Éric Ciotti : « Nous ne soutiendrons que le texte sorti du Sénat »
Le président des Républicains précise la ligne sur laquelle il entend « se battre » à l’Assemblée.
Le projet de loi immigration arrive ce lundi en séance publique à l’Assemblée, où votre parti jouera un rôle clé. Allez-vous voter la motion de rejet du texte déposée par les écologistes ?
Le choix n’est pas arrêté, nous le déciderons ce lundi après-midi.
Si cette motion de rejet n’est pas adoptée, vous avez annoncé que vous ne voterez pas le texte remanié en commission. Votre position peut-elle évoluer ?
Il faut poser la question au ministre de l’Intérieur. Jusqu’à présent, il a fermé toutes les portes que nous avions ouvertes. Nous avions considérablement amélioré ce texte au Sénat, nous voulions aussi lui donner une base juridique beaucoup plus large et stable, en proposant une modification de la Constitution. Nous avons eu comme seule réponse une fin de non-recevoir avec un détricotage du texte voté par la droite sénatoriale. Les principales mesures apportées par le Sénat ont été supprimées et notre proposition de loi constitutionnelle a été rejetée par la majorité et la Nupes !
Le ministre de l’Intérieur vous accuse de préparer « un Frexit constitutionnel et européen ».
C’est une supercherie, contraire à toute réalité ! Ce que nous voulions, c’est doter notre pays d’une souveraineté beaucoup plus forte et permettre aux Français de retrouver le cours de leur destin en matière migratoire. Nous sommes totalement en phase avec les attentes de nos concitoyens.
Gérald Darmanin n’exclut pas un retour du délit de séjour irrégulier. Cela peut faire pencher la balance ?
C’est l’une des mesures que nous demandons. Encore faut-il savoir comment elle sera écrite. Il y a toujours beaucoup d’écart entre les discours et les actes de ce gouvernement. Le temps des demi-mesures est révolu. Le “en même temps” en matière migratoire, compte tenu de la gravité de la situation, n’est pas supportable.
Un compromis est-il possible avec le gouvernement ?
Ce que nous demandons, c’est le texte du Sénat. C’est-à-dire, immédiatement, la suppression de toute démarche de régularisation des clandestins, la réforme de l’AME et les prestations sociales différenciées, afin de lancer un message très clair : notre pays n’est pas un eldorado social qui peut attirer toute la misère du monde. Je ne vois pas comment M. Darmanin, prisonnier de l’aile gauche de sa majorité, pourrait nous donner satisfaction. Mais c’est sur cette ligne que nous nous battrons dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
Si le texte revient à une version proche de celle qui a été adoptée par le Sénat, vous le votez ?
La condition, c’est que le texte ne soit pas proche mais identique : nous ne soutiendrons que le texte sorti du Sénat.
Votre parti est pourtant divisé. Aurélien Pradié juge que ce texte du Sénat que vous approuvez aujourd’hui ne va pas assez loin…
Nous avons, à l’unanimité du groupe LR à l’Assemblée nationale, y compris Aurélien Pradié, souligné que le texte du Sénat était l’aboutissement de qualité d’une forme de compromis. Nous n’irons pas au-delà.
Ces critiques d’Aurélien Pradié sont mal passées auprès des sénateurs LR. Qu’ont-ils demandé mardi lors de votre rencontre ?
Je n’évoquerai pas les échanges privés que j’ai avec les sénateurs, mais j’ai rappelé l’exigence d’une unité et de la responsabilité de tous. J’ai prôné l’écoute, le dialogue. Nous sommes dans une période politique difficile depuis l’élection présidentielle. Quand c’est difficile, il faut se serrer les coudes.
Certains sénateurs ont même menacé de rompre leur attachement avec LR…
Il n’y a eu aucune rupture, en tout cas, dans ce cadre.
En cas de recours au 49.3, déposerez-vous une motion de censure ou allez-vous en soutenir une ?
Nous verrons d’abord quelles sont les réponses du gouvernement.
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