Bruno Retailleau : « Gouverner ne s’improvise pas »
Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, a été chargé par Valérie Pécresse d’établir « un agenda des priorités du quinquennat », et de « rédiger les textes législatifs », si elle est élue présidente de la République.
Valérie Pécresse vous a demandé de préparer les 100 premiers jours de son quinquennat, si elle est élue. Quel est le cahier des charges ?
La demande de Valérie Pécresse est claire et précise: lui soumettre un agenda des priorités du quinquennat, et rédiger les textes législatifs qui permettront de lancer les grands chantiers de sa présidence, dans les 100 premiers jours puis jusqu’à la fin 2022. Être à la tête du seul groupe de droite majoritaire au Parlement est un atout: au Sénat, cette position nous a créé le devoir d’incarner une alternative crédible. C’est dans cet esprit de combativité et de responsabilité que je souhaite coordonner ce travail.
Pourquoi ces premières semaines seront-elles cruciales ?
Gouverner ne s’improvise pas. Ce qui n’est pas fait dans les six premiers mois n’est jamais réalisé – je parle des réformes essentielles. L’élection présidentielle, suivie de l’élection d’une majorité législative, donne un élan au nouveau chef de l’État. Cet élan bute ensuite, invariablement, sur les clivages politiques et les blocages administratifs. Pour gagner cette course contre le temps, il faut donc partir immédiatement et à fond. Emmanuel Macron a pris quelques mesures utiles au début. Mais sans jamais avoir le courage de mener des réformes de fond, qui changeaient vraiment les choses. Sans vision d’ensemble, on se contente de coups de com et de petites lois bavardes pour donner le sentiment d’agir. C’est exactement la méthode Macron, règne du faux-semblant.
Quelle est votre méthode ?
Ma méthode, c’est deviser les finalités avant de définir les moyens. L’un des drames français, c’est qu’on essaie trop souvent de traiter les conséquences des problèmes sans vraiment s’attaquer aux causes. Et souvent avec une débauche d’argent public inversement proportionnelle à son efficacité. Exemple avec l’immigration : l’objectif, c’est de limiter au strict minimum l’immigration dans notre pays, qui n’a plus les moyens d’accueillir et d’assimiler des populations étrangères. Il faut donc identifier les ressorts des
afflux massifs. J’en vois trois. D’abord les pompes aspirantes, que nous devrons tarir en conditionnant les aides à une présence de cinq ans sur notre territoire. Ensuite les expulsions des illégaux, qui sont rendues quasi impossibles car la réglementation est trop laxiste ; il faut notamment que les demandes d’asile soient instruites à nos frontières. Enfin, nos conditions d’entrée, qui sont trop permissives : nous fixerons un quota annuel et durcirons les conditions du regroupement familial, d’obtention d’un titre de séjour et d’acquisition de la nationalité française. Tout cela sera réalisé grâce à une réforme constitutionnelle soumise à référendum : il est légitime que les Français choisissent qui ils accueillent et la réforme de la Constitution permettra de faire respecter la volonté populaire.
Est-il possible de tracer les grandes lignes réformatrices du pays avant de disposer d’un audit précis de la situation ?
La question d’un audit des comptes de la nation se posera, même si les rapports de la Cour des comptes montrent régulièrement la déliquescence financière de la France… Sans d’ailleurs que personne ne s’en émeuve au sommet de l’État. Au Sénat, nous avons également rédigé le bilan du quinquennat Macron. C’est une étude précise, qui part des chiffres officiels et qui montre, ligne à ligne, qu’Emmanuel Macron a aggravé la situation dans notre pays. Ses trois grands échecs portent sur les trois grandes missions régaliennes de l’État : protéger, éduquer et soigner.
Si la droite avait été au pouvoir en ces temps de crises successives, n’aurait-elle pas été confrontée aux mêmes obstacles ?
Bien sûr que chaque gouvernement bute sur la complexité des choses. Mais je pose la question : qui a aggravé, voire provoqué les crises ? C’est le gouvernement qui est responsable de l’explosion des « gilets jaunes », après qu’il a allumé la mèche de la taxe carbone. Le gouvernement a été aveugle et sourd à la détresse de gens qui n’arrivent plus à vivre de leur travail. Quant au Covid, Emmanuel Macron n’en est évidemment pas responsable. Mais les mensonges sur les masques, le délire bureaucratique de règles absurdes, les retards à l’allumage dans la vaccination, les changements de pied permanents (on l’a vu encore cette semaine à l’école) : tout cela a aggravé la méfiance.
Comment gagnerez-vous la confiance dans le contexte d’une France si fortement fracturée ?
La confiance ne se décrète pas, elle se gagne sur des résultats. Ce travail sur les 100 jours, c’est une première réponse à la défiance des Français. Emmanuel Macron avait dit pendant la dernière campagne qu’il se « foutait » des programmes, et il a félicité ensuite les députés En marche ! d’être des « amateurs » : on a vu le résultat ! Dès avant l’élection, les Français pourront juger sur pièces que Valérie Pécresse a un projet sérieux et ambitieux, rédigé et financé. Qu’elle est entourée d’une équipe de France qui a l’expérience et la compétence. Dans cette campagne, Valérie dira tout ce qu’elle fera, ce qui est la meilleure garantie qu’elle fera ensuite ce qu’elle a dit. La vérité, c’est qu’elle est la seule à pouvoir battre Emmanuel Macron.
Vous projetez-vous à Matignon au poste de premier ministre ?
Pour ma part, je ne demande qu’une chose à Valérie Pécresse : qu’elle gagne l’élection présidentielle, pour rétablir l’ordre et la concorde dans notre pays. La droite n’a plus le droit de décevoir
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