Energie : y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, déplore la situation énergétique de la France, dont il juge le gouvernement responsable, et dénonce notre perte de souveraineté dans ce domaine.
Le gouvernement amuse la galerie. D’abord avec une vraie-fausse polémique sur les risques de coupures d’électricité. « Aucun risque de coupures », assurait Emmanuel Macron en juin, avant de se rétracter en octobre, puis d’appeler, le 3 décembre, à « ne pas paniquer », mot employé sans doute pour rassurer avant de dénoncer, le 6, les « scénarios de la peur »… Ensuite avec l’examen du projet de loi sur l’accélération des énergies renouvelables. L’esprit candide s’imaginera sans doute qu’il s’agit de répondre en urgence à la crise. En réalité, pas une éolienne née de cette loi ne produira le moindre kilowattheure avant au moins deux ans… car on parle surtout d’éolien : les industriels allemands ont besoin de nouveaux débouchés. La France est bonne fille. Et tant pis si, pendant ce temps, les filières hydrogène ou biogaz nous rappellent qu’on pourrait déjà aller plus vite si le gouvernement prenait simplement les décrets pour modifier le régime des ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement… ). Plus efficace, mais moins vendeur en matière de communication.
L’urgence, c’est surtout de relancer nos réacteurs à l’arrêt. RTE a donné quelques nouvelles dans sa dernière note de prévisions pour l’hiver, et elles ne sont pas très bonnes. Nous étions censés recouvrer une puissance de 50 GW en fin d’année, or RTE annonce que « nous devrions atteindre 40 GW en début du mois de janvier ». Cette situation, écrit RTE, « résulte de retards ou d’aléas techniques dans la maintenance courante de certains sites ». Bref, au lieu dé faire des moulinets au Parlement, Agnès Pannier-Runacher, la ministre chargée de la Transition énergétique, ferait bien de resserrer quelques boulons. On nous avait promis la « start-up nation », nous passerons peut-être Noël à la bougie.
Nos entreprises crient au secours
Pis, le gouvernement ne semble toujours pas voir que notre économie et, surtout, notre industrie sont en train de s’effondrer à cause de prix de l’énergie trop élevés. Le 7 décembre, la ministre de l’Énergie paradait à la télévision, se réjouissant que « la baisse de la consommation s’amplifie : -8,3 % par rapport aux années précédentes. Les entreprises, les administrations, les collectivités, tous sont engagés dans le plan de sobriété ». Toute à son euphorie, la ministre a lu un peu trop vite le rapport de RTE : « La baisse de la consommation concerne majoritairement le secteur industriel notamment sous l’effet de l’augmentation des prix […] entre -11 % et -13 % pour les grands sites industriels ». Une tendance qui va s’amplifier au fur et à mesure que les entreprises basculeront sur leurs nouveaux contrats.
Depuis le mois d’avril, nos entreprises crient au secours. Or le gouvernement n’imagine que des mesures à court terme, espérant dans des solutions européennes qui ne viendront pas, tant les intérêts divergent. En avril, Espagnols et Portugais ont demandé à sortir du marché européen de l’électricité. C’est chose faite depuis août. Leur scénario consiste à calculer un prix de production moyen dans le pays une fois neutralisé le prix du gaz. En France, cela nous coûterait 5 milliards d’euros et nous serions à 50 € le mégawattheure ; mieux que les 500 € du marché spot! S’obstinant à ne pas retenir cette solution, la France a choisi une improbable solution d’aides qui revient donc à subventionner des prix artificiels. Prodigieux! Tout cela ferait presque rire si, au bout du compte, les entreprises françaises ne payaient pas leur électricité deux fois plus cher que leurs voisines allemandes, un comble, et n’avaient pas déjà mobilisé 44 milliards d’argent public en 2022.Voilà ce qu’il en coûte d’avoir perdu sa souveraineté énergétique.
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