Julien Dive et Nicolas Forissier : « L’agriculture doit être une priorité nationale »
La future loi pour le renouvellement des générations en agriculture manque d’ambitions et d’objectifs, alors que la souveraineté alimentaire est un enjeu crucial, écrivent ces deux députés Les Républicains.
« Le texte est attendu dans les prochaines semaines ! » pouvait-on entendre, ces six derniers mois, dans les couloirs du Palais Bourbon sur « la grande loi agricole du quinquennat Macron », censée répondre à l’effondrement du nombre de fermes en France. Sans cesse repoussée, elle a d’abord été annoncée en septembre 2022 pour finalement voir le jour… en 2024 ! Bien éloigné de ses engagements initiaux, le « Projet de loi d’orientation en faveur du renouvellement des générations en agriculture » a subi une gestation prolongée pour un texte sans objectifs chiffrés et sans vision claire pour l’avenir agricole.
Force est de constater que les mesures proposées sont, à ce stade, insuffisantes pour assurer le renouvellement des générations agricoles et accélérer la transition agroécologique du secteur . Un cap et une cohérence générale manquent, signe que le gouvernement n’a pas réellement fait de l’agriculture et de l’alimentation sa priorité absolue.
La réforme du parcours à l’installation-transmission, au cœur du projet de loi, rate le coche et requiert une révision urgente. Aucune orientation claire n’est établie quant au nombre d’installations agricoles à viser annuellement, une pièce maîtresse pourtant de notre souveraineté alimentaire.
Quid des problématiques économiques et environnementales ? De la gestion des exploitations ? Du foncier ou encore de l’énergie ? Rien sur le bien-être des agriculteurs alors que 35 % d’entre eux sont épuisés par la profession. Les contraintes administratives, la pression financière, la charge de travail poussent certains à l’irréparable . Derrière chaque chiffre, il y a des visages, des maraîchers, des pêcheurs, des éleveurs de bovins , des céréaliers, des viticulteurs, qui, tous, subissent un manque de considération. Depuis 2015, 100 000 exploitations ont fermé leur porte et d’ici à dix ans, un tiers des agriculteurs seront partis à la retraite. Le constat est sans appel : notre agriculture est en péril.
Responsabilité collective. Ainsi, à l’initiative d’une mission interne au sein de notre famille politique, les députés Les Républicains ont entrepris une série de rencontres avec celles et ceux qui, chaque jour, se dévouent pour nourrir le monde. De l’Indre au Cantal, en passant par l’Ardèche, la Somme, la Moselle et à travers des auditions impliquant les principaux acteurs du secteur agricole, nous avons élaboré un « Livre Blanc » comportant des propositions concrètes visant à renforcer tant la portée que le contenu de ce projet de loi. Il paraîtra dans les prochaines semaines.
Face à la réalité où près d’un agriculteur sur deux dépasse les 50 ans et où, en 10 ans, 21% des exploitations ont disparu, il devient impératif de soutenir les nouveaux exploitants par le biais d’incitations fiscales et de garanties pour les investisseurs. Dans cette optique, notre engagement se manifeste également dans la transition écologique, avec la mise en place de certificats carbone, la création d’un conseil de gestion collective de l’eau et la promotion de techniques innovantes comme les nouvelles techniques de sélection des plantes (NBT). Nous sommes résolument dans une ère où la comptabilité et la négociation jouent un rôle central, transcendant l’image traditionnelle du paysan avec sa bêche.
Nous comptons sur le débat à venir pour faire du renouvellement des générations, de la transition agroécologique et du renforcement de la souveraineté alimentaire non pas un slogan, mais une réalité. Notre responsabilité collective est d’insuffler une nouvelle vision à notre secteur agricole, de garantir sa durabilité, et d’assurer une sécurité alimentaire robuste pour les générations à venir. Le défi alimentaire mondial est devant nous. La France est un grand pays agricole et agroalimentaire, et devrait être au premier rang pour relever ce défi. Encore faut-il s’en donner les moyens et comprendre enfin que l’agriculture devrait être une priorité nationale.
>> Lire la tribune sur l’Opinion.fr
L’article Julien Dive et Nicolas Forissier : « L’agriculture doit être une priorité nationale » est apparu en premier sur les Républicains.