Gérard Larcher : « Ni dans la majorité ni tenté par l’union des droites »
Le président LR du Sénat est dans les Pyrénées-Orientales ce vendredi. Inquiétudes des élus, élection du président de son parti, place des LR dans l’opposition, retraites… il a accordé une interview à L’Indépendant, avant son déplacement.
Quel est l’objet de votre visite, ce vendredi, en Occitanie, précisément dans les Pyrénées-Orientales ?
La période budgétaire m’oblige à être très présent, à Paris, mais j’ai fait le choix de venir à l’invitation de mes deux collègues, François Calvet et Jean Sol (sénateurs des Pyrénées-Orientales) pour deux objets. D’abord, la mémoire à Oreilla qui, il y a plus d’un siècle, a donné dix-neuf de ses fils au pays. Cette mémoire historique doit aussi être une mémoire pour aujourd’hui et demain. Je me mets à la place de ce maire qui est venu dix-neuf fois annoncer, à une mère, un père, un frère, un fils, que leur proche était mort pour la Patrie. Je viens, ensuite, pour rencontrer des élus, alors que, cet après-midi (hier), j’ouvre le débat sur le Projet de loi de finances.
Les finances des collectivités sont l’inquiétude permanente des élus…
Oui, le président de l’Association des maires des Pyrénées-Orientales a souhaité traiter de ce sujet et je veux l’aborder avec eux, en dehors de l’état du pays, son endettement, ses déficits… La crise énergétique et le bouclier pour les communes de toutes les tailles, surtout de taille moyenne, sont une préoccupation du Sénat, qui souhaite un système simple. Il y a aussi le problème de l’inflation qui touche la restauration scolaire, les matières premières ; le sujet de l’autonomie financière, car il ne reste aux communes que la taxe sur le foncier bâti, elles n’ont plus de leviers. Le sujet du transfert des routes nationales aux Régions ou Départements aussi. Et enfin, la désertification médicale.
La désertification sera abordée dans le PLFSS, le Projet de loi de finance de la Sécurité sociale…
Oui, car on compte, maintenant, 119 généralistes pour 100 000 habitants. Le chiffre ne cesse de chuter, depuis douze ans, il faut trouver une solution pour gérer la transition, en attendant le relèvement du numerus clausus, comme la 4e année de médecine effectuée dans ces zones. Mais, au-delà, il faut garantir à tous les Français l’accès à des soins de qualité. Un rapport sur les femmes montre des territoires sans gynécologue qui posent des problèmes de prévention des cancers ou dans les maternités, il y a là une forme d’inégalité.
Êtes-vous aussi en campagne dans les Pyrénées-Orientales où les sénateurs seront renouvelés en 2023, et où le RN gagne des élections (mairie de Perpignan, législatives) et où il peut présenter des candidats ?
Non. Mais je viens témoigner de la qualité des travaux des deux sénateurs : François Calvet, qui est un tempérament et très attaché à son territoire, c’est une forme de sage tonitruant et quand il s’exprime, on l’écoute avec attention ; et Jean Sol, qui est attaché au problème de désertification médicale. Les élus feront leur choix mais je viens dire qu’ils ont deux parlementaires engagés. Et je n’ai jamais imaginé quoi que ce soit avec le Rassemblement national.
Les succès électoraux du RN vous inquiètent-ils ?
Il faut qu’on fasse attention à retrouver les chemins de la confiance. C’est parce qu’il y a défiance qu’on a deux phénomènes : l’abstention et le choix des extrêmes. On doit répondre aux inquiétudes du quotidien des Français, à leur identité aussi, leur sécurité. Je sens un besoin de proximité.
L’élection interne aux Républicains intervient alors que votre parti peine à trouver sa place dans l’opposition. En quoi Bruno Retailleau, que vous soutenez, peut-il changer la donne ?
Je soutiens une ligne autonome : ni dans la majorité, ni en tentation d’union des droites. Si c’est dans l’intérêt du pays, on doit débattre et le voter, comme la loi chômage, ou, en janvier, la réforme des retraites. Je soutiens Bruno Retailleau (pour la présidence du parti) qui est un pilier du Sénat et a une vraie capacité à rassembler. Et je serai attentif à l’unité des LR après l’élection.
Dans le cadre du PLFSS, quel signal veut donner le Sénat en votant le départ à la retraite à 64 ans, avant même que le gouvernement ne s’en saisisse ?
Ce n’est pas un signal, c’est un rappel de signaux ! Et au-delà de l’âge, on doit aussi investir dans la formation des plus de 50 ans ; se préoccuper de l’emploi des seniors ; protéger ceux qui sont entrés dans le travail avant 20 ans et ont une carrière longue. On a cette position depuis 2018, le gouvernement y vient.
Le débat sur la corrida a agité l’Assemblée, pensez-vous qu’il faille l’interdire ?
La corrida est interdite, en France, sauf quand c’est une tradition locale ininterrompue. Au Sénat, on est très attentif à la diversité des territoires et aux traditions locales. J’ai du respect pour les traditions ; celle-ci, la chasse, ou d’autres. Ce n’est pas l’uniformité qui reconstruira une République.
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