Bruno Retailleau : « La droite a une légitimité »
Bruno Retailleau, président du groupe les Républicains au Sénat et sénateur de Vendée, publie un livre sur les questions environnementales. Il plaide notamment pour le nucléaire et critique une « écologie gauchisante ».
Vous publiez un livre sur l’écologie, à six mois de la présidentielle. Une forme d’opportunisme ?
J’ai pris la décision de ne pas concourir à l’élection. Ce n’est donc pas une question d’opportunité. J’en ai marre de voir l’écologie, en France, prise en otage par une gauche radicale plus intéressée par le « wokisme », l’anticapitalisme, la déconstruction de notre société, que le sauvetage de notre planète. La droite a une légitimité pour faire entendre ses propositions. Le premier ministère de l’environnement, c’est sous Georges Pompidou. J’ai pour ma part connu deux catastrophes : Erika et Xynthia. Après la marée noire, j’ai fait entrer dans le Code civil le concept de préjudice écologique.
Votre regard sur la COP 26 ?
La mesure vraiment efficace, c’est de toucher au portefeuille les gros pollueurs. C’est pour cela que je défends des droits de douane écologiques aux frontières européennes pour imposer une concurrence loyale avec les pays qui ne jouent pas le jeu environnemental. Nous devons aussi agir au niveau national avec un cap clair et constant. Tout l’inverse de la politique brouillonne du Gouvernement. L’écologie s’incarne aussi dans nos territoires, en s’appuyant sur nos maires et leur bon sens, avec des projets concrets.
Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre ?
Il n’y a pas de décroissance heureuse. L’écologie ne doit pas être une religion, ni une idéologie. Faisons confiance à nos chercheurs, nos entrepreneurs. Nous avons des découvertes prometteuses : le professeur Gérard Mourou (Nobel de physique en 2018) est parvenu, en laboratoire, à diminuer drastiquement la durée de radioactivité des déchets du nucléaire. Nous aurons bientôt des réacteurs de 4e génération. Nous devons reprendre le programme de recherches Astrid, abandonné par Emmanuel Macron, sur les réacteurs à neutrons rapides. Je suis favorable à un mix énergétique avec une part de nucléaire d’environ deux tiers, de l’hydroélectricité et des énergies renouvelables : biomasse, éolien en mer, photovoltaïque… Développons aussi les pompes à chaleur chez les particuliers.
À quand une centrale nucléaire à Cordemais ?
L’idée d’un petit réacteur « SMR » (dix fois moins puissant qu’une centrale classique), proposée par Christelle Morançais (présidente LR de la Région) est bonne. Ce ne serait pas un énorme investissement et cela correspondrait aux besoins de la Bretagne par exemple.
À quand une nouvelle Zad…
C’est la grande faute d’Édouard Philippe et d’Emmanuel Macron qui ont abandonné le projet de Notre-Dame-des-Landes. La partie la plus violente et idéologisée ne doit pas avoir le dernier mot. La Loire-Atlantique ne doit pas devenir le département où l’on ne peut plus mener de projet de long terme et d’intérêt général.
De qui vous sentez-vous proche, sur ces sujets, au sein de votre famille politique ?
Je suis président d’un groupe politique au Sénat et dois en garantir l’unité. Je soutiendrai celle ou celui qui sera notre champion à l’issue du Congrès le 4 décembre.
François Fillon est jugé en appel à partir d’aujourd’hui. Que reste-t-il de la ligne politique qu’il portait pour la présidentielle en 2017 ?
François Fillon est mon ami et je lui souhaite de tourner la page de ce drame qu’il endure depuis cinq ans. Il avait réussi à rassembler la droite sur une ligne alliant liberté, autorité et identité. C’était un projet pour rendre sa grandeur à la France et la prospérité aux Français. Il proposait une vraie rupture. Si un candidat reprend ce discours, d’exigence et d’espérance, il sera vainqueur au Congrès, et ensuite à la présidentielle.
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