Lettre aux adhérents suite à la réforme des retraites
Muriel JOURDA, sénatrice, présidente des Républicains de Morbihan
Chers adhérents, chers amis,
Les soubresauts sociaux que nous vivons depuis plusieurs semaines en France sont étroitement liés aux décisions politiques nationales et Les Républicains n’en sont pas épargnés.
La réforme des retraites a créé des dissensions.
La réforme des retraites a créé des dissensions au sein des groupes parlementaires et également au sein des militants. Dans le Morbihan, quelques adhérents ont fait part de leur mécontentement – pour des raisons opposées d’ailleurs – et les jeunes LR ont annoncé la « dissolution » du mouvement, ce qui correspond en réalité à leur démission puisque le départ d’un parti politique n’entraîne pas sa dissolution.
Alors ? Fallait-il voter la réforme des retraites ?
Alors ? Fallait-il voter la réforme des retraites, comme certains nous le reprochent ou les députés LR devaient-ils voter la motion de censure, comme certains le reprochent également à ceux qui l’ont soutenue ?
La réponse nécessite d’analyser rapidement la réforme qui crée tant de polémiques, la réforme des retraites.
Notre système de retraite est un système dit par répartition.
Notre système de retraite est un système dit par répartition : les actifs payent des cotisations qui ouvrent leurs propres droits à la retraite et qui servent à payer celle de leurs contemporains retraités.
Ce système est efficace tant qu’il y a beaucoup d’actifs et peu de retraités.
Or, depuis les années 1950, nous sommes passés progressivement de 6 actifs à 1,7 actif pour un retraité et de 5 ans à 25 ans en retraite. En résumé, de moins en moins de gens « payent » et de plus en plus de gens « touchent ».
Ce système nécessite donc des ajustements dits « paramétriques » (sauf à renoncer à la répartition par une réforme « systémique »).
La réforme proposée, repousser le départ en retraite à l’âge de 64 ans influe donc sur un des paramètres.
Depuis de nombreuses années, les gouvernements de droite comme de gauche prennent ce type de dispositions. Les paramètres en question sont principalement le montant des cotisations, le montant des pensions de retraite et la durée du travail (durée de cotisation et âge de départ).
La réforme proposée, repousser le départ en retraite à l’âge de 64 ans influe donc sur un des paramètres.
Même si les projections et les chiffres avancés sont divers, la démographie est implacableet ne rien faire fragilise notre système de retraite. Depuis 4 ans, dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), la majorité sénatoriale de la droite et du centre vote le départ en retraite à l’âge de 64 ans.
Cette réforme est imparfaite pour de nombreuses raisons.
Bien sûr, cette réforme est imparfaite pour de nombreuses raisons :
- Elle omet la nécessité d’une politique familiale pour un système fondé sur la démographie ;
- Elle aurait dû être précédée par une réflexion d’ensemble sur le travail, notoirement insuffisant en France ; elle oublie la question du travail des seniors ;
- Elle feint d’ignorer que les régimes spéciaux déficitaires sont la principale cause du déséquilibre financier ;
- Elle ne préserve le système que pour quelques années,
et,
- Elle ignore la possibilité d’une vraie réforme systémique en introduisant une part de capitalisation collective qui permettrait un placement d’une partie des cotisations avec un bon rendement.
Cette liste n’est pas exhaustive, mais je veux préciser que l’ensemble de ces points a été abordé par les sénateurs LR, autant que les règles relatives au PLFSS le permettaient.
Fallait-il prendre ce risque ou s’opposer pour éviter d’être absorbés par la majorité relative présidentielle ?
Malgré ces imperfections, il me semble néanmoins que nous devions voter ce texte sur l’équilibre des retraites, dans la droite ligne de ceux que nous avons nous-mêmes fait voter.
Je n’ignore pas le risque que cela nous fait courir d’être assimilés à Emmanuel MACRON dont il faut dire qu’il est sans doute la principale cause d’impopularité de cette réforme, rendue de surcroît inaudible après l’épisode ruineux du « quoi qu’il en coûte ».
Fallait-il prendre ce risque ou s’opposer pour éviter d’être absorbés par la majorité relative présidentielle ?
Pour ma part, je crois encore que la politique consiste à prendre les décisions que nous pensons judicieuses même si nous n’en sommes pas à l’origine.
Nous ne sommes pas un simple parti d’opposition mais un parti de gouvernement actuellement dans l’opposition.
Les Républicains n’ont aucune ligne visible dans l’opinion.
Cependant, si certains ont pu penser que voter un texte proposé par le Président de la République nous plaçait dans sa majorité, c’est parce que Les Républicains n’ont aucune ligne visible dans l’opinion. Notre véritable défi est sans doute celui-là : nous démarquer d’Emmanuel MACRON, pas en s’opposant systématiquement à ses propositions mais en affirmant qui nous sommes et pourquoi sa vision politique n’est en aucun cas la nôtre.
Voilà le point, chers adhérents, chers amis, qu’il me semblait nécessaire de faire,
Avec toute mon amitié, et toute ma fidélité,
Muriel JOURDA
Sénatrice du Morbihan
Présidente de la Fédération des Républicains du Morbihan