Eric Ciotti : « La baisse des dépenses est virtuelle »
Éric Ciotti, le président des Républicains, étrille le budget 2024 présenté par le gouvernement et suggère de trouver des économies en allant « plus loin dans la baisse de l’indemnisation du chômage ».
Réduire encore plus l’indemnisation chômage, baisser la fiscalité sur le carburant… Éric Ciotti, président des Républicains et député des Alpes-Maritimes, présente les contre-propositions budgétaires de la droite et reste inflexible sur la loi Immigration.
Le gouvernement a présenté son budget pour 2024 et annonce 16 milliards d’euros d’économie. C’est ce que demandait LR. Vous êtes satisfait ?
Absolument pas. Il s’agit d’un budget de camouflage qui dissimule l’absence de tout effort structurel pour s’attaquer aux maux qui rongent notre économie depuis trop longtemps. La baisse des dépenses n’est que virtuelle : sur les 16 milliards d’euros, seuls 2 milliards représentent un tout petit effort structurel. Le reste consiste en une simple remise en cause des dispositifs conjoncturels liés à la crise sanitaire ou à l’augmentation des coûts de l’énergie. La situation continue à se dégrader. La France devient le mauvais élève de l’Europe en matière de finances publiques.
Mais qu’auriez-vous fait pour baisser les dépenses ?
Les Républicains présenteront dans quelques jours un contre-budget, qui englobera celui de la Sécurité sociale, et qui renseignera précisément les efforts à mener. Une des pistes d’économie concerne le chômage. Nous devons aller plus loin dans la baisse de l’indemnisation du chômage. Aujourd’hui, plus de 5 millions de Français sont inscrits à Pôle emploi alors que des dizaines de milliers d’entreprises peinent à recruter dans ce qu’on appelle les secteurs en tension. 11 faut donc, et c’est une volonté de LR, revaloriser le travail par rapport à l’inactivité. Nous souhaitons diminuer la durée comme le montant de l’indemnité chômage pour la rendre moins attractive. Cela représenterait un gain de plusieurs milliards d’euros.
Pour faire baisser les dépenses publiques, il faut aussi réformer l’État. Il faut s’attaquer aux agences inutiles, aux normes délirantes, aux structures territoriales redondantes et à l’excès de paperasse. Le budget du gouvernement prévoit en outre la création de 8 300 emplois de fonctionnaires après les 12 000 de l’année dernière, c’est totalement irresponsable.
Vous baisseriez le nombre de fonctionnaires alors que les besoins sont criants à l’hôpital, à l’école ?
L’éducation et la santé sont deux pôles prioritaires. Il est hors de question d’y toucher. Mais nous avons besoin d’une fonction publique plus efficace. Pour moi, l’objectif est clair : c’est la baisse des impôts et des cotisations. Les Français ne supportent plus ce matraquage fiscal qui est la cause directe de leurs difficultés en matière de pouvoir d’achat et la cause d’une trop grande faiblesse des salaires. Il est délirant que, lorsqu’un Français paye son carburant 2 € à la pompe, 1,05 € aille dans les poches de l’État sous forme de TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) ou de TVA. Il faut de façon pérenne baisser les taxes sur les carburants et sur l’énergie. Je propose une baisse des taxes, autour de 15 centimes à la pompe, ce qui représente un coût de 5 milliards d’euros.
Donc vos économies de plusieurs milliards sont aussitôt rattrapées par vos dépenses…
Dans notre contre-budget, la baisse des dépenses publiques nous permettra de baisser les prélèvements obligatoires et de produire un important effort de désendettement. La baisse des impôts et des charges ne doit plus être un tabou mais, au contraire, l’objectif central de notre politique économique.
En ciblant les chômeurs, ne vous attaquez-vous pas aux plus faibles de la société ?
Avoir une véritable politique de solidarité sociale, c’est offrir du travail à tout le monde et des revenus du travail plus élevés. II faut rompre avec cette fausse idée que plus on donne des allocations, plus on exprime une solidarité. Cette semaine, le RN et les Insoumis se sont coalisés contre notre amendement qui rend obligatoire de travailler quinze heures par semaine en contrepartie du RSA. M. Mélenchon et Mme Le Pen ont le même programme économique.
Avez-vous passé un deal avec Renaissance sur cette question ? Finalement, vous travaillez avec la majorité…
Nous avons déposé un amendement, il a été soutenu, je m’en réjouis. Il n’y a aucun deal.
LR exclut-il de déposer une motion de censure sur les textes budgétaires ?
Rien n’est exclu par principe mais censurer un texte budgétaire, ça veut dire qu’il y a une majorité alternative pour construire un autre budget. Personnellement, je ne me vois pas discuter avec les amis de M. Mélenchon pour préparer un autre budget.
Où en êtes-vous des consultations sur le projet de loi Immigration ? Un accord reste possible ?
Sur le plan personnel, on en est à un degré zéro de la consultation. Nous n’accepterons jamais sous quelque forme que ce soit l’extension des principes de régularisation des clandestins. Si le gouvernement va dans ce sens, le texte ne passera pas. Le seul moyen de s’attaquer à ce qui est une « menace existentielle pour le mode de vie occidental », comme le dit la ministre britannique de l’intérieur, Suella Braverman, c’est de faire voter notre réforme constitutionnelle.
Menacez-vous toujours d’une motion de censure sur ce texte ?
Nous utiliserons tous les outils pour nous opposer à cette régularisation suicidaire.
C’est la rentrée des jeunes LR ce dimanche. Laurent Wauquiez doit prendre la parole. Doit-il faire un pas de plus vers la présidentielle ?
Pour échanger presque au quotidien avec lui, je ne doute pas de sa détermination. Mais plus il le dira devant nos militants, plus cela donnera de l’espérance pour l’avenir.
Nicolas Sarkozy a redit récemment que c’est vous qui devriez prendre la tête de la liste LR pour les européennes. L’excluez-vous ?
J’ai engagé des consultations avec les principaux acteurs de notre famille politique. Je prendrai une décision après, pour que nous ayons une tête de liste, une liste et un projet les plus pertinents possible. Aucune décision n’est arrêtée à ce stade. Je souhaite que nous nous concentrions d’abord sur les idées.
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