Laurent Wauquiez : « Si on ne réagit pas, le prochain drame est écrit d’avance »
Le président d’Auvergne-Rhône-Alpes demande à pouvoir expérimenter autour des lycées de sa région l’utilisation de ces logiciels, « exclusivement pour détecter les individus suivis pour radicalisation terroriste ».
Pour l’ex-patron des Républicains, malgré le drame d’Arras, la droite doit, en l’état, « rejeter» le projet de loi Immigration du gouvernement qui reste « dans l’ambiguïté ». Et il accuse Jean-Luc Mélenchon d’être « un allié objectif de l’islamisme ».
La France a été une nouvelle fois la victime d’un attentat à Arras. Comment faire pour éviter un nouveau drame ?
Face au terrorisme, je refuse la fatalité : il y a des solutions, mais il faut du courage. La République doit avoir les moyens de se défendre. Je ne me résigne pas à ce que nos enfants s’habituent à vivre dans un monde où le terrorisme fait partie de leur quotidien.
De quelles mesures parlez-vous ?
En région Auvergne – Rhône-Alpes, dès 2016 et malgré les critiques, on a mis en place un plan pour sécuriser les lycées avec des portiques de sécurité, des systèmes de filtrage, un déploiement de caméras de vidéoprotection et des moyens humains accrus. Je ne prétends pas que c’est une solution miracle, je dis juste que des lycées sécurisés sont mieux protégés que des lycées sans protection ! Je propose au ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, que nous travaillions ensemble pour qu’il puisse voir ce que nous avons fait et s’en inspirer afin de le généraliser à tous les établissements de notre pays. Il faut agir pour protéger nos enfants et nos enseignants. Je veux aller plus loin : il y a des moyens technologiques qui aujourd’hui ne sont pas exploités et qui permettraient de mieux lutter contre le terrorisme, comme les logiciels de reconnaissance faciale. Je demande à pouvoir expérimenter autour des lycées de ma région l’utilisation de ces logiciels, exclusivement pour détecter les individus suivis pour radicalisation terroriste. quand ils sont aux abords de nos établissements scolaires. Notre droit actuel ne le permet pas, mais le rôle du politique, c’est de changer le droit.
N’y a-t-il pas un risque de remise en cause de l’État de droit ?
Je ne propose pas de renoncer aux valeurs de la République, je propose au contraire de les défendre. Montesquieu lui-même soulignait la nécessité pour une nation dans une situation d’urgence de se protéger. Les verrous et les blocages juridiques se sont multipliés, conduisant à l’impuissance politique. Quand le Conseil constitutionnel estime qu’on ne peut pas pénaliser la consultation régulière de sites djihadistes, quand la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) met des obstacles à la reconduite d’un terroriste dans son pays, il y a un problème. Il y a tellement d’obstacles qui limitent la loi qu’on n’arrive plus à lutter efficacement contre le terrorisme. Il faut inscrire dans la Constitution, comme le propose le constitutionnaliste Jean-Éric Schoettl, que la loi votée au Parlement doit pouvoir l’emporter, y compris sur les jurisprudences des Cours suprêmes. C’est cela, le vrai État de droit ! À Arras, le terroriste était suivi par nos services de renseignement. Mais l’État de notre droit ne leur a pas permis de faire plus que le contrôler. On a aujourd’hui 4 000 étrangers surveillés pour radicalisation à caractère terroriste. Et on les laisse en France ? On en est encore à se demander qui est expulsable ou pas? C’est incompréhensible pour les Français ! Depuis 2018, j’ai proposé un principe simple : quand est établi qu’un étranger est dans une radicalisation avec caractère terroriste, il doit être immédiatement expulsé, qu’il soit dans une situation irrégulière ou régulière. Des mesures sont possibles ; elles nécessitent du courage ; si on ne réagit pas, le prochain drame est écrit d’avance.
La loi sur l’immigration qui arrive au Sénat, faut-il la voter ou ne sert-elle à rien ?
Le « en même temps » en matière de lutte contre le terrorisme et l’immigration ne marche pas. Cette loi propose d’un côté des mesures pour expulser plus d’étrangers, et de
l’autre des mesures qui consistent à accueillir plus d’étrangers (la loi prévoit la régularisation de travailleurs dans les métiers en tension). Ce projet de loi reste dans l’ambiguïté alors qu’on a besoin de choix clairs. Tant qu’il reste en l’état, il faut le rejeter.
La radicalisation ne concerne pas que des étrangers. Que faire dans ce cas ?
Ces Français portés parla haine de la France sont très souvent identifiés par les services de renseignement. Là aussi, des solutions sont possibles. Un préfet a aujourd’hui la possibilité de faire interner des individus atteints de troubles mentaux mais ne peut pas faire interner un islamiste. Comment le comprendre ? Sous le contrôle d’un juge, il faut pouvoir prononcer un internement d’office vers des centres de rétention administrative des Français dont la radicalité et la dangerosité sont établies.
Après Arras, vous avez parlé de « cinquième colonne ». N’y a-t-il pas là un risque de stigmatisation de tous les musulmans ?
Je ne confonds jamais l’islamisme et les musulmans. Laisser nos compatriotes musulmans, par lâcheté, dans les mains de l’islamisme, c’est les condamner à être les otages de cet intégrisme. La cause du terrorisme en France, ce n’est pas le conflit israélo-palestinien, c’est un alibi. La cause, c’est l’islamisme qui a prospéré partout et qui combat tout ce à quoi nous sommes attachés, du droit des femmes à la liberté d’expression. C’est ce que j’ai appelé l’« archipel du djihad ». Sur ce sujet, l’extrême gauche trahit les valeurs de la République.
Vous sous-entendez que Jean-Luc Mélenchon était la « vitrine légale du terrorisme islamiste ». Vraiment ?
Quand Jean-Luc Mélenchon est incapable de dire que le Hamas est une organisation terroriste, quand il est, de fait, l’allié de réseaux proches des Frères musulmans, tout ça pour glaner des voix, il est un allié objectif de l’islamisme. Lui qui portait les valeurs de la République est désormais une figure politique perdue.
Vous avez affirmé votre soutien « total » à Israël après l’attaque du 7 octobre. Le maintenez-vous alors que la situation humanitaire se dégrade à Gaza ?
Soyons clairs : la paix est impossible tant que le Hamas est là. Il faut éradiquer cette organisation terroriste. Le Hamas a ouvert une spirale de violences, personne ne peut s’en réjouir.
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