Éric Ciotti : « Il n’y a ni accord ni compromission »
Tel un judoka, le patron des Républicains s’appuie sur la faiblesse d’un plus gros que lui pour le faire choir, et renforcer l’unité de ses troupes.
Quel ultime message allez-vous faire passer ce soir à la Première ministre ?
Un message de clarté :le « en même temps » n’est plus tolérable en matière d’immigration. Dans l’attente d’une indispensable réforme constitutionnelle approuvée par référendum, cette loi doit répondre au mieux à l’urgence et à la gravité du défi migratoire qui nous menace. On ne peut pas, dans le même texte, vouloir régulariser les clandestins d’un côté et les expulser de l’autre. Cette loi doit écouter le message des Français qui veulent voir l’immigration stopper. Seul le texte du Sénat en prend la mesure. C’est donc ce texte et lui seul que nous voulons voter.
L’aide médicale d’État a été retirée du texte notamment parce qu’il y avait un risque de censure du Conseil constitutionnel. Avez-vous obtenu qu’elle soit réformée à terme ?
L’AME, dans sa configuration actuelle, n’est plus supportable pour beaucoup de Français. Ils ne comprennent pas que nombre d’entre eux ne bénéficient pas d’un financement total des soins alors que c’est le cas pour les clandestins. Il faut donc remplacer l’AME par une prise en charge limitée à l’urgence médicale. Elisabeth Borne s’est engagée, devant nous, à un texte dédié dès l’ouverture de la session de janvier.
Plusieurs mesures, comme la rétention administrative dès 16 ans ou l’introduction de délit de séjour irrégulier, font dire à certains que vous collez à l’extrême droite sur l’immigration, vous assumez ?
Arrêtons avec ce poncif. Ecoutons les Français ! Il nous faut des moyens pour expulser ceux qui sont en situation irrégulière. Nous avons aujourd’hui des taux de reconduction ridiculement bas. Quant au délit de séjour irrégulier, il permettra des gardes à vue et un meilleur suivi des individus. Le texte rédigé par le Sénat est déjà le résultat d’un équilibre. Nous n’irons pas en deçà. Le ministre de l’intérieur l’avait d’ailleurs salué au lendemain de son adoption. Les groupes Renaissance et centristes l’ont voté. Enfin,
Bruno Le Maire a courageusement approuvé le texte du Sénat, qualifié de « complet et qui répond à toutes les problématiques ».
Il y a un an, le 12 janvier 2023, sur le perron de Matignon, vous déclariez à propos des retraites : « Les bases d’un accord sont posées. » Ça s’est fini sur un 49.3. Pourquoi la Première ministre vous ferait-elle confiance ?
Je ne me suis pas dérobé. J’ai assumé que cette réforme impopulaire mais nécessaire soit adoptée. C’était pour moi un choix de cohérence. J’ai eu la même attitude lundi en disant non au gouvernement sur un texte impuissant et inefficace. Sur l’immigration, je ne prends personne au dépourvu, j’ai, depuis le début, annoncé que nous ne soutiendrions pas un texte qui accentuerait nos faiblesses. Sans nous, rien ne sera possible. Nous n’avons qu’une boussole : stopper le naufrage migratoire, et vite.
Pouvez-vous garantir que la totalité des LR s’aligneront et voteront le texte s’il respecte les lignes rouges que vous avez tracées ?
Nous avons démontré lundi notre unité. Elle sera encore au rendez-vous cette semaine. C’est au gouvernement et à la majorité de prendre leurs responsabilités. À eux de décider s’ils veulent soutenir un texte qui sera utile pour le pays et que trois quarts des Français approuvent.
Certains de vos élus conditionnent leur vote au durcissement des conditions de régularisation des étrangers dans les métiers en tension, par rapport à la version du Sénat. Craignez-vous un risque de surenchère ?
L’article 4 bis issu du Sénat offre des garanties nécessaires pour étouffer l’appel d’air précédemment créé. Il est même plus restrictif que la circulaire Valls. Le risque de dérive vers un droit opposable est écarté. Les préfets en détiennent le verrou. Nous avons mis en échec le gouvernement et avons substitué à une loi d’affaiblissement un texte complet et efficace.
Si vous vous mettez d’accord avec la majorité présidentielle sur l’immigration, cela pourrait-il créer un précédent et annoncer d’autres accords ?
Il n’y a ni accord ni compromission mais seulement la recherche de l’intérêt des Français. Nous proposons un texte que nous voulons voir adopter. Nous sommes dans l’opposition, j’ai été élu sur cet engagement.
Considérez-vous que Gérald Darmanin a toujours l’autorité suffisante pour garantir la sécurité des Français ?
Au président d’en décider. Ce que je constate c’est que ni monsieur Darmanin ni aucun de ses prédécesseurs depuis 2017 n’ont été en mesure de remettre en question le « en même temps » macronien. Les chiffres sont malheureusement terrifiants : insécurité record, montée de l’islamisme, explosion de l’antisémitisme, flux migratoires inédits… Tous les chiffres sont en hausse !
Éric Ciotti à Beauvau, cela n’arrivera pas sous cette présidence ?
Je n’ai pas été clair ?
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