Guilhem Carayon : « Comment l’Europe peut porter l’espérance ? »
Le redressement national ne pourra s’affranchir du réveil européen, souligne le porte-parole et vice-président des Républicains Guilhem Carayon.
Dans quatre mois, les élections européennes marqueront de manière décisive l’avenir de notre pays et de notre continent : l’occasion de bâtir, enfin, l’Europe de nos rêves et de notre raison.
Comment l’Europe peut-elle porter notre espérance collective ? Certains se demandent si elle n’est pas sortie de l’Histoire : dépendances stratégiques criantes, effondrement démographique, modèle civilisationnel attaqué et déclinant. Et pourtant, l’Europe ne peut rester en marge des enjeux stratégiques du monde. Alors, pour redresser notre pays, il faut refaire de l’Europe un instrument de puissance.
D’abord, elle doit retrouver le bon sens agricole. La crise paysanne traverse tout le continent. Elle révèle la folie de décisions totalement déconnectées des besoins de nos agriculteurs.
La stratégie « Farm to Fork », promue par la Commission européenne, et soutenue par les parlementaires européens macronistes, est malthusienne. La baisse de la production agricole de 15 % et la diminution nette de 16 % des revenus des agriculteurs privent d’espoir un monde attaché à ses racines et qui a su transformer ses métiers. Quelle folie a pu animer la Commission alors que les agriculteurs, dont l’activité est pourtant essentielle à la vie humaine, sont les moins rémunérés à l’aune de leur quantité de travail !
Alors qu’une personne sur dix dans le monde souffre de sous-alimentation, produire plus et produire mieux est un objectif humaniste. La concurrence déloyale subie par les agriculteurs français est aussi la cause de leur malheur.
Importer des produits de l’autre bout du monde qui ne respectent ni nos normes environnementales, ni nos normes sociales, est un non-sens. Dans le même temps, on leur interdit de produire ce qu’on importe. Quelle tartufferie quand le gouvernement invoque la transition écologique ou la réduction de l’empreinte carbone après avoir soutenu, sans broncher, tous les traités de libre-échange sans en mesurer l’impact social !
L’Europe doit retrouver la maîtrise de ses frontières, géographiques, morales et culturelles, qu’elle semble si peu connaître. Le contrôle des flux migratoires commande une modification des traités, comme il implique une révision constitutionnelle en France, défendue depuis des années par le président des Républicains Éric Ciotti. Les équilibres démographiques et culturels des sociétés européennes ne peuvent résister à des vagues d’immigration massive. Plus personne ne nie les conséquences d’une immigration incontrôlée sur la préservation de notre système social, nos capacités de logement, mais aussi de soin et d’éducation. Nul n’ignore non plus le lien entre l’immigration massive et la montée de la délinquance, nourrie par des chocs culturels. La situation dramatique à Mayotte est le dernier avertissement pour la métropole. Comme disait l’ancien ministre de l’Intérieur socialiste Jean-Pierre Chevènement : « l’immigration zéro n’existe pas, l’intégration de peuples entiers non plus ».
À l’instar de la France, l’Union européenne doit bâtir une stratégie industrielle forte. Laurent Wauquiez l’écrivait déjà, en des termes prémonitoires il y a plus de dix ans, tant en matière de concurrence que d’aides publiques, un seul principe doit prévaloir : la réciprocité. L’Europe ne peut interdire aux entreprises européennes ce qu’elle autorise aux pays extra-européens, sans trahir les intérêts fondamentaux de l’Union. À l’heure où la Chine et les États-Unis font preuve d’une habileté redoutable pour protéger leurs marchés intérieurs, la préférence communautaire doit être le principe cardinal de la construction européenne.
Si la génération qui a précédé la mienne a grandi, pour partie, avec Erasmus, les jeunes français sont en quête aujourd’hui de grands projets structurants susceptibles de changer leur vie.
La transition écologique est le défi de notre temps. Puisque les puissances extra-européennes tardent à engager le virage vert, l’Union européenne doit être pionnière dans ce défi de la décarbonation de son économie, sans punir ses entreprises et les citoyens.
Des moyens financiers et technologiques décuplés doivent être mis au service d’une transformation radicale de l’industrie européenne, afin de marier croissance économique et lutte contre le dérèglement climatique. Pour embarquer la jeunesse avec elle, l’Europe doit constituer le modèle mondial de protection de l’environnement.
L’Union doit devenir une terre propice à l’entrepreneuriat et favoriser l’émergence d’un géant de l’économie digitale. Les Américains ont créé Internet grâce au financement public apporté par la Darpa (Agence pour les projets de recherche avancée de défense). Comme il est urgent d’assouplir les règles relatives à l’interdiction des aides d’État afin de créer des champions industriels français et européens, il est aussi impératif de mettre en place des exonérations totales d’impôts assorties d’aides directes, pour les entreprises émergentes, dans les secteurs de souveraineté et de transition environnementale.
Le redressement national ne pourra s’affranchir du réveil européen. Sauver l’Europe nécessite simplement d’être juste et lucide sur ce qu’elle est devenue. Aux Républicains, avec François-Xavier Bellamy, nous ne céderons jamais à la fatalité de l’échec européen. Ma génération est prête à rebâtir l’espérance d’une Europe puissante, libre et indépendante, au service des Français !
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