Discours inaugural de l’Académie Georges Mandel
Seul le prononcé fait foi
Mesdames, Messieurs,
Chers compagnons, chers amis,
Quand je vous vois, ce matin, rassemblés, ici, au siège de notre parti, je me réjouis. Je me réjouis pour l’avenir de notre famille politique. Je me réjouis car notre famille politique est vivante, bien vivante, et vous en êtes, ce matin, le visage.
Merci donc à vous tous d’avoir répondu, nombreux, et enthousiastes, à notre appel à inaugurer aujourd’hui notre académie de formation : l’Académie Georges Mandel.
J’ai voulu qu’elle prenne le nom de Georges Mandel car j’ai voulu qu’elle prenne le nom d’un homme dont la mémoire honore la droite, la politique, et la République tout entière. Le nom d’une figure qui incarne hautement les valeurs de responsabilité, de fidélité et de courage qui font la noblesse du combat politique.
Ayant grandi dans l’ombre de l’immense figure du Tigre, Georges Clemenceau, dont il fut le loyal collaborateur, Georges Mandel s’imposa durant l’entre-deux-guerres comme une figure incontournable de la droite républicaine.
Inlassablement, il se dressa face aux lâchetés et aux faiblesses qui faisaient sous-estimer le danger de l’Allemagne hitlérienne. Puis, dans la débâcle de l’été 1940, devenu ministre de l’Intérieur, il refusa l’armistice et défendit avec courage, aux côtés d’un certain Charles de Gaulle, la poursuite des combats.
Victime de l’indigne embuscade du Massilia, Georges Mandel est bientôt arrêté par le régime du maréchal Pétain, traduit en justice et condamné à la perpétuité. Livré au Troisième Reich, il est déporté à Buchenwald puis, rapatrié en France en 1944, où il est abandonné aux griffes de la Milice.
Le 7 juillet 1944, il est assassiné dans la forêt de Fontainebleau, victime de la haine de ceux qui lui reprochaient autant ses engagements de vrai patriote que ses origines juives.
Par ses combats comme par son destin, Georges Mandel est une figure éminente de notre histoire.
Georges Mandel, c’est la République qui ne faiblit pas. C’est la République qui se tient droite, qui se tient ferme, qui fait face aux tempêtes avec la dignité que donne la certitude des causes justes et la force des vraies convictions.
Georges Mandel, c’est la dignité en politique. Et c’est pourquoi j’ai voulu que sa mémoire préside aux travaux de cette académie de formation que nous inaugurons aujourd’hui afin que son exemple puisse nous inspirer fidélité et courage.
Avec cette académie, Les Républicains poursuivent le chemin de refondation et de redressement que nous avons choisi d’emprunter.
C’est un chemin difficile, vous en conviendrez, tout le monde en conviendra. Mais c’est un chemin nécessaire, pour nous, comme pour la France, car la France a besoin de nous, car la France a besoin de la droite : j’en suis profondément convaincu.
C’est un chemin difficile, ambitieux, et donc honorable, car il n’y a pas d’honneur dans les combats gagnés d’avance.
Nous entrons dans ce combat de notre reconstruction avec le seul horizon de la victoire. Pour reprendre les mots du maréchal Foch : « Accepter l’idée d’une défaite, c’est être vaincu. »
Nous ne sommes pas vaincus, mais debout, vivants, combattifs, déterminés, conquérants. Nous avons derrière nous toute une histoire qui nous y oblige, une histoire de grands principes et de grandes convictions, une histoire de grandes figures : un passé qui a fait la France telle que nous l’aimons, un passé dans lequel notre famille politique a joué un rôle essentiel.
Mais nous avons aussi devant nous un pays, qui souffre, un pays engagé depuis trop d’années sur la pente du déclassement et dont la situation nous oblige également. Elle nous oblige à ne pas rendre les armes sans avoir combattu d’arrache-pied toutes ces idéologies de dissolution et de soumission qui abîment la France.
Nous nous battons pour que la France reste la France, pour qu’elle ne se range pas d’elle-même au rang des vaincus du 21e siècle.
Et nous le faisons avec d’autant plus de passion que notre famille politique est l’héritière de la pensée et de l’action du Général de Gaulle, et que le premier des messages du gaullisme c’est de ne pas céder à la désespérance. C’est de croire, toujours, inlassablement, sans répit, sans fatigue, sans repos, au destin de la France.
L’académie que nous inaugurons aujourd’hui doit nous permettre d’être à la hauteur de ces héritages du passé et de ces enjeux du présent, afin de poursuivre l’aventure de la droite française et de permettre d’écrire, demain, de nouvelles pages de l’épopée de notre grande Nation.
Vous le savez, en devenant président de notre famille politique, je vous ai fait la promesse de vous mener à de nouvelles victoires. Je ne me détournerai pas de cette promesse. Ces victoires, je les souhaite pour notre famille politique et pour notre pays, et ce sont ces victoires – ces victoires que je vous ai promis – que je veux préparer, avec vous, dans le cadre de cette académie de formation.
