Annie Genevard : « Il est du devoir des candidats à la présidence des Républicains de ne pas hypothéquer le rassemblement »
Députée du Doubs et présidente par intérim des Républicains, Annie Genevard a aussi été vice-présidente de l’Assemblée nationale.
Quels candidats se sont qualifiés pour se présenter à la présidence des Républicains ?
Nous aurons trois candidats : Éric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau. Si chacun a sa personnalité, son parcours et un ancrage territorial particulier, tous ont ce point commun : la volonté de donner au parti des Républicains la place qu’il doit avoir dans l’échiquier politique. Certes, les candidats font valoir ce qui les distingue mais tous portent des sujets que nous n’avons pas peur d’aborder : le respect de l’autorité, l’importance attachée à l’ordre public, à l’augmentation du pouvoir d’achat par le travail plus que par l’assistance, sans que cela n’exclue une forme de solidarité – car, la droite, ce n’est pas seulement du sang et des larmes contrairement à ce que prétendent nos détracteurs. Les électeurs ont par ailleurs manifesté leur envie de participer à cette élection. Nous dépasserons les 80 000 adhérents, ce qui fait de notre parti celui qui a le plus grand nombre d’adhérents dans l’ensemble de la classe politique. À tous ceux qui ont la dent dure contre LR, ou qui l’enterrent un peu vite, voilà la preuve d’une belle vitalité. Sans parler de nos 200 parlementaires LR.
Tandis que les candidats insistent sur leurs différences, comment garantir l’unité des Républicains ?
Chacun d’entre eux partage un patrimoine génétique : la fidélité au gaullisme. Je réunirai à ce titre le 9 novembre prochain à Colombey une délégation composée des candidats, de Gérard Larcher, des présidents de groupes parlementaires et des présidents des amicales gaullistes. Deux dépôts de gerbes sont prévus ainsi qu’un déjeuner en commun. Ce sera un moment de concorde et d’union autour de la figure du général de Gaulle. Chaque parti a une histoire. La nôtre s’est forgée avec le général de Gaulle. Le RN s’est construit contre le général de Gaulle. Emmanuel Macron est né à l’ombre de François Hollande, héritier de François Mitterrand, opposant notoire à de Gaulle. Aucune famille politique ne peut réécrire son histoire.
Un deuxième rendez-vous est prévu le 26 novembre, avec l’audition des candidats par le conseil national de LR – le Parlement du parti représentant nos 103fédérations – que je présiderai. Éric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau devront défendre très concrètement leur vision du parti en répondant aux questions des électeurs. Enfin, nous sommes en discussions avancées avec LCI pour un débat le 21 novembre prochain. Nous entrons dans la dernière ligne droite, la course va changer de nature et peut rendre les compétiteurs plus fébriles. J’attends que les candidats défendent leurs idées avec passion. Mais je les mets aussi en garde : la passion n’empêche pas la responsabilité. Il est du devoir de chaque candidat de ne pas hypothéquer aujourd’hui le rassemblement de demain.
Bruno Retailleau juge la marque des Républicains « morte » et pense qu’ils ne sont pas près de gouverner. Partagez-vous ce constat ?
Nous devons évoluer, personne ne le conteste. Notre famille politique a régulièrement changé de nom à des moments clés de son histoire et sous l’impulsion d’une personnalité forte, à l’aune d’un virage à prendre : le RPR avec Jacques Chirac, l’UMP qui a marqué le rassemblement de la droite et du centre, LR sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy. Changer de nom ne me paraîtrait donc pas absurde mais cela ne peut pas suffire à soi seul. Il y aura, avant de changer de nom, à revoir nos fondamentaux. S’ils doivent évoluer, Les Républicains restent incontournables puisque ni le RN ni l’extrême gauche, associés dans la protestation, ne peuvent porter une alternative. Quoiqu’on dise de notre état, nous sommes bien plus prêts que ces derniers à gouverner.
Les Républicains ont-ils encore un espace politique et un avenir ?
Notre parti, fort de ses 103 fédérations, est très ancré localement. Les Républicains, ce sont aussi ses élus : les élections municipales, départementales et régionales ont largement été remportées par la droite et ses alliés. Cela montre bien la profondeur de notre ancrage. La droite a montré toute sa capacité à gouverner les exécutifs locaux. Désormais, il faut retrouver le chemin de la gouvernance nationale. Ce à quoi devra précisément s’employer le nouveau président du parti dans la perspective des échéances à venir. On a coutume de dire que la France est de droite. À nous d’incarner cette appétence.
Comment expliquez-vous qu’alors que les idées de droite s’imposent dans le débat, les LR soient si peu audibles ?
La défaite lors de la dernière élection présidentielle a été cruelle mais elle montre qu’il nous faut changer notre façon de nous adresser au pays. Cette élection interne est ainsi le rendez-vous de la responsabilité. Si les candidats ont des priorités différentes, ils ont le devoir de rassembler sans s’appuyer sur une synthèse improbable ou sur un consensus mou. Le nouveau président aura le devoir de rassembler autour d’un projet clair de refondation. Et qui que ce soit, je serai à ses côtés.
Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé appellent à travailler avec Emmanuel Macron. Est-ce là une stratégie gagnante ou mortifère pour LR ?
Nos députés n’ont pas été élus pour s’allier à Emmanuel Macron mais, au contraire, parce qu’ils ont refusé ce rapprochement. J’observe que, parmi les candidats, ceux qui ont entretenu une position ambiguë vis-à-vis de la majorité présidentielle ont souvent été battus. Serge Grouard, qui a clairement assumé l’idée d’un rapprochement avec Emmanuel Macron, a dû renoncer. Il n’en partage pas moins les engagements des Républicains.
L’on dit souvent que la position des Républicains est illisible mais c’est plutôt qu’elle n’est pas médiatique parce qu’elle n’est pas binaire. Pourtant les choses sont simples : nous sommes dans l’opposition à Emmanuel Macron et contre l’extrême gauche et le Rassemblement national, et pour une politique de droite républicaine. Ce qui ne nous empêche pas d’appuyer tout ce qui peut améliorer la vie des Français et permettre les réformes nécessaires. Nous avons ainsi enrichi tous les textes par nos propositions dans la clarté. Nous sommes force de proposition alors que les extrêmes sont dominés par la protestation – ce qui explique l’alliance tacite entre le RN et la Nupes. Cette confusion ne peut durer. Emmanuel Macron arrive à son moment de vérité : le « en même temps » est une impasse. Soit il continue en solitaire dans cet immobilisme, soit il se décide enfin à réformer.
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