Éric Ciotti : « je veux faire de notre parti un grand laboratoire d’idées nouvelles »
Candidat déclaré à la présidence du parti Les Républicains, le député des Alpes-Maritimes esquisse son programme et décrypte son choix de soutenir Laurent Wauquiez à la présidentielle.
Eric Ciotti est-il anxieux ? Si tel est le cas, son regard ne trahit rien de ses inquiétudes. Le député des Alpes-Maritimes, candidat à la présidence des Républicains, se prépare sereinement au scrutin du 3 décembre.
De fait, tous les voyants semblent au vert. Ses concurrents, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau, font figure de challengers. Et même si un vent contraire souffle du Sénat, où Gérard Larcher a fermement pris position contre lui, l’Azuréen ne cesse d’engranger de nouveaux soutiens –dont, hier encore, celui du député antibois Éric Pauget.
Avant la « grande soirée républicaine » qui marquera sa rentrée politique, aujourd’hui à partir de 18 heures au Grand pré de Levens, le patron de la puissante fédération LR 06 dit ses vérités. Et précise ses ambitions.
Pourquoi vous présentez-vous à cette élection interne ?
Depuis mon élection au Palais Bourbon en 2007, nous n’avons plus gagné une seule élection nationale. Notre parti est arrivé au niveau d’une petite, toute petite formation politique ! Pris en étau entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, nous risquons de disparaître. Pourquoi ? Parce que nous n’avons plus de leader identifié. Pour incarner nos espoirs, porter nos idées à la présidentielle, il faut une voix et un visage. LR est aujourd’hui un parti sans visage. Mon ambition est de reconstruire une formation de première catégorie, fidèle à son histoire, et de lui redonner sa place sur l’échiquier. Avec un chef désigné et un projet identifié.
Laurent Wauquiez, le candidat « naturel » que vous défendez, ne fait pas l’unanimité. Vous l’imposerez sans vote ?
Je ne crois pas aux primaires qui, par deux fois, nous ont conduits à l’échec. Il faut changer de méthode. Si je suis élu, je proposerai aux militants la candidature de Laurent Wauquiez. Ils seront libres, bien sûr, de la refuser.
Mais pour quelle alternative ? Lorsqu’il n’y a qu’un seul nom sur les bulletins, il est difficile de faire un autre choix…
[Il sourit] Pour moi, Laurent Wauquiez est celui qui a eu la plus brillante réussite sur son territoire. Ce n’est pas faire insulte à d’autres présidents de Région que de rappeler qu’ils ont tenté leur chance et que, malheureusement, cela n’a pas abouti. Nous avons un devoir de rassemblement derrière celui qui dispose du maximum d’atouts pour gagner la présidentielle.
Vous soutenez Wauquiez sans réserve ; sauf erreur, il ne vous a pas encore rendu la pareille. C’est pour bientôt ?
[Il sourit] C’est à lui de répondre. Je n’ai pas de doute sur son engagement.
Pour la première fois dans un scrutin national, vous partez en position de favori. Est-ce une situation confortable ?
Je ne sais pas si je suis favori. Mais je ressens, sur le terrain, la confiance des militants qui n’a fait que croître depuis le congrès. Je sais, cependant, que ce match sera très disputé, avec des concurrents de qualité.
Pourquoi voter pour vous plutôt que pour vos concurrents ?
Je crois que j’aurais plus d’indépendance pour faire en sorte que nous affirmions la ligne claire d’une droite populaire, fière d’elle-même, libérée du politiquement correct. Je vois également une difficulté, pour mon ami Bruno Retailleau, dans le fait qu’il souhaite conserver la présidence du groupe LR au Sénat. La chambre haute est celle des compromis ; je ne voudrais pas que cela soit un obstacle à notre indépendance.
Élu à la tête des Républicains, vous ne conserverez donc pas votre poste de questeur à l’Assemblée nationale ?
Ce sont des rôles différents. La questure est une fonction législative. Être président d’un groupe, c’est une fonction politique qui implique des négociations.
