Nadine Morano : « Renforcer les moyens et le budget de Frontex »
En juin dernier, Nadine Morano, vice-présidente des Républicains et députée européenne, s’est rendu sur l’île de Lampedusa.
L’île de Lampedusa, où vous vous êtes rendue en juin, est actuellement submergée par des milliers de migrants. Êtes-vous étonnée ?
Étonnée, certainement pas c’est la continuité de ce qui se passe quotidiennement et que je dénonce depuis des années ! Quand près de 8 000 hommes débarquent à Lampedusa en 48h sur une île qui compte 6 000 habitants ce n’est pas une submersion mais une invasion ! Depuis le début de l’année, plus de 75 000 bateaux de migrants clandestins ont accosté en Italie, un chiffre multiplié par deux en un an ! Le maire de Lampedusa n’arrive plus à faire face, désabusé, sa priorité est de faire partir ces migrants clandestins au plus vite vers les Etats membres de l’Europe. S’ouvre alors le piège infernal de la seule répartition des migrants à laquelle je suis fermement opposée !
Vous ne parlez pas des femmes et des enfants ?
Parce qu’ il y en a vraiment très peu ! Quelques femmes et quelques bébés sur qui les caméras se ruent, qui ne paient pas la traversée car ils servent hélas aux passeurs à culpabiliser les Européens ! Ce sont leurs pratiques immondes et leur scénario macabre qu’il faut combattre. La vérité qui dérange et que beaucoup passent sous silence , c’est qu’il n’y a pratiquement que des jeunes hommes ! L’immigration illégale en provenance d’Afrique n’est pas une immigration familiale , elle est essentiellement économique. Les dirigeants africains doivent s’attaquer à la problématique de la démographie exponentielle (1,4 milliard d’habitants aujourd’hui, le double d’ici 2050).
Ce phénomène constitue-t-il un choc des civilisations ?
Évidemment ! Ce qui m’a frappée , c’est que beaucoup d’entre eux arrivent armés de couteaux, qui leur sont confisqués à leur arrivée à Lampedusa . De cultures et de modes de vie différents des nôtres, pour beaucoup sans niveau scolaire et dont nous ne connaissons rien du profil médical , ils proviennent d’États dans lesquels la violence règne , le concept de l’égalité entre les hommes et les femmes n’existe pas, de pays où jusqu’ à 90 % des filles ont subi des mutilations génitales Dans ces conditions et sans généraliser, l’assimilation paraît difficile , voire impossible.
La grande majorité n’obtiendra d’ailleurs jamais l’asile : ils n’y sont pas éligibles car non menacés dans leur pays d’origine. Ils en rêvent, mais pourtant l’Europe est pour eux une impasse. On les retrouve en France errant dans les rues ou entassés dans des camps de fortune aux conditions de vie lamentables. Une immigration de masse non assimilée met en danger notre cohésion nationale. Nous l’avons vu pendant les émeutes selon le rapport d’analyse des violences urbaines de fin juin 2023, consultable sur le site du ministère de la Justice, 91 des mis en cause sont des hommes qui ont mené une guérilla destructrice sur notre sol, majoritairement français, issus de l’immigration africaine. Les Français en payent chaque jour le prix, avec leurs impôts, mais aussi hélas parfois de leur vie, victimes de la violence et de la délinquance engendrées par l’immigration. Il faut que cela cesse. Je plaide pour que nous établissions comme au Danemark des statistiques ethniques. Je plaide aussi pour une grande politique de natalité dans notre Europe vieillissante, plutôt que d’avoir comme seule solution de recourir à l’immigration de masse.
L’Europe paraît impuissante malgré l’accord signé avec la Tunisie ?
Un accord récent, puisque signé le 16 juillet dernier. Vu la situation, il y a urgence à le rendre opérationnel. La Tunisie est confrontée à une situation migratoire très difficile, notamment à Sfax, qui est devenue, malgré elle, par sa côte méditerranéenne à proximité de l’Italie, une plaque tournante de l’immigration irrégulière. Le volet migratoire est une étape essentielle dans le partenariat stratégique et global engagé avec ce pays ami. Nous conditionnons le versement des fonds européens, en donnant davantage à cet État africain qui s’inscrit dans un plan important de développement économique et qui décide de mieux coopérer avec nous en matière migratoire. En lui donnant les moyens techniques et humains de mieux protéger ses frontières, nous protégerons les nôtres !
