Éoliennes terrestres : Emmanuel Macron doit écouter la colère des Français
Le président du groupe LR, Olivier Marleix, et 58 députés de son groupe expriment leurs vives inquiétudes envers le projet de loi destiné à « accélérer les énergies renouvelables », qui vise à limiter au maximum les procédures conditionnant la création d’éoliennes.
Cela fait des mois qu’on prépare les Français à un hiver difficile. Face à l’explosion des prix du gaz et de l’électricité, le premier réflexe du gouvernement a été de les culpabiliser, en les enjoignant de baisser leur chauffage à 19°C et de se convertir à la « sobriété », terme fort peu élégant pour parler de rationnement.
À aucun moment l’exécutif ne s’est remis en question sur ses propres insuffisances, qui sont pourtant nombreuses.
Où en est la relance du nucléaire, promise par Emmanuel Macron lui-même en février dernier à Belfort, alors que notre programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit toujours la fermeture définitive de douze réacteurs d’ici à 2035 ? Qu’a fait la France concrètement ces derniers mois pour faire aboutir une réforme urgente du marché européen de l’électricité, qui oblige nos entreprises à payer leur approvisionnement jusqu’à 1000 euros le mégawattheure (MWh) là où nos coûts de production avoisinent les 50 euros par mégawattheure ?
Au lieu de cela, le gouvernement vient de mettre sur la table une énième version de son projet de loi en faveur des énergies renouvelables.
L’éolien terrestre, en apparence absent d’un texte qui fait la part belle à l’éolien en mer et à l’énergie solaire, est en réalité en embuscade derrière chaque paragraphe du projet, à chaque alinéa visant à déroger aux règles de procédure normales d’installation des projets de renouvelables.
L’exposé des motifs le dit lui-même, l’objectif est de doubler notre puissance de production d’éoliennes terrestres d’ici à 2050. Ce qui, avec 8000 éoliennes actuellement, dont la production ne couvre que 1,6% de notre mix énergétique, ouvre la perspective d’une France à 15000 mâts d’ici la moitié du siècle !
Au même moment, une discrète circulaire du gouvernement, signée le 16 septembre dernier par quatre ministres, pressait les préfets d’accélérer le rythme d’implantation des parcs, avec 5 mégawattheures de projets dans les cartons représentant 15% de capacités supplémentaires immédiatement déployables…
À plus long terme, il est à craindre que les sites les plus efficaces, dits de « premier vent », aient déjà été investis par les promoteurs et qu’il ne reste que des seconds choix pour raviver la filière. Notre coûteuse politique de soutien à l’éolien (jusqu’à 45 milliards d’euros d’engagements pris jusqu’en 2048) continuera donc de financer les effets d’aubaine qui nuisent à une sélection pertinente des projets et à des coûts de raccordement au réseau excessifs pour notre opérateur historique EDF.
C’est enfin la question de l’arbitrage entre éolien terrestre et nucléaire, voire d’autres énergies plus prometteuses (hydroélectricité, méthanisation, géothermie), qui se pose, et qui conditionne notre croissance future. Quel est notre intérêt à investir dans une source d’énergie intermittente, alors qu’il faudra en parallèle réaliser d’importants investissements sur des capacités de production pilotables pour les jours où il n’y aura pas de vent ?
Nous attendons donc du gouvernement qu’il dévoile enfin quelle est sa stratégie globale en matière de souveraineté énergétique, et qu’il assume ses combats, sans se cacher derrière les complexités de la technique législative ou les leurres de l’agrivoltaïsme ou de l’éolien flottant.
Notre famille politique n’a jamais été hostile par principe à l’éolien, et une opposition dogmatique sur le sujet serait aussi stupide que la croisade que certains groupuscules de gauche ont menée contre le nucléaire, et dont il conviendra un jour d’établir les responsabilités.
Il faut cependant être réaliste : un vent puissant de révolte s’est levé contre l’éolien dans nos territoires, porté par quelques citoyens courageux qui refusent la dégradation de leur cadre de vie, l’enlaidissement des paysages et la mise en péril de notre patrimoine national. L’éolien ne sera populaire auprès des Français que s’il s’accompagne de garde-fous : études sérieuses sur les impacts réels en matière de santé, meilleure prise en compte de l’avis des communes, garanties de remise en état des sites. Le gouvernement croit contenir la tornade en proposant de compenser une partie de l’abonnement à l’électricité des ménages impactés. Il ignore qu’on ne fera pas l’éolien contre les Français, ni en achetant leur silence !
Il serait urgent que, sur ce sujet aussi, le président de la République sente le vent tourner.
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