Aurélien Pradié : « On a besoin d’un peu plus que des caresses de chats »
Le secrétaire général des Républicains annonce que son parti a déposé une proposition de loi sur la déconjugalisation de l’Allocation adulte handicapé (AAH) et demande que la majorité l’adopte dès la mi-juillet en preuve de bonne foi.
Le député du Lot Aurélien Pradié, numéro 2 des Républicains, se montre sceptique sur la « co-construction » législative souhaitée par le gouvernement. Il défend le carburant à 1,50 euro, que certains LR critiquent, et pose des jalons sur une éventuelle candidature à la présidence de LR.
Vous demandez depuis longtemps la déconjugalisation de l’Allocation adulte handicapé (AAH). Élisabeth Borne a dit qu’elle la ferait lors de sa déclaration de politique générale. Vous applaudissez ?
Lors du précédent quinquennat, la majorité s’est opposée constamment à cette mesure. Aujourd’hui, la Première ministre paraît prête à l’adopter. C’est une bonne chose mais c’est encore flou. Elle semble la renvoyer après la conférence sur le handicap, c’est-à-dire d’ici un à deux ans. Elle a dit qu’elle voulait avancer sur la base du « principe de la déconjugalisation » mais sans dire clairement les choses. Le groupe LR a déposé mardi 5 juillet une proposition de loi (PPL) sur la déconjugalisation de l’AAH, cosignée par 62 députés LR. Elle est opérationnelle et peut être mise en œuvre dès le projet de loi pouvoir d’achat (PJL). Alors nous disons banco ! Depuis une semaine, le gouvernement prétend être dans la co-construction, voyons si c’est de la comédie ou si c’est sérieux. Je dis à la Première ministre : « Si vos déclarations sur la déconjugalisation de l’AAH ne sont pas du pur baratin, suivez notre proposition dès la semaine prochaine. »
Vous en faites donc un marqueur de la bonne volonté de la Première ministre ?
J’en fais un moment de vérité. Ce sujet concret dit beaucoup de notre vision des plus fragiles et de la société que nous voulons. S’il est renvoyé aux calendes grecques, c’est qu’au fond des choses, le gouvernement se moque de nous et des Français. Un discours qui ressemble au « Larousse des banalités » ne fait pas un cap politique. Il faut des actes.
Pourquoi ne semblez-vous pas croire à la bonne volonté du gouvernement sur la « co-construction » ?
Les Français peuvent comprendre que nous ayons quelques méfiances ! Depuis cinq ans, les gouvernements ont tout fait pour mépriser les oppositions. On a besoin d’un peu plus que des caresses de chats. Élisabeth Borne se dit « pour la laïcité, la liberté, l’égalité, la fraternité ». Moi aussi ! Mais une fois qu’on a dit cela, que fait-on ? Les députés ne sont pas là pour se laisser endormir. Des actes. Et nous verrons.
Vous qui vous dites de droite sociale, ne vous réjouissez-vous pas de la revalorisation de la retraite et de certaines prestations sociales, contenue dans le projet de loi pouvoir d’achat ?
Oui, bien sûr. Tout ce qui ira dans le bon sens, nous le soutiendrons. Il faudrait être bête et méchant, ou s’appeler LFI ou RN, pour ne pas soutenir des mesures que nous défendons depuis cinq ans. À titre d’exemple, la nationalisation d’EDF : si nous avons convaincu le gouvernement qu’il fallait garder cet outil national stratégique dans le giron de l’État, c’est que nous avons réussi à imposer nos idées.
LR défend le carburant à 1,50 euro. Le gouvernement estime cette mesure à 50 milliards d’euros. LR n’est plus le parti du sérieux budgétaire ?
Nous n’avons pas de leçon à recevoir de ceux qui ont cramé la caisse depuis cinq ans. Sur le fond, nous assumons totalement cette mesure qui consiste, non pas à bloquer les prix, mais à supprimer une absurdité française : la TVA sur la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), c’est-à-dire une taxe sur la taxe.
Comment la financez-vous ?
Ce n’est pas une dépense nouvelle. C’est un moins à gagner pour les caisses de l’État, mais c’est un plus à gagner pour les Français qui travaillent dur. Cette logique, que l’on a peu perdue de vue, est pourtant la meilleure. Des économies sont possibles en luttant contre certains abus sociaux et en demandant des comptes à ceux qui profitent de la crise. Soyons justes en matière économique, cela changera.
L’indemnité carburant pour les travailleurs aux revenus modestes et les « gros rouleurs » ne vous convainc pas ?
C’est une usine à gaz qui coûtera et qui présentera inévitablement des trous dans la raquette. La politique des chèques est une politique de « technos » qui ne fonctionne pas et stigmatise certains de nos concitoyens. La dignité, c’est gagner sa vie, pas vivre de chèques.
Serez-vous candidat à la présidence de LR cet automne ?
Je n’ai pris aucune décision. La maladie mortelle qui nous guette, c’est l’endormissement. Depuis combien d’années la droite n’a-t-elle pas surpris par ses idées ? Nous ne parlons plus à personne. C’est dur mais c’est vrai. Je suis déterminé à ne pas laisser mourir la droite populaire. Que disons-nous sur l’écologie, la société de la surconsommation, l’ascenseur social, la jeunesse… ? Des idées nouvelles à droite, c’est toujours perturbant, mais c’est ce qui nous fera à nouveau gagner. Ressemblons aux Français et attaquons-nous aux blessures du quotidien. Mon histoire politique et personnelle s’est construite souvent en solitaire, contre les barons de la gauche locale. Cela laisse des traces que je soigne peu à peu… J’ai désormais la conviction que l’aventure est belle quand elle est collective. La droite française est-elle capable de ce sursaut ? Bonne question.
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