Olivier Marleix : « Le jeunisme d’Attal sert à masquer l’obsolescence du macronisme »
Le chef des députés LR dénonce un «gouvernement très parisien» et annonce que la droite ne votera pas la confiance au premier ministre.
Avez-vous été surpris par la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture ?
Il y a peu, Rachida Dati dénonçait « Macron et son gouvernement, leur absence de conviction(…), un parti de traîtres de gauche et de traîtres de droite ». Vous me direz qu’elle n’est pas la première. Avant elle, Bruno Le Maire nous avait avertis : « Emmanuel Macron est l’homme sans projet parce que l’homme sans convictions. » Tandis que Gérald Darmanin considérait que « loin d’être le remède du pays », Emmanuel Macron « en serait le poison définitif ». En politique, on a toujours envie de croire que les autres sont comme vous, qu’ils agissent par conviction. Alors, quand ils vendent leur âme par opportunisme personnel, c’est toujours un peu une déception.
N’est-ce pas une perte pour des Républicains ?
Ce sera l’occasion pour d’autres d’émerger.
Dati doit-elle rester présidente du groupe Changer Paris, en vue des prochaines municipales ?
Éric Ciotti a clairement acté que Rachida ne faisait plus partie de notre famille politique. Ce doit être le cas également à Paris.
Quelles leçons politiques en retenez-vous sur les nouveaux rapports de force à l’Assemblée ?
Ce nouveau gouvernement ne change rien au fait que M. Macron ne dispose pas de majorité à l’Assemblée. Soyons sérieux : le sujet, ce n’est pas le casting ! Ce n’est pas la « Star Academy » ! Le sujet, c’est : quelle politique ? Quel cap? À défaut d’être capable de répondre à cette question, à défaut d’agir sur le réel, le président Macron fait des castings. Ce gouvernement très parisien éloigne un peu plus les Français de la politique. Les gens comprennent bien que cela ne changera rien à leur vie ! La France est toujours au bord de la faillite, les classes moyennes sont exsangues, nos frontières sont des passoires, l’insécurité explose, il y a une crise du logement historique et nous sommes désormais un pays où l’industrie pèse autant qu’en Grèce !
Ce nouveau « débauchage » voulu par Macron ne marque-t-il pas un désaveu de la stratégie du président des Républicains, Éric Ciotti, qui n’aurait pas osé rompre avec les « vieux réflexes » de la droite, comme certains le regrettent au sein des LR ?
Vous l’avez compris, à mes yeux, ce débauchage n’intéresse que le microcosme parisien. Il ne change rien à la vie des Français, rien à la vie des Républicains.
Mais quelle solution voyez-vous pour protéger votre parti de ce piège chronique qui mine votre famille politique depuis 2017 ?
Le fait est que, depuis sept ans, le président de la République semble mettre une énergie démesurée à vouloir détruire Les Républicains. La raison est simple : toute sa politique consiste à vouloir réduire la vie politique française à un match entre le prétendu « camp de la raison », qu’il incarnerait, et un prétendu « bloc populiste », représenté par le RN. Nous sommes les derniers à refuser ce jeu mortifère, à vouloir l’unité nationale, à dire que la France a besoin de tous les Français : banquiers ou ouvriers, startuppeurs et agriculteurs. Et, dans cette Assemblée nationale, nous le faisons concrètement en n’étant prisonniers d’aucune combinaison politicienne. On impose à la majorité les 15 heures d’activité pour les allocataires du RSA et on construit un texte sur l’immigration que même le RN ne peut désavouer. Macron, c’est la fracturation du pays ; notre projet, c’est sa réconciliation.
Rachida Dati dit avoir été encouragée par Nicolas Sarkozy à accepter de rejoindre le gouvernement. Soupçonnez-vous une implication de l’ex-président ?
Nicolas Sarkozy plaidait pour qu’Emmanuel Macron tende la main aux Républicains sur un projet politique de droite et nomme une personnalité de droite à Matignon. On en est loin ! Emmanuel Macron a soigneusement éconduit les candidats de Nicolas Sarkozy, et ses propositions avec. Fin de l’histoire. Quant à nous, nous avons appris à nous reconstruire sans Nicolas Sarkozy. À la différence de Nicolas Sarkozy, je n’ai jamais vu d’avenir dans une alliance avec cette majorité à la dérive. Pour des raisons essentielles : on a besoin de souveraineté nationale, pas de ce mondialisme débridé ; on a besoin du courage de réduire la dépense publique, pas de la dépense à vau-l’eau ; on a besoin de se battre pour les Français les plus en difficulté, pas seulement pour les « premiers de cordée ». Je pense que l’après-Macron appellera une rupture avec le macronisme, pas une « combinazione ».
Dans l’hypothèse où Gabriel Attal se soumette à un vote de confiance, que feront vos députés ?
Voter la confiance, c’est être dans la majorité. Nous avons été élus dans l’opposition, donc nous ne la voterons évidemment pas. À part le départ de Mme Borne, qu’est-ce qui a changé, en vrai ? Rien. Le jeunisme de Gabriel Attal sert à masquer l’obsolescence du macronisme. L’hôpital est toujours en faillite et les 32 milliards d’euros annoncés par le premier ministre sont déjà votés et exécutés ; les Français n’ont toujours pas de médecins ; la justice trop faible est sans moyens ; le niveau scolaire s’effondre… Et seule Mme Oudéa-Castéra oublie que M. Macron gouverne depuis sept ans !
Les Insoumis brandissent la menace d’une motion de censure si le premier ministre refuse de se soumettre à la confiance. Et vous ?
En l’absence de majorité absolue, le gouvernement ne peut pas demander la confiance de l’Assemblée. On ne peut pas lui en faire le reproche. LFI poursuit son projet anarchique ; nous conservons notre sens des responsabilités.
Quels seront les points forts sur lesquels la droite voudra peser en cette rentrée parlementaire ?
Il y aura la question de l’énergie, avec la future loi de programmation pluriannuelle. Elle est au cœur de trois dimensions stratégiques : la souveraineté, la compétitivité pour notre industrie et notre agriculture, et le pouvoir d’achat des Français. Ce n’est ni aux Français ni aux entreprises de payer la facture des dix années de dérive de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), qui aura permis à des gens sans scrupule de constituer des fortunes privées sur le dos d’EDF. Et puis, puisque M. Attal prétend faire de l’ « autorité » le mantra de son action, il serait temps que ce gouvernement renoue avec une politique pénale de fermeté : la France vit toujours sous le régime du laxisme pénal de Mme Taubira. À quand le réveil ? Rétablissons les peines planchers et élargissons cette pratique pour redonner force à la loi. On verra alors si ce gouvernement tient plus du sarkozysme ou du hollandisme !
Quelle suite prévoyez-vous si le Conseil constitutionnel censure la loi immigration, le 25 janvier ?
Ce sera une heure de vérité pour le gouvernement. Se résignera-t-il à un éventuel affaiblissement de la loi sans broncher, voire en s’en réjouissant ? Ou aura-t-il la volonté d’agir en proposant un nouveau texte ou en réformant la Constitution ? Il jouera là sa crédibilité. Parler d’autorité, c’est bien, en faire preuve, c’est mieux.
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