Mathieu Darnaud : « Par la loi, les LR du Sénat vont donner à Bruno Retailleau les moyens de son action »
Le président du groupe LR au Sénat vient de déposer au nom de son groupe deux propositions de loi sur l’immigration.
Alors que François Bayrou a fermé la porte à un projet de loi sur l’immigration, le groupe LR au Sénat présidé par Mathieu Darnaud, successeur de Bruno Retailleau, va présenter deux propositions de loi : « La première vise à faciliter le maintien, pour une durée pouvant aller si besoin jusqu’à 210 jours, des étrangers détenus dans des centres de rétention administrative (CRA), lorsqu’ils sont auteurs d’infractions particulièrement graves et présentant de forts risques de récidives. Cette mesure doit éviter d’autres drames comme celui de la jeune Philippine, survenu en septembre 2024. Notre seconde proposition de loi instaure une durée minimale de résidence en situation régulière de deux années avant l’accès à certaines prestations sociales non contributives comme les allocations familiales, l’aide personnalisée au logement ou l’allocation personnalisée d’autonomie. »
Pour que LR participe au gouvernement, vous aviez posé comme condition la stabilité, un budget et notamment de quoi agir pour la sécurité. Le budget a été adopté en commission mixte paritaire vendredi, vous êtes satisfait ?
Ce budget n’est pas parfait ni aussi ambitieux que nous l’aurions souhaité, mais il est indispensable pour que le pays puisse investir, protéger, accompagner tout en gardant toute sa place en Europe et dans le monde. Sans ce budget, 18 millions de Français paieraient plus d’impôts, le pouvoir d’achat des ménages s’en trouverait affecté et des mesures de soutien, par exemple en matière de retraites agricoles, ne pourraient être mises en œuvre. Après une censure qui a coûté plusieurs milliards, il est impératif de retrouver un peu de stabilité économique et politique. Ce que nous n’avons pas depuis la dissolution ! Quand on voit que l’on a passé plus de six mois à gérer les affaires courantes, ce n’est pas tenable. Il faut voter ce budget pour pouvoir engager une politique durable de réduction de la dépense publique et de non augmentation des impôts. C’est à ce prix que nous pourrons soutenir efficacement l’activité de nos entreprises, l’emploi et le pouvoir d’achat des Français. Cet esprit de responsabilité devrait être partagé par tous les responsables politiques… C’est aussi pourquoi notre groupe les Républicains a lancé une commission d’enquête sur les agences de l’État, qui doit permettre d’aboutir à des propositions concrètes pour réduire le coût de tous ces opérateurs en renforçant leur efficacité.
Le gouvernement a-t-il trop lâché aux socialistes, comme le jugent certains LR ?
Soyons clairs : ce budget reprend largement les priorités défendues par la majorité sénatoriale. Je retiens surtout que les Républicains ont obtenu des avancées significatives, comme le refus de toute hausse de fiscalité sur les ménages modestes, la préservation du budget du ministère de l’Intérieur, la diminution de 3 milliards de l’effort demandé aux collectivités, la suppression de la hausse des taxes sur l’électricité, etc.
Bruno Retailleau souhaite mieux contrôler les flux migratoires. Comment la majorité sénatoriale souhaite-t-elle agir alors qu’il n’y aura pas de projet de loi ?
On peut réformer sans grand projet de loi. Par la loi, les Républicains du Sénat vont donner à Bruno Retailleau les moyens de son action. Notre groupe vient ainsi de déposer deux propositions de loi sur l’immigration. La première vise à faciliter le maintien, pour une durée pouvant aller si besoin jusqu’à 210 jours, des étrangers détenus dans des centres de rétention administrative (CRA), lorsqu’ils sont auteurs d’infractions particulièrement graves et présentant de forts risques de récidives. Cette mesure doit éviter d’autres drames, comme celui de la jeune Philippine, survenu en septembre dernier. Notre seconde proposition de loi instaure une durée minimale de résidence en situation régulière de deux années avant l’accès à certaines prestations sociales non contributives, comme les allocations familiales, l’aide personnalisée au logement ou l’allocation personnalisée d’autonomie. Voilà des textes concrets pour pouvoir agir efficacement. Nous espérons qu’ils seront votés rapidement. Comme la proposition de loi sur le narcotrafic. Elle a été déposée au Sénat, examinée la semaine dernière et sera votée mardi. Elle permettra de lutter plus efficacement contre les trafics de drogue et la criminalité organisée qui mettent en péril notre pays.
Mais avec quelle majorité pour voter ces textes à l’Assemblée ?
Je précise que le texte du Sénat sur le narcotrafic est transpartisan… Quant à nos deux textes sur l’immigration, ils pourraient être examinés assez vite, avant la fin mars. Ils sont issus d’un travail avec la majorité sénatoriale, ce qui leur donne plus de force et de capacité à être adoptés. Naturellement, nous demanderons au gouvernement d’inscrire rapidement ces textes à l’Assemblée nationale, dans ses semaines réservées. Je ne doute pas que le Premier ministre nous réponde favorablement, fort de notre soutien commun à l’action déterminée du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce sont des textes législatifs comme ceux-ci, précis, concrets et répondant aux besoins en matière de sécurité ou de lutte contre l’immigration irrégulière qu’attendent les Français. Les députés aux deux extrêmes de l’hémicycle ne peuvent l’ignorer. Oseront-ils, après la censure, après des mois sans budget, après la paralysie de notre pays, après des drames de l’insécurité, rejeter des mesures de bon sens permettant au gouvernement d’agir à l’égal d’autres pays européens ? Ce sera à chacun de prendre ses responsabilités.
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