La France doit chercher à nouer de toute urgence, comme le font le Danemark et l’Autriche, des partenariats avec des pays tiers, hors d’Europe , comme le Rwanda, pour traiter et héberger les demandeurs d’asile loin du territoire européen. Aucun demandeur ne doit circuler librement sur notre sol, voire y entrer ! Ceux déjà présents chez nous doivent être assignés à résidence, et non comme c’ est le cas aujourd’hui s’évaporer dans la nature, à l’instar des milliers de migrants déplacés des rues de Paris, en vue des JO 2024, vers des centres à Bordeaux et Marseille ! Avec ce type d’accords et de mesures, toute traversée de la Méditerranée deviendra inutile et beaucoup de vies seront épargnées.
Que faire avec ces passeurs et les ONG responsables de ces drames ?
Il est impératif de déclarer une guerre totale aux passeurs, en rehaussant par exemple les peines applicables à l’aide à l’entrée ou au séjour irrégulier, en détruisant systématiquement les bateaux qu’ils utilisent. Cela implique de renforcer massivement les moyens et le budget de l’agence Frontex, qui n’a pas vocation, comme le voudraient la gauche et les verts, à être une agence d’accueil ou de protection des droits fondamentaux des migrants, mais une agence de protection des frontières et des Européens face à l’immigration irrégulière. Quant aux ONG, certaines sont complices des passeurs, qui les utilisent pour achever la traversée vers l’Europe sur leurs navires de sauvetage. Nous devons plus sévèrement contrôler et si nécessaire sanctionner leur action, mais aussi exiger la transparence totale sur leurs financements et leur gouvernance.
Environ 120 000 migrants en bateau sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, soit près du double enregistré au cours de la même période en 2022. Un aveu d’échec pour Giorgia Meloni ?
En décrétant l’état d’urgence migratoire en Italie, en régulant l’action des ONG, en engageant des discussions avec nos partenaires africains, Giorgia Meloni fait preuve de courage, d’initiative et de détermination. C’est à l’Europe de l’aider davantage en adoptant des mesures drastiques pour mettre un coup d’arrêt à l’immigration : facilitation des retours, conditionnement des aides au développement en fonction de la coopération migratoire des États tiers, délocalisation des demandes d’asile, fin de la libre circulation des demandeurs d’asile, etc.
Doit-on craindre un afflux de migrants en France prochainement ?
L’afflux est déjà là et va s’aggraver ! Le nombre de mineurs non accompagnés (MNA) venant d’Italie a été multiplié par deux depuis le début de l’année ; 3 700 MNA originaires de Guinée, de Côte d’Ivoire, de Tunisie et du Soudan, pour une capacité de 1 000 places dans les Alpes-Maritimes. C’est pourquoi, avec Éric Ciotti, nous demandons à Emmanuel Macron des moyens civils et militaires extraordinaires pour protéger nos frontières. Mais je note que Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, appelle à « répartir le fardeau » donc à encore ouvrir nos portes aux clandestins. Les migrants connaissent parfaitement nos failles et nos faiblesses diffusées sur les réseaux sociaux et par les associations.
Cette situation aura-t-elle un impact sur le projet de loi immigration exposé au Sénat à partir du 6 novembre ?
Le drame qui se joue à Lampedusa, et généralement en Méditerranée, où plus de 26 000 personnes sont mortes depuis 2014, doit créer un sursaut. Nous devons faire bloc contre la menace migratoire. Le projet de loi du gouvernement, s’il continue de prévoir la régularisation des sans-papiers, comme d’ailleurs des parlementaires allant du Modem à la Nupes, en passant par Renaissance, l’ont récemment soutenue dans une tribune, sera inacceptable et pourra aboutir à une motion de censure. Il est hors de question d’envoyer un signal supplémentaire de laxisme en donnant une prime à l’immigration illégale. Nous voulons redonner la parole aux Français car il en va du destin de notre pays. Alors que 74 % des Français rejettent sa politique migratoire, le président de la République doit entendre notre proposition de réviser la Constitution pour leur permettre de s’exprimer par référendum sur ce sujet majeur.
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