En inaugurant aujourd’hui notre académie de formation, nous inaugurons une école de combat. Le combat le plus pacifique de tous mais aussi le plus essentiel : le combat des idées.
Notre famille politique, si elle veut continuer à être utile, doit proposer des solutions à la hauteur des grands défis de demain. C’est une exigence incontournable : il n’existe aucune autre voie pour reconquérir la confiance de nos compatriotes.
Nous ne redeviendrons pas un grand parti de gouvernement sans retrouver l’élan des grandes idées.
Je veux le dire avec force, et à destination de tous les militants de droite qui sont désespérés par l’hégémonie culturelle de la gauche aujourd’hui dans notre pays : n’ayez pas peur de mener la bataille des idées ! N’ayez pas peur de la lutte intellectuelle ! N’ayez pas peur du combat culturel !
À rebours d’une modernité qui court au grand galop, qui ne cesse d’accélérer, qui ne cesse de fractionner le temps, qui ne cesse de vouloir aller au plus court et au plus rapide, au plus sensationnel, qui exige des réactions toujours plus immédiates, qui se défie des intellectuels et qui parfois porte aux nues bien des médiocrités, nous devons retrouver le goût du temps long, le temps de l’intelligence collective, le temps de la profondeur historique, le goût de l’exigence intellectuelle.
La politique – il n’est jamais inutile de le rappeler – est une affaire sérieuse. Les pitreries de la gauche ont parfois tendance à l’occulter mais, rappelons-le : la politique est une affaire sérieuse.
Et les Français veulent que nous fassions de la politique sérieusement. Car les problèmes qu’ils rencontrent sont des problèmes sérieux. Car ils ne veulent pas qu’on leur parle d’eux-mêmes avec légèreté, avec imprécision. Car, au fond, la France, c’est une affaire sérieuse. Une affaire très sérieuse.
Au sein de l’académie de formation des Républicains, nous ferons donc de la politique sérieusement. C’est l’engagement fondateur de cette académie.
J’ai voulu que les sessions auxquelles vous allez assister aujourd’hui et demain soient un alliage de connaissances pratiques et de connaissances théoriques.
La politique est en effet une pratique, et c’est pourquoi nous vous formerons à l’art de l’éloquence, aux sinuosités des relations avec la presse, ou encore aux stratégies de communication.
Mais c’est une pratique au service des convictions. Et j’ai donc voulu que des modules thématiques vous permettent d’évoquer l’identité, le féminisme ou encore la dépense publique.
Séparez la politique de la théorie, et vous n’aurez qu’une agitation stérile.
Séparez la politique de la pratique, et vous n’aurez qu’une conversation bavarde.
Nous ne commettrons aucune de ces deux erreurs. Aux Républicains, nous voulons faire de la politique sans exclusive, sans réserve, nous voulons vraiment faire de la politique.
Vous comprendrez que j’ai voulu cette académie comme un espace de réflexion pratique où les idées sont au service du réel, où les convictions sont au service de la vie des Français, un espace de réflexion qui prend la France et les Français au sérieux.
Pour gouverner, il faut être prêt, et nous nous préparons. Nous vous préparons.
Pour vaincre, il faut être prêt, et nous nous préparons. Nous vous préparons.
Cette académie dont je vous avais fait la promesse, je l’ai voulu afin de préparer les responsables politiques de demain. Afin de préparer les élus de demain.
Notre académie de formation est une académie pour la génération qui vient. Une académie non seulement pour nos futures victoires mais aussi pour nos futurs vainqueurs. Une académie pour ceux qui seront les officiers de ces victoires futures.
En 1969, s’adressant aux jeunes gaullistes, Georges Pompidou faisait ce rappel simple mais essentiel : « Diriger, ce n’est pas commander, diriger, c’est conduire. » Et il ajoutait : « Conduire vers un but, vers un idéal auquel on croit, que l’on a fait partager à d’autres et dont on vous montre la direction. »
En vous formant, ici, au sein même de votre famille politique, riche de son histoire, riche de sa culture, riche de ses valeurs, voilà ce à quoi, ultimement, vous vous formerez : vous vous formerez à conduire vers un idéal, à montrer la direction d’un autre avenir pour notre pays.
Ensemble, montrons à la France, aux Françaises et aux Français, que nous continuons fermement, passionnément, à croire en la destinée de notre Nation.
Montrons la direction d’une France forte et souveraine. Une France qui ne marchande ni son identité ni ses libertés.
Ouvrons le chemin, traçons la route : soyons l’avant-garde de l’espérance et nous serons, demain, la génération de nouvelles conquêtes. La génération de la victoire.
Éric Ciotti
Président des Républicains
L’article Discours inaugural de l’Académie Georges Mandel est apparu en premier sur les Républicains.