Alexandre Portier : « Le repas à 1 euro de la Nupes, triste symbole du divorce entre la gauche et le travail »
La Nupes a présenté, début février, une proposition de loi visant à assurer un repas à 1 euro pour tous les étudiants. Il s’agit, selon le député LR Alexandre Portier, d’une mesure infantilisante et injuste envers les étudiants de villes moyennes n’ayant pas accès à un Crous.
Offrir à tous les étudiants un repas à 1 euro : la promesse est belle, n’est-ce pas ? Digne d’une mauvaise publicité : « Vous signez pour des études ? Et bien pour 1€ de plus, le repas est offert ! ». C’est pourtant ce que la Nupes propose ce jeudi 9 février dans le cadre d’une proposition de loi portée par la députée socialiste Fatiha Keloua Hachi. Vide comme un slogan publicitaire, l’idée est injuste, infantilisante et terriblement démagogique. Mais surtout, elle pose toute la question de notre relation au travail, à la solidarité, et surtout à nos jeunes.
Injuste d’abord, car cette mesure est une fois de plus faite pour les très grandes villes. Derrière les belles incantations, le repas à 1 euro voulu par la Nupes ne toucherait que les étudiants des grandes métropoles. Comment accepter que soient une nouvelle fois écartés les étudiants des villes moyennes, déjà éternels oubliés des politiques de transport et de logement ? Rappelons-le : les premières inégalités sont territoriales avant d’être sociales. Lorsque le repas à 1€ a été mis en place pendant le Covid, l’éloignement des points de restauration a été un frein majeur, comme l’a souligné la Cour des comptes (rapport d’activité 2022). Car oui, les études supérieures, ce n’est pas que Paris, Lyon ou Marseille.
Avec moins de 800 structures, l’offre du Crous ne couvre aujourd’hui pas toutes les villes accueillant des sites universitaires. Dans notre pays, près de 20% des étudiants n’auraient pas un accès direct à cette offre. Concrètement, ce sont donc près de 500.000 étudiants qui se retrouveraient laissés sur le carreau, car situés dans les « zones blanches » de la restauration universitaire où se situent notamment les IUT, les BTS ou encore les écoles d’infirmières. Le repas à 1€ voulu par la Nupes est une mesure inique mais aussi infantilisante. Aux difficultés financières des étudiants, la gauche ne répond que par l’éternelle antienne du chèque. Encore et toujours.
Aider les étudiants qui en ont besoin, oui, mais depuis quand est-il devenu anormal de devoir produire un effort pour réussir ? Depuis quand est-il anormal de devoir se battre pour financer ses études ? C’est même le plus sûr moyen d’avoir envie de les réussir, et d’être fier d’y arriver par ses propres moyens. Au fond, au cœur du repas à 1€, se révèle tout simplement le triste symbole du divorce de la gauche et du travail. Elle met au même niveau ceux qui font des efforts et ceux qui n’en font pas. Payer devient suspect ; travailler un problème, voire une punition. Le « quoi qu’il en coûte » et la crise sanitaire n’ont pas aidé. Jusqu’à quand continuera-t-on dans cette spirale du mépris du réel et de la valeur des choses ?
La solidarité nationale est précieuse. Ce jeudi, je proposerai donc une chose simple : que tout étudiant qui souhaite bénéficier de ce repas à 1€ s’engage en contrepartie deux heures par semaine au service d’une collectivité locale. C’est une chose facile à mettre en place, adaptable aux emplois du temps des jeunes et une première expérience qui serait précieuse pour la vie professionnelle à venir. Pourtant, en commission, la gauche a hurlé au « travail dissimulé » – il fallait oser ; les bénévoles de nos associations seront heureux de l’apprendre ! Non, cela s’appelle tout simplement l’équilibre des droits et des devoirs. Un principe cardinal pour faire société.
C’est tout le contraire de cette mesure terriblement démagogique qu’est le repas à 1 euro – oui démagogique, c’est-à-dire coûteuse et méprisante. Coûteuse, car il n’y a pas d’argent magique. S’approchant plus des 200 millions d’euros que des 60 annoncés, une telle mesure affaiblirait considérablement les moyens des 26 Crous de France dont l’activité de restauration est déjà structurellement déficitaire de 25%. Méprisante, enfin, pour nos agriculteurs et les agents de la restauration universitaire dont le repas à 1€ ferait disparaître la valeur du travail. Manger a un coût. Le travail de nos agriculteurs a un prix. Arrêtons de les pressurer.
Alors que le « tout gratuit » ravage déjà nos services de santé, la gauche rêve de l’étendre à tous les secteurs d’activité. Loin d’être un idéal, c’est le plus sûr visage du cauchemar : celui d’un monde où plus rien n’aurait de valeur.
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