Jean-Louis Thiériot : « Pourquoi Valérie Pécresse peut gagner »
Depuis sa désignation par le Congrès, les sondages sont bons, excellents, même, pour Valérie Pécresse. Tous la placent au second tour, en mesure de l’emporter. Sans se laisser griser par une euphorie sondagière fort imprudente, il est des raisons de fond, infiniment plus importantes, qui rendent très crédible une victoire de la candidate de la droite et du centre en avril prochain : son programme, sa méthode, son caractère.
En France, depuis de Gaulle du moins, il n’est pas de victoire à droite sans l’union plus ou moins achevée des trois familles qui la composent, bonapartiste, orléaniste et légitimiste, mises en évidence par René Rémond dans Les Droites en France, devenu un classique. Chez le Général, le bonapartisme, c’est le rétablissement de l’autorité de l’État, la stabilité de la « monarchie républicaine » instituée par la Ve République, l’ordre dans le pays ; l’orléanisme, c’est la libéralisation de l’économie avec les ordonnances Pinay-Rueff de 1959, l’ouverture raisonnée à la concurrence européenne, les grands projets industriels ; le légitimisme, c’est la défense de la famille, articulée notamment autour de la politique nataliste de Michel Debré. Le programme de Valérie Pécresse s’articule autour de ces trois piliers. Quelques exemples suffiront à le démontrer.
Rétablir la sécurité en investissant massivement dans la justice, en construisant 20 000 places de prison, en fixant la majorité pénale à 16 ans quand les délinquants sont de plus en plus jeunes et violents, reprendre le contrôle de notre politique migratoire au travers d’une loi constitutionnelle adoptée par référendum, mettre en place des quotas, conditionner l’octroi de visas aux pays d’émigration à la délivrance de laissez-passer consulaires, relève de la tradition bonapartiste. « Femme de paix, je le suis viscéralement, mais je serai chef de guerre chaque fois que la France est menacée. » Lancée à son premier grand meeting, cette phrase en dit plus long sur ses filiations historiques que toutes les analyses. Elle est d’une candidate qui mesure la tragédie de l’histoire, en assume les exigences régaliennes et porte haut la fierté et la souveraineté française.
Peut-être parce qu’avant de rejoindre la haute fonction publique, elle a fait HEC, l’école des entrepreneurs, Valérie Pécresse assume une vision libérale de l’économie, celle des orléanistes : rétablir l’ordre de nos finances publiques en économisant 45 milliards annuels à l’horizon 2027, tenir un discours de vérité en allongeant l’âge du départ à la retraite en proportion de l’allongement de la durée de vie, gérer intelligemment la fonction publique en réduisant la part de la technostructure mais en renforçant les effectifs dans les secteurs vitaux de la sécurité ou de la santé, baisser certains impôts pour améliorer la productivité et les salaires nets ou revenir sur les 35 heures, en faisant des 39 heures payées 39 la règle, sauf accords d’entreprise ou de branche, reprendre à son compte une partie des propositions d’Éric Ciotti sur la baisse des droits de succession, l’« impôt sur la mort ». Face à tous les discours décroissants de l’écologie de punition, elle assume de faire de la transition écologique « une opportunité pour nos emplois », en libérant énergie créatrice et ressources de la science qui seules permettront de conjuguer croissance et environnement. Elle fait sienne la tradition d’un libéralisme tempéré par l’exigence gaullienne – jamais autant d’actualité – de participation et d’intéressement des salariés aux bénéfices des entreprises.
Elle est également la seule à avoir placé la famille, marqueur par excellence de la droite légitimiste, au cœur de son programme. En restaurant l’universalité des allocations familiales, en élargissant son bénéfice au premier enfant, en doublant le crédit d’impôt pour les emplois à domicile, elle entend mettre fin à la casse de la politique familiale initiée par François Hollande qui a fait décrocher la natalité française, alors que c’était une réussite exemplaire de notre pays depuis les années 1960.
Quelque excellent que soit un programme, il n’est rien sans les moyens de le mettre en œuvre. Visiblement, Valérie Pécresse a réfléchi aux conditions de l’action. Elle a fait sienne la leçon tirée de tous les grands réformateurs – de Gaulle en 1958, Margaret Thatcher dans ses deux premiers mandats, Gerhard Schröder en 2003 – que les réformes de fond ne peuvent aboutir que si elles sont menées tambour battant, à l’issue du scrutin, bénéficiant de l’onction du suffrage universel. Elle a promis que l’essentiel serait bouclé en six mois.
Dénonçant l’administration « administrante », celle de l’État Cerfa, des rapports interminables et des « fiches actions », elle renoue avec la distinction chère à Edgard Pisani et à Michel Debré entre administration de mission et administration de gestion. À travers le « comité de la hache » qu’elle propose pour supprimer lourdeurs technocratiques et innombrables comités Théodule, elle a compris le mal français. Il ne s’agit pas de pratiquer des coups de rabot à l’aveugle mais de disposer d’un État modeste, agile et puissant, concentré sur l’essentiel.
Enfin, il n’est pas de grande politique sans caractère. À la région Île-de-France, Valérie Pécresse a prouvé qu’elle ne se laissait pas dicter ses choix par la bien-pensance. Elle tient ses positions : charte de la laïcité, « bouclier de sécurité » (actions de la région en matière de sécurité, par exemple la vidéosurveillance dans les transports publics), interdiction du burkini dans les bases de loisirs, volonté de supprimer le tarif réduit sur la carte Navigo pour les clandestins. Elle rejette sans faiblir le wokisme – « Je ne laisserai pas réécrire l’histoire (…). C’est une “cancel culture”, c’est la dictature d’un politiquement correct qui veut réécrire notre histoire avec la vision du XXIe siècle ». Elle assume l’identité française, de la fierté nationale aux petits riens du quotidien qui en font le sel.
Réunissant dans sa personne un programme, une méthode, un caractère, portée par un esprit d’unité de sa famille politique qui n’est pas feint, Valérie Pécresse a tout pour mettre en œuvre le programme de redressement qu’attend la grande majorité des Français, plus à droite que jamais.
L’article Jean-Louis Thiériot : « Pourquoi Valérie Pécresse peut gagner » est apparu en premier sur les Républicains.