Olivier Marleix : « Ce qui menace les Français, c’est la faillite du pays ! »
À l’heure où l’Insee va annoncer le chiffre calamiteux du déficit public, le président du groupe LR à l’Assemblée fustige le gouvernement.
L’exécutif pourra-t-il redresser la barre des finances publiques d’ici à la présidentielle ?
Ce qui est certain, c’est qu’il ne le fera pas avant les européennes du 9 juin ! M. Macron fait tout ce qu’il peut pour cacher aux Français la gravité de la situation financière du pays et les mesures douloureuses pour le pouvoir d’achat qu’il prépare. En quarante ans, la France s’est endettée de 2 000 milliards. À la fin de cette année, Emmanuel Macron aura fait, à lui seul, 1 000 Milliards de plus. L’effort de redressement sera douloureux et imposera un demi-tour complet par rapport à ce qui a été fait depuis sept ans. Une période où le pouvoir a distribué des cadeaux fiscaux aux uns, des chèques aux autres : suppression de la taxe d’habitation pour 20 milliards, suppression de la redevance, « flat tax » sans jamais se poser la question du financement… Sous Nicolas Sarkozy, la masse salariale de l’État avait baissé de 6,6 %, elle a augmenté de 5,9 % sous François Hollande, puis de 11,3% sous Emmanuel Macron. Deux fois pire que Hollande.
Aviez-vous anticipé les chiffres de l’Insee sur les déficits publics attendus mardi, qualifiés d’alarmants ?
Si l’on en juge par la panique du gouvernement, nous dépasserons les 5 %. C’est calamiteux. Il suffit de nous comparer à nos voisins européens. Même la Grèce et le Portugal sont sous les 3%, l’Espagne y sera en 2024, l’Italie en 2025. Cette réalité dramatique se traduit par une explosion de la charge de la dette : 56 milliards en 2024 (soit +20 milliards en trois ans) et autour de 90 milliards à la fin du quinquennat ! Quand vous subissez une telle dégradation, cela finit par avoir un effet sur les taux d’intérêt. Nous sommes donc au commencement d’un effet boule de neige.
Les résultats des agences de notation vont tomber entre avril et mai. À quoi faut-il s’attendre ?
Le gouvernement est visiblement très inquiet. D’où les annonces de réforme de l’assurance-chômage pour calmer les marchés financiers. Depuis la crise des dettes souveraines de 2009, c’est la première fois que la France est au pied du mur. Les Français vont devoir payer la facture de la gabegie Macron. On voit bien ce qui se dessine : le gouvernement va tenter de diviser, de mettre en avant la « bonne dépense publique » et la « mauvaise » que seraient les dépenses sociales. Ce qu’il oublie de préciser, c’est que ces dépenses sociales, ce sont : un, les retraites ; deux, la santé. En fait le gouvernement va taper sur les plus fragiles : santé (les déremboursements ont commencé, le prix des mutuelles explose), sous-indexation des retraites, réduction de la durée d’indemnisation des chômeurs âgés, qui tomberont au RSA au bout de seize mois. Comme si on faisait exprès d’être au chômage à 61 ans ! Dans la panique, le gouvernement s’apprête à faire les choix les plus injustes !
Deux mois seulement après l’adoption du budget 2024, Bruno Le Maire a annoncé un plan d’économies. Ce budget était-il insincère ?
Évidemment ! Nous l’avions dénoncé dans notre saisine du Conseil constitutionnel. Les économistes de la Banque de France prévoyaient 0,9 % de croissance, ceux de l’OCDE 0,8 %. Il n’y avait que les « prévisionnistes » du Conseil constitutionnel pour trouver ces 1,4 % de croissance « plausibles ». Bruno Le Maire a programmé 10 milliards d’annulations de crédits, mais ce n’est encore que l’épaisseur du trait. Pour sauver les meubles il faut trouver 20 milliards dès cette année, mais Emmanuel Macron veut attendre les européennes pour annoncer les mesures les plus dures.
Irez-vous à la réunion du ministre de l’Économie début avril ?
Certainement pas. Quand Le Maire ose dire qu’il attend de nous des propositions d’économies, il se moque du monde ! Ces gens-là ont ruiné le pays, n’ont jamais eu le courage d’une mesure d’économie et voudraient faire porter par les oppositions les mesures impopulaires. Seul un plan de redressement comparable au plan Rueff de 1959 permettra à la France d’en sortir, avec des efforts équitablement répartis. Mais sans cap, ni ce président, ni ce gouvernement n’en sont capables.
La gravité de la situation telle que vous la décrivez ne risque-t-elle pas de rejaillir sur les parlementaires ?
Je vous invite à reprendre tous les discours des Républicains depuis le premier jour de ce double quinquennat Macron. Dès le premier budget, nous avions dénoncé la folie des choix. De François Fillon à Valérie Pécresse nous avons toujours assumé l’urgence du redressement des comptes. C’est pour ça que nous avons assumé avec courage de voter la réforme des retraites. Je regrette le silence assourdissant des milieux d’affaires : ils auraient dû appeler à la raison, or ils nous ont laissés un peu seuls jouer les rabat-joie.
Comment le groupe LR que vous présidez abordera-t-il les prochains rendez-vous économiques à l’Assemblée ?
Nous serons les porte-parole des Français face à la gravité de la situation financière. Le président fait diversion en surjouant dangereusement le « chef de guerre » en Ukraine. Ce qui menace le plus directement les Français aujourd’hui, c’est la faillite du pays. Elle empêche même l’État de commander bombes et obus !
Irez-vous jusqu’à la censure ?
L’heure est d’abord à la prise de conscience collective. Viendra ensuite celle de la responsabilité de ce pouvoir dans la situation financière de la France. La façon dont messieurs Macron et Le Maire se renvoient la faute est assez indigne. Le ministre prétend avoir lancé des alertes. Je ne l’ai jamais entendu mettre sa démission dans la balance depuis sept ans. Il restera dans l’histoire de France comme le ministre des Finances qui aura explosé tous les records en signant pour 1 000 milliards de dette ! Je suis bien décidé à ne pas les laisser lancer l’offensive contre le pouvoir d’achat des plus modestes. Ils n’ajouteront pas l’injustice à l’incurie.
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