Bruno Retailleau se dit certain de pouvoir être élu « sans faire voter les chiens et les chats ». Cette allusion vous blesse ?
[Il sourit] Dans une compétition, il y a toujours des dérapages. Il faut essayer de rester serein et calme. Quoi qu’il arrive, le vainqueur de cette élection devra travailler avec les deux autres. Les militants doivent savoir ce qui distingue les candidats, mais il ne faut pas surjouer ces différences !
Si vous êtes élu, les plus « modérés » de votre parti risquent de basculer vers Macron. C’est un risque que vous assumez ?
Ce que je constate, c’est que 90 % des électeurs qui ont voté Nicolas Sarkozy en 2007 ont fui. Ma seule préoccupation, c’est de les faire revenir. Je veillerai à ce que nous ayons une alliance claire avec les centristes. Mais Les Républicains ne peuvent pas être dissous dans une formation centriste ! Sinon, l’aile droite sera occupée par d’autres…
Vous prenez souvent en exemple les Alpes-Maritimes. Est-ce que la situation dans ce département est transposable à l’ensemble du territoire ?
Si la France était à l’image de la Côte d’Azur, Les Républicains auraient la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Dans le Var, sous la pression du maire de Toulon, plusieurs élus ont basculé vers le macronisme. C’est ce qui a ouvert un boulevard au Rassemblement national !
Vous faites le même reproche à Renaud Muselier et Christian Estrosi qu’à Hubert Falco ?
Bien sûr ! Leur ralliement à la majorité présidentielle n’a eu qu’un seul effet : faire élire des députés frontistes. Les plus grands ennemis du RN dans les discours en ont été les meilleurs promoteurs dans les urnes.
Vous répétez que le macronisme est un naufrage. Au demeurant, les députés LR ne sont pas dans une opposition frontale…
Au Palais-Bourbon, nous gardons à l’esprit l’intérêt général et la nécessité de s’opposer aux délires dangereux des amis de Jean-Luc Mélenchon. Nous avons pris nos responsabilités pour la loi sur le pouvoir d’achat, qui a été amendée afin d’améliorer la situation des Français. Il en ira tout autrement pour le budget, qui reflète une politique globale et que je ne voterai pas.
Croyez-vous que la situation actuelle, avec une majorité relative au Palais-Bourbon, puisse perdurer jusqu’en 2027 ?
L’Assemblée nationale est dans une situation inédite. Emmanuel Macron est le premier président de la Ve République à faire revivre la IVe ! C’est une forme de prouesse à l’envers. Quant à savoir si ça peut durer… Je l’ignore. Et pour être franc, ce n’est pas ma préoccupation. Ce qui m’importe, c’est qu’on prenne les bonnes décisions pour redresser le pays. Même en faisant un effort d’objectivité, je ne vois aucun domaine où notre pays a progressé. Le macronisme, pour moi, c’est l’absence de choix et de vision à long terme. Emmanuel Macron s’est contenté de procrastiner. Tout cela nourrit un immense rejet de la politique. Il faut dire la vérité aux Français et prendre de vraies décisions !
Si vous êtes élu à la tête des Républicains, qu’allez-vous changer ?
Le cœur de mon projet sera tourné vers une baisse des prélèvements obligatoires, des impôts et des charges. Ça fait 40 ans qu’on en parle et qu’on ne le fait pas. Je proposerai une baisse d’au moins 125 milliards d’euros, incluant une diminution des charges salariales qui permettra d’augmenter fortement les salaires nets. Je souhaite que l’écart de rémunération entre ceux qui travaillent et ceux qui ne vivent que de l’assistanat soit considérablement accru. Par ailleurs, je veux faire de notre parti un grand laboratoire d’idées nouvelles. Par exemple, sur la transition énergétique. Ce thème a été dérobé par l’extrême gauche qui en fait un prétexte pour installer une société communiste tyrannique. Quand on voit les délires de Sandrine Rousseau… C’est terrifiant !
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