Geoffroy Didier : « Nicole Belloubet est la nouvelle Pap Ndiaye ! »
À quatre mois des européennes, l’eurodéputé LR éreinte le « cynisme » de Jordan Bardella et Marion Maréchal. Et accuse Gabriel Attal de décevoir déjà.
Député européen sortant Les Républicains, Geoffroy Didier le répète aux siens : loin de partir perdant pour les européennes du 9 juin, il convient de hausser le ton contre le Rassemblement national et sa tête de liste, Jordan Bardella, nettement en tête dans les sondages, en débusquant ses faux-semblants. Un président du RN qu’il accuse d’exploiter les soucis des Français et de n’avoir strictement rien obtenu pour le pays depuis son élection au Parlement européen en 2019. « Derrière les cravates bien nouées, monsieur Bardella et ses amis sont des cyniques qui utilisent les problèmes des Français pour mettre en œuvre leur projet de destruction de l’Europe », cingle-t-il, donnant le ton d’une campagne qu’il souhaite pied à pied contre le RN et la liste zemmouriste portée par Marion Maréchal.
Secrétaire général délégué des Républicains, ce proche d’Éric Ciotti invite aussi les électeurs à ne pas céder aux sirènes de Renaissance, accusant les macronistes de faire à Bruxelles l’inverse de ce qu’ils prêchent à Paris et de se comporter en « gauchistes ». Si la droite bataille, veut-il croire, elle peut conjurer la menace de faire un score inférieur aux 8,5 % récoltés il y a cinq ans par François-Xavier Bellamy. Quelques heures après le remaniement du gouvernement, Geoffroy Didier s’en prend par ailleurs à la nouvelle ministre de l’Éducation, trop à gauche au goût des Républicains. Un mois après la nomination de Gabriel Attal, tance-t-il, l’heure a déjà sonné de « la fin des illusions ».
Quinze députés LR ont voté contre l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution – contre douze députés RN –, Gérard Larcher fait savoir qu’il y est hostile aussi. Vous êtes devenus la droite réac ?
La possibilité pour une femme de recourir à l’interruption volontaire de grossesse est un acquis sociétal trop important pour le détourner de son objet. À quelques mois seulement des élections européennes, chacun a bien compris qu’Emmanuel Macron voulait instrumentaliser la loi Veil. En prétendant vouloir l’inscrire dans la Constitution, il tente artificiellement de réactiver un clivage qui n’a pas lieu d’exister. Gérard Larcher n’a fait que lui signifier qu’on ne joue pas avec les institutions. Le président aura du mal à nous faire passer pour des réactionnaires : la droite s’est toujours inspirée des combats de Simone Veil. Et elle continuera à le faire.
Votre parti, s’il fait moins de 5 % aux européennes, n’est-il pas condamné à mort ?
Dans ce scrutin européen, la droite incarne la solidité, l’expérience et la crédibilité. Pendant cinq ans, alors que nous n’étions que quelques députés européens LR, avec François-Xavier Bellamy, nous avons beaucoup agi, mené des combats, obtenu des résultats. Nous avons, par exemple, réussi à interdire à la Commission européenne de publier ses promotions hasardeuses avec des femmes voilées, indécentes lorsqu’on sait que des femmes meurent en Iran pour avoir voulu enlever leur voile. Les députés macronistes, eux, ont voté pour cette campagne publicitaire !
Nous avons mis en œuvre notre engagement de campagne de créer une taxe carbone aux frontières, visant les entreprises étrangères qui importent chez nous sans respecter nos règles. Nous avons mis en place la première régulation au monde des réseaux sociaux pour commencer à nous protéger des dérives des écrans. Et nous avons empêché le funeste projet des Verts et des macronistes de geler 10 % des terres agricoles, qui aurait mis en danger de mort notre souveraineté alimentaire. Attention, danger : à Bruxelles, beaucoup de macronistes sont des gauchistes ! Quand elle mène des combats, la droite fait avancer la France.
Les Républicains sont-ils en voie d’être « grand remplacés » par le Rassemblement national ?
Monsieur Bardella dit aux Français : « Placez-moi en tête le 9 juin, je veux gagner cette élection. » Mais en 2019, n’était-il pas déjà en tête ? N’avait-il pas déjà gagné l’élection ? Au Parlement européen, quelle victoire a-t-il obtenue en cinq ans pour les Français ? Aucune ! Pire que cela, lui et ses amis sont venus se faire élire en Europe pour mieux la détruire : le 12 novembre 2020, ils ont voté contre l’augmentation du budget de la police aux frontières. Le 23 novembre 2021, ils ont voté contre une meilleure identification des bénéficiaires des financements européens. Le 16 décembre 2021 (date à laquelle le Parlement européen a adopté une résolution qui « soutient l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, NDLR), ils ont voté contre l’indépendance de l’Ukraine. Le 22 juin 2022, ils ont refusé de soutenir la taxe contre les importateurs qui ne respectent pas nos normes environnementales, pourtant imposées à nos agriculteurs.
Par tous ces votes, ils ont desservi la France, trahi nos agriculteurs, foulé aux pieds nos valeurs. La seule chose qu’ils acceptent de l’Europe, c’est leur paye chaque mois à Bruxelles ! Derrière les cravates bien nouées, monsieur Bardella et ses amis sont des cyniques qui utilisent les problèmes des Français pour mettre en œuvre leur projet de destruction de l’Europe.
