Geoffroy Didier : « Bruxelles menace la liberté d’opinion ! »
Le député européen et secrétaire général de LR, Geoffroy Didier, alerte sur l’interventionnisme européen dans le débat public français.
Vous êtes rapporteur du Media Freedom Act, un règlement européen qui menace la liberté de la presse. De quoi s’agit-il ?
La Commission européenne a décidé de légiférer pour garantir l’indépendance des médias en Europe. L’intention est bonne, mais l’Europe en fait souvent trop. Elle veut même réguler le fonctionnement interne des salles de rédaction, remettant en cause la liberté des médias, notre modèle culturel et notre tradition nationale. Si le texte devait être adopté tel quel, un propriétaire d’une chaîne de télévision ou d’un journal ne pourra plus prendre part à sa ligne éditoriale ni la faire évoluer. Et si ce texte était déjà en vigueur, CNews n’aurait pas pu devenir CNews et le nouveau JDD n’existerait pas ! En s’ingérant dans la vie des médias, l’Europe sort de son lit et porte atteinte au principe de subsidiarité, qui exige de respecter les souverainetés nationales.
En quoi cette régulation peut-elle se révéler problématique ?
En France, la loi du 29 juillet 1881 consacre la liberté de la presse. « L’imprimerie et la librairie sont libres » et n’ont que pour seule limite le respect de la loi. C’est notre tradition républicaine ! Au nom d’une volonté folle de tout harmoniser, la vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourová souhaite imposer un autre modèle à la presse qui serait régulée par une autorité administrative de tutelle, comme le sont déjà la télévision et la radio. Ce serait la fin de la presse d’opinion. Si un lecteur de gauche veut lire Libé pour y retrouver ses idées, il doit pouvoir le faire ! Idem pour la droite. Si nous laissons l’Europe légiférer, une autorité administrative pourra imposer au JDD un temps de parole strictement égal dans ses colonnes pour Jean-Luc Mélenchon ou pour Sandrine Rousseau que pour Éric Ciotti ou Jordan Bardella ! C’est tout notre modèle culturel de liberté éditoriale qui est en danger. Et ce sont les Français qui en seront les premiers perdants !
De quels leviers disposons-nous pour faire pièce à ce projet ?
Ce texte contient des avancées. Avec l’aide de Thierry Breton, nous avons pu interdire la suppression arbitraire de contenus d’information par certains réseaux sociaux. YouTube
avait supprimé des vidéos de sites de médias sous prétexte qu’ils étaient trop pro-Trump ou trop antivax ! Devenus notre principal outil d’information, les Gafam (acronyme des géants du Web) se permettaient de limiter nos débats politiques au nom de leurs conditions générales d’utilisation. Sur le reste, le projet de texte est très insatisfaisant. Jusqu’au vote en mars prochain au Parlement européen, nous devons nous battre pour infléchir les positions inacceptables de la Commission européenne sur la presse. Le Gouvernement français pratique, une fois encore, le « en même temps». À Paris, il fait semblant de promettre de défendre la liberté de la presse. À Bruxelles, il lâche tout par faiblesse et duplicité. Il est urgent de sauver la liberté d’opinion ! Face aux dérives de Bruxelles, il est temps de remettre l’Europe à l’endroit.
>> Lire l’interview sur LeJDD.fr
L’article Geoffroy Didier : « Bruxelles menace la liberté d’opinion ! » est apparu en premier sur les Républicains.