Aurélien Pradié : « Je suis candidat à la présidence des Républicains »
Le numéro trois de LR veut « incarner le changement » et une droite populaire.
Vous prônez une « alternative » aux candidatures d’Éric Ciotti et de Bruno Retailleau à la présidence de LR. Êtes-vous candidat ?
Oui, je suis candidat à la présidence des Républicains. Je veux porter une nouvelle espérance : rebâtir la droite populaire que nous avons perdue. Je souhaite que la droite parle de tout, de chaque préoccupation des Français, et qu’elle parle à tout le monde, du plus humble au plus favorisé. Je souhaite que nous retrouvions l’imagination et l’audace qui ont toujours fait gagner la France.
Pourquoi les adhérents vous feraient-ils confiance ?
Parce qu’ils ne veulent pas rejouer les matchs d’hier, ni d’une nouvelle guerre des chefs. Parce qu’ils ont conscience que l’on ne peut pas continuer comme avant. Parce qu’ils veulent que nous changions, et avec mon équipe, je peux incarner ce changement. Nos adhérents sont comme les Français, ils veulent que nous nous tournions vers l’avenir. Tous les autres partis politiques changent. Si la droite ne change pas tout, elle disparaîtra. Nos adhérents le savent et ils vont créer la surprise.
Quel sera votre projet pour que la droite parvienne à reconquérir les classes populaires ?
Nous avons perdu le goût des libertés, y compris politiques. Devenons les défenseurs des libertés. La droite populaire est celle qui cesse d’être une punition pour les Français. Je crois en la promesse républicaine. Le gamin du Lot que je suis en est le produit. Or par lâcheté et fatalisme, les politiques ont abandonné cette exigence d’émancipation. La fierté française c’est l’effort qui permet de s’élever, le travail récompensé, la capacité à sortir de son milieu social. À nous de redonner une réalité à ces mots.
Vous avez souvent été taxé par les élus LR d’être trop à gauche. Votre ligne peut-elle correspondre à celle des militants ?
Si avoir de l’audace, si penser hors des rengaines habituelles, si dire quelques vérités pour sortir de dix ans d’échecs, si parler aux Français des sujets qui les concernent vraiment c’est être à gauche, alors Philippe Séguin, Charles Pasqua, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy n’auraient jamais eu la confiance des militants! Les audacieux sont de droite. En menant les combats pour le handicap, contre les violences faites aux femmes et aux enfants, je suis de droite, pleinement de droite. Je renoue avec nos grands combats pour la dignité.
Quelles seraient vos propositions en matière régalienne ?
Sur ces sujets, la droite répète la même chose depuis 2007. J’ai l’ambition d’apporter des propositions fortes. En matière d’immigration, je propose une idée claire: rendre tous les titres de séjour probatoires. Au terme d’une période de trois ans, chaque demandeur devra parler parfaitement le français, avoir une qualification, démontré qu’il connaît et respecte nos institutions. S’il échoue, il devra quitter le territoire. Au premier délit ou crime, la probation se transformera en expulsion. Mais s’il passe les étapes, la France lui donnera sa chance. C’est la promesse républicaine. Ferme et juste. Je souhaite que nous sortions le droit des étrangers du seul droit administratif. La situation de l’imam Iquioussen confirme que ces questions relèvent de la sûreté nationale et de la défense de nos valeurs. La création d’une cour spécialisée permettrait de se réarmer.
Comment la droite doit-elle aborder la question de l’écologie ?
Voici l’exemple même d’un sujet sur lequel nous sommes inexistants. Il est pourtant économiquement, socialement et moralement prioritaire. Si je préside notre famille politique, j’en ferai un sujet central et transversal. J’ouvrirai un large débat sur la question de l’eau. Cette ressource est négligée alors qu’elle est stratégique chez nous et dans le monde. J’ouvrirai le débat sur la société d’hyper-consommation. Notre modèle est basé sur la surproduction et le stockage massif. Je refuserai toujours la décroissance, je prône l’innovation économique : préparons la France à la production à la demande. Ce changement majeur permettrait la relocalisation. La droite de Georges Pompidou, qui considérait que l’individu était bien plus qu’un consommateur aveugle, a quelque chose de puissant à dire. Je ne laisserai pas ces sujets aux ayatollahs du wokisme.