Jordan Bardella compte demander la dissolution de l’Assemblée s’il arrive en tête le 9 juin, ça vous choque ?
Qu’il honore déjà son mandat à Bruxelles avant de vouloir dissoudre ceux de ses collègues à Paris !
La liste de Marion Maréchal est à touche-touche avec celle de François-Xavier Bellamy dans les sondages…
Les Le Pen et compagnie – Marine Le Pen, Marion Maréchal et tous leurs amis – sont les héritiers de familles politiques qui ont toujours été fondamentalement contre l’Europe et contre l’euro, même s’ils le cachent aujourd’hui. C’est une différence fondamentale avec les Républicains. À les écouter, non seulement Bruxelles est pourrie, mais la France est foutue. Ils veulent mettre l’Europe par terre, nous, la remettre à l’endroit. Ils sont déclinistes, nous sommes volontaristes.
Vous connaissez bien Guillaume Peltier, ex-LR et désormais colistier de Marion Maréchal. Avez-vous été surpris par sa sortie sur Emmanuel Macron, Gabriel Attal et Jordan Bardella qui seraient disqualifiés politiquement, car ils n’ont pas d’enfant ?
Guillaume et moi avons mené de beaux combats communs, mais il a, depuis, pris un autre chemin Ses propos sont d’une tristesse infinie. À l’écouter, une femme ou un homme sans enfant n’aurait pas le droit d’être candidat. Un couple qui n’arrive pas à avoir d’enfants, non plus. Les millions de Français qui vivent seuls seraient eux aussi réduits au silence. Exit les hommes et les femmes qui, par les choses de la vie ou les contraintes médicales, n’ont pas pu créer une famille ! Demain, leur enlèvera-t-il le droit de vote ? De tels propos divisent. Surtout, ils blesseront au sein de chaque famille française.
Comment jugez-vous les premiers pas de Gabriel Attal à Matignon ?
L’énergie de la jeunesse n’a jamais produit un point de croissance et le talent oratoire jamais réduit un taux de délinquance. Gabriel Attal ne sera pas jugé à ses effets de manche sur une botte de foin, mais à ses résultats concrets. Un mois seulement après sa nomination, c’est déjà la fin des illusions ! Sa nouvelle ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, est la nouvelle Pap Ndiaye. En choisissant une ministre socialiste qui s’était moquée de l’uniforme à l’école, avait voulu vider les prisons comme garde des Sceaux et avait abandonné la jeune Mila, harcelée et menacée pour ses propos contre l’islamisme, Gabriel Attal a, d’ores et déjà, perdu toute crédibilité aux yeux de ceux qui défendent l’ordre, l’autorité et la laïcité.
François Bayrou qui menace de rompre avec la macronie parce qu’il n’entre pas au gouvernement, c’était inéluctable ?
Comment ose-t-il se détourner des dérives qu’il a lui-même cosignées ? Mille milliards d’euros de dette publique en plus en sept ans, mille agressions par jour, un secteur économique fondamental, le logement, qui est totalement à l’arrêt et 90 % des immigrés clandestins qui restent en France ! François Bayrou est responsable et coupable de ce triste bilan, qu’il a coproduit avec Emmanuel Macron.
Laurent Wauquiez n’est-il pas allé trop loin en accusant le Conseil constitutionnel d’avoir commis un « coup d’État de droit » sur la loi immigration ?
Avec plus de 320 000 titres de séjour accordés en 2023 et près de 150 000 demandes d’asile, Emmanuel Macron et son gouvernement explosent tous les records migratoires. Ils mettent la cohésion de la France en danger. Grâce à Éric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau, les LR ont tordu le bras du gouvernement pour arracher un accord visant à stopper cette hémorragie. Laurent Wauquiez a traduit une exaspération de très nombreux Français devant une décision qui leur est apparue incompréhensible. Au-delà de tout ce qu’on peut penser de cette décision du Conseil constitutionnel, il y a un fautif : Emmanuel Macron ! Comment un président de la République en est-il arrivé à faire voter une loi que lui-même souhaitait voir censurée par la Cour suprême ? Cette censure s’est faite essentiellement sur des motifs de procédure. L’accord obtenu par les Républicains est donc toujours valable sur le fond.
Si le gouvernement avait un peu d’honneur, il déposerait immédiatement un nouveau projet de loi reprenant l’accord conclu avec les LR et rédigé de manière à passer le barrage du Conseil constitutionnel. Le gouvernement n’a même pas la décence de tenir les engagements qu’il a pris il y a quelques semaines dans le bureau de Matignon devant les Français. À son échec migratoire, il ajoute le déshonneur politique. Depuis plusieurs mois, nous avons déposé un projet de loi visant à réviser la Constitution pour pouvoir voter chaque année au Parlement des plafonds migratoires. Le gouvernement n’a eu de cesse de le rejeter !
Vous êtes engagé en politique, mais aussi avocat, comme l’était Robert Badinter. Que représentait-il pour vous ?
C’est en entretenant une admiration immense pour Robert Badinter et son combat contre la guillotine que j’ai voulu devenir étudiant en droit, puis avocat. Sa soif de justice et son exigence d’humanité furent mes plus belles sources d’inspiration. Il incarnait la noblesse de l’âme française. À ce grand homme, la patrie sera reconnaissante : sa place est désormais au Panthéon !
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