Henri Leroy : « Éclairer les zones d’ombre intolérables de l’affaire Samuel Paty »
Henri Leroy, sénateur des Alpes-Maritimes, est à l’origine de la commission d’enquête sur les dysfonctionnements de l’État concernant l’assassinat de Samuel Paty. Il souhaite proposer des mesures pour améliorer la protection des enseignants.
Le 9 mai, vous écriviez au président du Sénat, Gérard Larcher, pour solliciter la création d’une commission d’enquête « sur les dysfonctionnements de l’État qui n’ont pas permis d’éviter » l’assassinat de Samuel Paty. Qu’attendez-vous de cette enquête sénatoriale ?
Elle va permettre d’éclairer les zones d’ombre de cette affaire, des zones d’ombre inexpliquées, inexplicables et intolérables. Elles ont contribué à laisser un homme seul face au danger. Alors que des intégristes, un fiché S, un « imam » agitateur notoire, le menaçaient sur les réseaux avec le concours d’une élève qui n’avait même pas assisté à son cours ! Il faut analyser la nonchalance, le laisser-aller des services de l’État.
L’Éducation nationale, d’abord, qui n’a pas décidé de mettre en retrait le professeur pendant que les passions se déchaînaient. Le ministère de l’Intérieur, ensuite, et par exemple la Direction générale de la sécurité intérieure, alors que dans ce climat de haine de l’automne 2020 des individus dangereux menaçaient physiquement Samuel Paty. Tout ceci a conduit à l’abandonner sans aucune protection.
Dans le cadre de notre enquête, les témoins s’exprimeront sous la foi du serment et nous entendrons notamment les ministres de l’Éducation nationale et de l’Intérieur mais aussi Mickaëlle Paty, la sœur de Samuel, qui a écrit à Gérard Larcher pour demander l’ouverture de cette enquête.
La mission d’information, aux pouvoirs d’une commission d’enquête, porte sur « le signalement et le traitement des pressions, menaces et agressions dont les enseignants sont victimes ». Pourquoi cette formulation ?
L’affaire Paty sera bien sûr au cœur de notre travail. Mais nous n’empiéterons pas sur l’enquête judiciaire en cours. Dans le cas de Samuel Paty, on est allé au bout de l’horreur. Mais de nombreux enseignants, environ 50 % selon des études, ne se sentent pas protégés, pas informés non plus sur ce qu’il convient de faire en cas de problème.
Certains sont menacés, agressés verbalement ou physiquement, pris à partie sur les réseaux sociaux. À l’issue de notre travail, nous proposerons des mesures concrètes pour mieux les défendre en matière de retrait, de protection policière, de réflexes à avoir tant pour les institutions que pour les enseignants.
L’affaire Paty pose aussi la question du respect de la laïcité à l’école. On a appris vendredi dernier que des prières musulmanes et des minutes de silence en hommage au Prophète ont été observées dans des établissements scolaires des Alpes-Maritimes. Qu’en pensez-vous ?
Cela ne m’étonne malheureusement pas mais cela m’inquiète. On a laissé se développer des dérives sans prendre de mesures, ou si peu. Le ministre de l’Éducation nationale évoquait récemment 400 à 500 atteintes à la laïcité dans les établissements scolaires, mais se contentait d’observer que le baromètre n’était pas à la hausse.
Il ne faut tolérer aucune atteinte, quelle que soit la religion concernée. Elles sont inadmissibles, intolérables, car elles s’attaquent à la liberté même de l’école républicaine. Ces jeunes sont instrumentalisés par des islamistes qui testent, avec ces prières ou avec les tenues vestimentaires, notre capacité de résistance. Or, depuis des décennies, on ne réagit pas, ou mal, à ces provocations.
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