Christian Jacob au Parisien : « Les Républicains ne doivent pas baisser la tête »
Christian Jacob ne se résout pas à l’effacement de son parti. Alors qu’il s’apprête à ouvrir son premier conseil national, il annonce à notre journal un « congrès des idées » en juillet.
Votre équipe sera officiellement investie aujourd’hui. Quelle est sa feuille de route ?
Nous avons travaillé d’arrache-pied pour mettre en place douze forums thématiques ouverts aux parlementaires et aux conseillers nationaux. Pour les piloter, chaque vice-président sera entouré d’une équipe composée de parlementaires, d’un élu local et d’experts. Les militants pourront également nous envoyer leurs contributions via une adresse e-mail dédiée. Ce travail va nous mener à un « congrès des idées » dans la première quinzaine de juillet.
L’objectif, c’est de reconstituer un socle idéologique pour la droite ?
Nous avons déjà une base, nous ne partons pas de rien. L’objectif est de s’appuyer sur le terrain. C’est pour cela que je veux impliquer les élus territoriaux et la société civile. Notre ADN est d’être un parti de gouvernement. Donc, on ne baisse pas la tête et on ne rase pas les murs en se recroquevillant sur soi.
Assumez-vous d’incarner une droite plus sociale qu’avant ?
Je me méfie toujours des classements : « social », « régalien »… La réalité, c’est que la droite, c’est l’autorité, la valeur travail mais aussi le principe de solidarité plutôt que l’assistanat.
N’avez-vous pas uniquement insisté sur le régalien ces dernières années ?
Non, mais on n’a pas ouvert suffisamment les autres champs.
Macron tente d’asphyxier la droite. Comment y répondre ?
Les masques sont en train de tomber. Emmanuel Macron s ‘est engagé à baisser la dé pense publique ? Elle augmente plus vite que sous Hollande. Il s’est engagé à désendetter ? Il continue à augmenter la dette de la France. Il s’est engagé à contrôler l’immigration? La seule mesure qu’il ait prise réellement, c’est celle d ‘élargir les possibilités du regroupement familial. Macron, c’est une incapacité à agir et à réformer.
Certains de vos cadres parlent de LR comme d’un Ehpad. Comment attirer à nouveau les jeunes ?
J’ai été l’un des rares politiques à avoir présidé un grand mouvement de jeunes, celui des Jeunes Agriculteurs. Il faut bâtir une vraie organisation de jeunesse avec autonomie de gestion, de budget et de gouvernance. Pierre Henri Dumont travaille au lancement en septembre de cette organisation lors d’un « grand rendez-vous de la jeunesse ».
Vous êtes hostile à la primaire ouverte. Allez-vous la supprimer des statuts ?
Ma position est connue et sans ambiguïté, mais c’est une décision qui doit être discutée collectivement.
Certains disent que vous êtes là uniquement pour chauffer la place à François Baroin…
C’est la première fois que j’entends ça ! (Rires.) Mes liens d’amitié avec François Baroin sont connus, assumés. Je suis convaincu qu’il a toutes les qualités nécessaires, mais c’est une décision qui lui appartient. Et nous n ‘en sommes pas là.
Quel est votre objectif aux municipales ?
Aujourd’hui, nous avons une majorité de villes. Et je souhaite qu’on reste majoritaire.
Vous avez investi des candidats qui avaient appelé à voter En Marche aux européennes. Cela fait de vous un Macron-compatibie ?
Avec moi, il n’y a aucun risque ! Il y a un an, LREM disait qu’ils auraient des candidats partout. La réalité, c’est qu’ils sont incapables de composer des listes. Ils se mettent sur le porte-bagages en essayant de faire croire que c’est eux qui pédalent !
A Paris, le soutien du parti aux maires d’arrondissement sortants est-il conditionné à leur propre soutien à la candidate Rachida Dati ?
Les maires qui auront l’appui de LR doivent soutenir notre candidate. Et ça vaut pour tous les arrondissements.
Comment comptez-vous résoudre la crise marseillaise et éviter une liste dissidente ?
Notre candidate LR est Martine Vassal. Ce choix ne souffre d’aucune ambiguïté. En revanche, je les appelle, elle et Bruno Gilles, à trouver un accord. Pour conserver Marseille, on a besoin de tout le monde.
La rue manifeste le 5 décembre contre la réforme des retraites. N’est-elle pas celle qu’aurait pu faire la droite ?
Le dernier à avoir eu le courage de réformer est Nicolas Sarkozy. Après deux ans et demi de négociations, je ne sais toujours pas ce que veut le Premier ministre. Sur le fond, notre position est claire : comme nous ne voulons ni baisser les pensions ni augmenter les cotisations, il faut allonger la durée de cotisations. Pour cela, il faut indexer l’âge de départ à la retraite sur l’allongement de la durée de la vie, sortir des régimes spéciaux, aligner le système public sur le privé, préserver les droits familiaux et conjugaux et éviter un hold-up sur les caisses autonomes, qui ont été bien gérées.
Vous avez pris la tête du parti il y a un mois et demi. Avez-vous peur d’être celui qui éteindra la lumière ?
Ma mission est de remettre le parti sur les rails pour qu’il soit en situation d’incarner l’alternance. Si j’ai une ambition, c’est d’être celui qui donnera plus de puissance à la lumière.