Bruno Retailleau : « Ne plus s’excuser d’être de droite »
Candidat à la présidence du parti Les Républicains, le patron des sénateurs LR défend sa ligne « à droite toute » mais « sans excès ». Marquant ses différences avec Éric Ciotti et Aurélien Pradié.
« La droite s’est affaiblie à force de se renier. On a fini par dégoûter nos électeurs ! » Le constat est sévère, les solutions radicales : Bruno Retailleau, candidat à la présidence de LR, veut un parti qui assume ses choix – contre la « submersion migratoire », notamment, dans « une France attaquée par l’islamisme ». Le patron du groupe Les Républicains au Sénat, proche idéologiquement de son concurrent Éric Ciotti, défend cependant une approche différente.
Pensez-vous être un candidat moins clivant qu’Éric Ciotti ?
Oui, je le pense. À l’origine, j’avais écarté l’hypothèse de me présenter. Mais quand le face-à-face entre Eric [Ciotti] et Aurélien [Pradié] s’est profilé, j’ai reçu des appels inquiets des militants. Ils craignaient une implosion de notre parti. J’ai voulu porter une autre proposition, clarifier notre ligne –à droite, mais sans excès. Quand on fait moins de 5 %, on ne peut pas chercher le clivage pour le clivage !
Éric Ciotti doute qu’il soit possible de mener de front la direction du parti et celle du groupe LR au Sénat…
Et questeur à l’Assemblée nationale, c’est possible, sans doute ? [Il rit] Au contraire, cette double casquette est un avantage. Le Parlement est redevenu le centre du pouvoir.
Aurélien Pradié estime que la droite républicaine « ne parle plus à personne ». Vous êtes d’accord ?
Oui. À force de reculade et de lâcheté, on a déçu nos électeurs. On doit retrouver notre capacité à assumer nos convictions. Il faut arrêter de s’excuser d’être de droite ! Il y a un an et demi, je dénonçais déjà les délires des écolo-gauchistes qui invitent le wokisme jusque dans nos assiettes. Je n’ai rien contre les mangeurs de tofu, mais je veux être libre de faire mon barbecue !
Pradié vous qualifie à demi-mot, Éric Ciotti et vous, d’hommes du passé, voire du passif…
Je n’ai fait partie d’aucun gouvernement. J’ai même voté contre certains textes de Chirac et de Sarkozy ! [Incisif] Et ce n’est pas moi qui ai proposé d’instaurer un revenu universel, une mesure ancrée à gauche !
Éric Ciotti insiste sur sa fidélité à sa famille politique. Vous venez du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers ; c’est un handicap ?
Pas du tout. J’ai été fier de militer aux côtés de Pasqua, de Séguin et de De Villiers lorsqu’ils dénonçaient les abandons de souveraineté. L’histoire m’a donné raison. Que reste-t-il de notre souveraineté juridique, quand la Cour européenne des droits de l’Homme veut nous contraindre à rapatrier les familles des djihadistes ?
On vous prête une petite phrase, rapportée par L’Obs, disant que vous parviendrez à vous faire élire « sans faire voter les chiens et les chats ». Une pierre dans le jardin d’Éric Ciotti ?
C’est moi qui ai dit cela ? Je ne m’en souviens pas. Non, non… Cette élection est quelque chose de grave. Ce qui se joue, c’est l’avenir de la droite française. Je ne veux pas d’un second tour Le Pen-Mélenchon en 2027.
Vous avez écrit à la Haute Autorité pour exiger de « solides garanties » avant l’élection interne. Vous avez un doute sur la sincérité du scrutin ?
Ce vote doit être incontestable. Lors de la primaire, il y a eu des polémiques sur le nombre de cartes d’adhérents, avec des révélations qui ont fait du mal à notre famille. Je veux qu’on tire les leçons du passé.
La réforme des retraites revient dans l’actualité. Aurélien Pradié est opposé au report de l’âge légal de départ. Et vous ?
Au Sénat, nous avons proposé le report de l’âge légal à 64 ans et l’allongement des cotisations. Si on se contente de ce dernier paramètre, des professeurs de collège seront encore devant leurs élèves à 67 ou 68 ans !
À l’heure où les écoles manquent de profs, la justice de magistrats, l’hôpital de soignants, la réduction du nombre de fonctionnaires est toujours d’actualité ?
La crise de la Covid a montré combien nos services publics étaient dégradés. Nous sommes pourtant le pays qui compte le plus de fonctionnaires. S’il suffisait d’augmenter sans cesse les moyens, nous serions à l’avant-garde !
Éric Ciotti ne veut pas d’une primaire et a déjà choisi son candidat pour 2027 – Laurent Wauquiez. Et vous ?
Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Ce serait une erreur de choisir notre candidat dès 2023. Il faut d’abord reconstruire le parti. Sinon, si on échoue aux européennes de 2024, on électrocutera notre candidat pour 2027 !
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