François-Xavier Bellamy : « Nous resterons opposés à un pouvoir législatif autonome »
La tête de liste LR aux européennes, François-Xavier Bellamy, en Corse, demain. S’il vient parler d’Europe, d’aucuns l’attendent sur l’évolution statutaire de l’île. L’eurodéputé se veut clair, pas question de franchir certaines frontières.
Vous plafonnez entre 6,5 et 8 % dans les sondages loin derrière le RN, mais aussi la candidate Renaissance et la tête de liste PS. Moins de 5 %, et c’en sera fini des eurodéputés LR. Un scénario du pire que l’on ne peut exclure ?
Laissez-moi croire au scénario du meilleur avec des Français capables d’évaluer l’enjeu premier de ces élections. L’enjeu, ce n’est pas le débat entre Emmanuel Macron et le Rassemblement national, bien davantage celui entre la droite et la gauche. Un défi, à la clé, qu’une nouvelle majorité de droite émerge, enfin, de l’action européenne conduite ces dernières années.
Ce qui vous laisse penser que vous ferez mieux qu’en 2019 ?
À cette date, nombre de Français pensaient qu’Emmanuel Macron sortirait la France de l’ornière. On a compris que ce ne sera pas le cas. La France est en faillite budgétaire. Il y a urgence à redresser la barre.
Aurez-vous un candidat corse sur votre liste ?
Oui. La Corse sera représentée, avec au moins un candidat.
Du droit du sol à la préférence nationale, les positions des Républicains se confondent souvent avec celles du RN. N’est-ce pas votre talon d’Achille alors que LR ne cesse de décliner depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 ?
Nous sommes constants dans nos positions tandis que le RN ne cesse de se contredire. Il y a cinq ans, il voulait la sortie de l’euro, de l’Europe, de l’Otan, il a changé de discours. Pour notre part, nous avons gardé le cap sur les questions migratoires. Nous croyons à la coopération européenne mais ne voulons pas que nos États perdent leur souveraineté nationale sur la maîtrise de leurs frontières.
Vous-même convenez que le « chemin est étroit » à l’horizon du 9 juin. La Corse, terre nationaliste à présent, fait le pari de Marine Le Pen à la présidentielle. Venez-vous chasser sur les terres de cette dernière ?
Je ne serai ni chasseur ni adepte de politique politicienne. Je viens échanger avec les habitants. Chez LR, que l’on soit corse ou pas, on parle beaucoup de l’île dont les difficultés sont aussi celles de la France et de l’Europe. Dénouer les problématiques de la Corse, c’est permettre d’avancer bien au-delà du territoire insulaire.
Le président de la fédération LR de Haute-Corse lance un mouvement transpartisan. L’exemple à suivre ?
François-Xavier Ceccoli a ma confiance, il le sait. Il incarne précisément notre objectif, celui de rassembler sans rien renier de nos convictions.
Le texte sur la Corse aux portes du Parlement. Êtes-vous de ceux qui refusent d’accorder un pouvoir normatif de nature législative ?
Nous sommes prêts à défendre la nécessité d’adapter les règles qui s’appliquent à l’île, en fonction de sa singularité. En revanche, nous resterons opposés à la perspective d’un pouvoir législatif autonome qui ne dépendrait que du Conseil constitutionnel ou du Conseil d’État. Seul le Parlement peut produire la loi pour tous, il s’agit du principe même de l’unité de la Nation. Nous n’octroierons pas un tel pouvoir. C’est une position qui va poser un sérieux problème. Y compris pour les Corses, d’ailleurs.
En promettant une autonomie à l’île, Emmanuel Macron a-t-il ouvert une brèche ?
Ce qui m’interpelle dans cette promesse, c’est qu’elle a été faite pour mettre la colère sous l’éteignoir. Elle est inquiétante dès lors qu’elle sert de réponse à une situation de violence, et semble donner raison à ceux qui considèrent que c’est un moyen d’expression légitime en démocratie, ce que je ne validerai jamais.
La révision de la Constitution voulue par le chef de l’État ira-t-elle au bout ?
J’entends l’importance des discussions sur le statut de la Corse, mais je demeure convaincu que la population requiert avant tout des réponses économiques et sociales. En matière de santé, il y a des inquiétudes immenses sur l’hôpital de Bastia, sur la question de l’eau, des transports, du logement, centrale, entre bien d’autres.
Au Palais-Bourbon, Éric Ciotti menace d’une motion de censure face à la gestion « calamiteuse » des finances publiques. Toujours d’actualité ?
Ce n’est pas à coups de rabot que l’on réparera le désordre financier, mais en régulant les dépenses structurelles de l’État. Si le gouvernement augmente d’un seul euro les impôts, nous déposerons une motion de censure.
L’Europe souffre d’un déficit d’image, 76 % des 18-34 ans n’ont pas l’intention d’aller voter. À qui la faute ?
À la distance. Il faut partir des attentes plutôt que d’imposer des solutions pensées depuis Bruxelles ou Paris. Ce n’est qu’à cette condition que l’on réconciliera l’Europe avec ses citoyens.
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