier que c’est celui qui pose des difficultés qui part, et pas l’inverse. Ça offre peut-être aussi aux enfants l’occasion de quitter un groupe nuisible…
Quel est le bilan après deux ans ?
Une vingtaine de familles ont été convoquées. La dissuasion fonctionne parfaitement : brandir la menace de supprimer les aides de la mairie et d’annuler le bail suffit. Les familles ont toutes accepté le dispositif éducatif. Parallèlement, les dégradations ont diminué. Si on a récupéré une vingtaine de gamins, c’est déjà une grande réussite ! Je pense surtout que cette démarche a une valeur pédagogique : ceux qui bénéficient des aides comprennent qu’ils ont aussi des devoirs. Et on ne peut pas payer pour des gens qui nous nuisent, tout simplement.
Votre dispositif est-il transposable à l’échelle nationale ?
Pour moi, il y a deux conditions. D’abord, la responsabilisation des auteurs. Il faut leur demander ce qu’ils comptent faire pour réparer, et comment ils s’engagent à ne plus recommencer. La deuxième condition, c’est la proportionnalité. Moi, si j’enlève 80 euros à une famille pour une adhésion à un club culturel, ça ne va pas l’empêcher de manger ! En revanche, si on lui supprime les allocations logement et les allocations familiales, ça risque de poser de vraies difficultés… Mais dans un pays où la perte d’autorité et la faillite sur la sécurité sont omniprésentes, il faut que l’État prenne des mesures extrêmement fortes.
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