François-Xavier Bellamy : « Le délire migratoire et l’effondrement de l’école sont au cœur de la crise »
Les récentes émeutes sont « des actes de guerre » basés sur « une culture alternative » loin de la grandeur de l’héritage français, affirme le député européen et vice-président exécutif des Républicains.
Quel est le sujet principal de cette crise selon vous ?
Il y en a deux et c’est impossible de comprendre le phénomène sans penser les deux à la fois : le délire migratoire et l’effondrement de l’école. Comment faire adhérer à la transmission d’une culture commune des jeunes, quand de nouveaux arrivants ne cessent d’affluer dans les communes et dans les classes ? L’an dernier, 500 000 personnes sont arrivées en France. On a fini par s’habituer à ces statistiques, mais ces chiffres sont l’indice d’une réalité stupéfiante et intenable. Stupéfiante parce que le nombre d’arrivants est depuis des années tellement important qu’il a fini par transformer la société dans son ensemble, et intenable parce que les élus eux-mêmes sont désemparés. Leurs communes sont désormais des foyers d’accueil de mineurs non accompagnés.
Sera-t-il plus difficile de lutter face à une contre-culture, nihiliste et absurde, que contre des idéologies plus claires, comme le marxisme ou l’islamisme ?
L’adversaire auquel on fait face, et c’est ça le plus humiliant pour nous, est d’une médiocrité absolue. Les méfaits commis par ces brutes montrent à quel point ils sont méprisables. Ils agissent la nuit, brûlent des lieux sans défense. Il n’y a pas une action d’éclat. Ils pillent des Apple Store, des magasins Nike, dans une forme de rapine pitoyable, le tout pour terminer à revendre sur Le Bon Coin ce qui a été volé, en prétextant un deuil. Et pourtant, je ne pense pas que ce soit du nihilisme. Je pense qu’il y a un vrai projet.
Lequel ?
Ces actes sont une manière de s’emparer des territoires, de démontrer qu’on a le contrôle. Ce sont des actes de guerre, en réalité. Basés sur une culture alternative loin de la grandeur de l’héritage auquel nous sommes attachés, mais très identifiable. Elle repose sur la suprématie de la violence sur la loi et sur le droit. Sur la domination masculine. Je trouve quand même curieux que les féministes ne le voient pas. On assiste à un exemple caractéristique de masculinité toxique. Il n’y avait que des hommes dans les rues…
Il y a une affirmation alternative qui s’exprime. Les maires de communes attaquées décrivent très bien la complémentarité entre des gamins déchaînés, complètement stupides, et des gens manifestement équipés, armés parfois, très professionnels dans leur mode d’action. Derrière ce qui s’est passé, il y avait certainement une action plus coordonnée qu’on ne veut bien le croire.
L’impact des événements peut-il permettre de briser une partie des interdits moraux qui pèsent sur le débat public ?
Je ne suis pas sûr, malheureusement. Je pense que ces interdits sont immoraux, dans la mesure où, en réalité, ils produisent de tels désastres. Mais le gouvernement persiste dans le déni de réalité. Quand le ministre de l’Intérieur tente de relativiser le lien entre immigration et émeutes, nous avons l’impression de voir ressurgir le supporter britannique dont il avait fait le responsable du saccage du Stade de France. C’est d’autant plus incroyable que l’on sait tout, l’on voit tout. Quand l’Algérie ou la Turquie font des communiqués ironiques pour demander à la France de protéger leurs ressortissants contre les policiers français, comment croire que ce qui vient de se passer n’a pas de lien avec la question migratoire ?
Comment faire pour que cela ne se reproduise pas ?
Première chose : rendre sa mission à l’école. En faire de nouveau le lieu où l’on transmet les savoirs fondamentaux. Ce qui m’a marqué dans les vidéos des émeutes, c’est d’entendre l’incroyable pauvreté du langage et la brutalité qui accompagnent le caractère inarticulé des propos et des expressions. L’école est là pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Pendant qu’elle traverse un échec inouï dans cette mission fondamentale, Élisabeth Borne propose l’éco-certification des élèves et Pap Ndiaye parle d’éducation sexuelle. Je milite pour que 50 % du temps scolaire à l’école soit consacré à l’apprentissage du français dans tout le primaire.
L’école suffira-t-elle à rééduquer des enfants de 13 ans prêts à tirer au mortier d’artifice sur des policiers ?
L’école est dans un tel état de déliquescence que ce qui a été perdu va être très difficile à récupérer. Il faudra rétablir une chaîne de sanctions pour mettre fin au sentiment d’impunité. Quand un élève est exclu d’une école, aujourd’hui, il va juste dans une autre école. Il faut maintenant créer des internats éducatifs fermés afin de remettre sur les rails ceux qui en ont besoin. Sinon, évidemment, on finit toujours par donner raison aux perturbateurs.
Un Français sur deux considère que l’État doit arrêter de subventionner les banlieues. Faut-il continuer ?
Nous devons reconstruire. Les écoles brûlées ne peuvent rester à l’état de cendres. Le vrai sujet, c’est de ne pas financer une reconstruction pour que tout recommence comme avant. Moi qui suis contribuable, je ne veux pas payer pour avoir à recommencer dans dix ans.
Soixante-quinze pour cent des votants du Figaro souhaitent libérer le policier emprisonné à la suite du décès de Nahel, la cagnotte en soutien à sa famille a atteint 1,6 million d’euros. Une pétition de l’Institut pour la justice dépasse les 50 000 signataires. Que cela signifie-t-il ?
Contrairement à l’extrême gauche qui défile en criant « Tout le monde déteste la police », les Français montrent qu’ils l’aiment. La France insoumise ne réclame plus de fermeté de la justice que quand c’est un policier qui a tiré, et même s’il dort le soir même en prison.
Comment lutter contre la sécession des Français issus de l’immigration ?
Il faut distinguer les cas. Les binationaux, par exemple, ont montré dans cet épisode la nationalité qu’ils choisissent. Il faut en tirer des conséquences. Un Franco-Algérien qui défile en brûlant un drapeau français, cela doit vouloir dire quelque chose, non ? Il faut donc prononcer les déchéances de nationalité des binationaux qui auront été impliqués dans ces émeutes. En nous donnant le cadre législatif nécessaire.
Mais que faire pour les Français issus de la quatrième ou cinquième génération d’immigration ?
Reconstruire la chaîne pénale. Nous avions formulé des propositions sur le sujet avec David Lisnard et Hervé Morin, il y a déjà deux ans maintenant. Nous avons un État prompt à rendre la vie impossible aux gens qui vivent normalement, mais en réalité impuissant devant ceux qui détruisent tout. C’est cette équation qu’il faut renverser complètement. Il faut rendre la vie impossible à ceux qui sèment le désordre dans le pays. Notamment en se lançant dans un programme ambitieux de construction places de prison. Emmanuel Macron avait promis 15 000, il en a fait 2 000.
Quelles seront les conséquences politiques de ces émeutes ?
J’espère que, pour beaucoup de Français, la situation est plus claire maintenant. Je suis fasciné d’entendre les procès qui nous ont été faits depuis plusieurs jours par des éditorialistes qui affirment que Les Républicains seraient devenus d’extrême droite motif que nous avons notamment fait une proposition de loi constitutionnelle pour pouvoir réarmer l’État sur le sujet migratoire. Il y a des centaines d’écoles qui brûlent, des milliers de commerces détruits, plus d’un milliard d’euros de dégâts, des émeutes d’une violence absolument inouïe, et ce qui inquiète les éditorialistes de France Inter et du Monde, ce sont les propositions fermes des Républicains ?
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