La droite peut-elle se réapproprier la question de l’éducation ?
Nos enseignants sont au cœur de la transmission des valeurs. Ils façonnent la République et pourtant, la droite a perdu l’ambition de leur parler. Ils font l’expérience quotidienne de la montée des communautarismes, de la disparition de la liberté de pensée comme de l’autorité. Leur salaire doit être fortement revalorisé en contrepartie d’un temps plus long passé à l’enseignement, par exemple en donnant des cours du soir ou en dispensant deux matières. Il faut leur donner les moyens juridiques pour pleinement exercer leur autorité et sanctionner les élèves. Réfléchissons à l’autonomie de nos écoles, de la maternelle au lycée, comme l’a fait Valérie Pécresse pour les universités, pour innover, s’adapter aux élèves et tendre vers l’excellence. Nous fabriquons la reproduction sociale. Il faut révolutionner notre système.
Comment aborderez-vous «avec audace» la réforme des retraites ?
Le recul de l’âge de départ à la retraite est une obsession désuète. 46 % des Français partent avant ou après l’âge légal. Ce qui compte c’est la durée de cotisation. Réformons nos retraites sur la base des annuités travaillées. Chaque carrière est différente. La prise en compte de la pénibilité associée aux annuités est la clé. Nous ferons du sur-mesure et nous laisserons la liberté à ceux qui peuvent travailler plus longtemps de le faire. Quand on est de droite on ne néglige pas ceux qui travaillent dur.
Quel est votre plan pour rebâtir LR ?
Nous sommes aujourd’hui en danger de mort. Nous devons donc tout changer : le nom, le siège, notre organisation, notre message. Il faut assumer la rupture, y compris avec Nicolas Sarkozy. Le prochain patron des Républicains devra aussi être un mécanicien qui met les mains dans le cambouis. J’engagerai dès décembre un tour de France. Nous devons redonner envie. Je proposerai un congrès fondateur le 5 décembre 2023. Nous aurons une année pour tout changer. C’est un 5 décembre que Jacques Chirac a créé le RPR.
On vous a souvent reproché votre ambition et votre individualisme. Parviendrez-vous à rassembler ?
En politique, on a le tempérament de ses convictions. Le mien est entier et sincère. Comme mes convictions. Ma mission de secrétaire général de LR depuis trois ans m’a donné le goût du collectif. Et ma réélection aux législatives dans une terre réputée imprenable comme le Lot, m’a donné de la sérénité. Je veux que nous retrouvions cet esprit de compagnonnage, comme aux grandes heures. Ce collectif sera ma mission.
Si Éric Ciotti ou Bruno Retailleau l’emportent, quitterez-vous LR ?
J’ai toujours été fidèle à ma famille politique et je le resterai. Avec Éric et Bruno nous nous respectons. Leurs candidatures se ressemblent. La mienne est différente. Le Sénat a besoin de la force de Bruno. La belle ville de Nice aura bientôt besoin de l’engagement d’Éric. Notre famille politique peut avoir besoin de mon énergie. Nous ferons donc une belle équipe.
De quelles alliances aura besoin la droite pour revenir au pouvoir ?
Si nous voulons retrouver un espace, il faut cesser de loucher sur la concurrence comme des copieurs en manque d’imagination. Négocier avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen ou Éric Zemmour, c’est démontrer que l’on ne croit plus en nous. Moi, j’y crois. La droite doit tracer son propre chemin.
Éric Ciotti annonce qu’il soutiendra Laurent Wauquiez à la présidentielle de 2027. Et vous ?
Je ne suis pas certain qu’exposer notre futur candidat au feu nucléaire dès janvier soit un service à lui rendre… Si l’on veut sincèrement aider notre candidat, c’est mon cas, il ne faut pas faire de lui un otage. Laurent Wauquiez se prépare avec gravité à 2027, il a raison de le faire ainsi. Notre candidat à la présidentielle n’aura besoin ni d’un courtisan ni d’un concurrent. Il aura besoin d’un chef de parti loyal, qui le complète et mobilise une armée. C’est ce que je serai. Ni président par procuration ni président par défaut. Président pour faire gagner.
2027, vous y pensez ?
L’élection présidentielle n’est pas mon obsession du moment. Je veux tracer un chemin collectif pour reparler aux Français.
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