Gérard Larcher : « Il faut un contrôle des flux migratoires »
Ses priorités à la tête du Sénat, la situation de la droite, la crise actuelle au Proche-Orient, l’examen à venir de la loi immigration… Avant un déplacement en Corrèze, ce jeudi, Gérard Larcher a répondu aux questions du Berry Républicains sur l’actualité du moment.
Réélu à la tête du Sénat pour un cinquième mandat au début du mois d’octobre, Gérard Larcher, 74 ans, entend continuer à faire peser de tout son poids la Chambre haute, notamment pour qu’elle porte la voix des territoires, dont il se veut un fervent défenseur.
Vous étiez dans l’Aveyron, il y a deux semaines, vous serez en Corrèze ce jeudi. Quel est l’enjeu de tels déplacements pour vous ?
Tout d’abord parce que le Sénat représente l’ensemble des territoires dans leur diversité. Dans le cas de la Corrèze, le Conseil départemental joue un rôle majeur au plan financier comme en matière d’ingénierie avec des dispositifs innovants. Et des départements ruraux innovants, il y en a beaucoup et je veux écouter et entendre ce qui s’y fait, parce que je crois profondément qu’on ne redressera notre pays qu’avec les territoires et non pas sans ou contre eux.
Depuis quinze ans, nous vivons une verticalité et il est temps qu’on revienne à un nouveau souffle de décentralisation. Le Sénat en a fait la proposition dans un rapport adopté sans aucune voix contre. C’est entre autres ce que j’ai proposé au président lors des rencontres de Saint-Denis. Maintenant, j’attends sa réponse…
Cette décentralisation, vous souhaitez également qu’elle s’accompagne de « moins d’inflation législative ». C’est si important pour les collectivités ?
En dix ans, le code de l’urbanisme, c’est plus 40 %. En vingt ans, le Code général des collectivités territoriales, c’est plus 300 % ! Il y a quelques mois, nous avons signé avec le gouvernement une charte de simplification. Eh bien maintenant, il faut la mettre en œuvre. Ça veut dire moins de textes, des textes plus simples, applicables et pragmatiques […]. Il faut donc moins légiférer pour mieux légiférer car cette complexité entraîne une crise du résultat.
À mi-mandat présidentiel, des rencontres comme celles-ci sont aussi l’occasion de battre le rappel dans les rangs LR ?
Non. L’objectif, c’est d’abord de parler du local. De ce point de vue-là, la prochaine grande échéance, ce sont les municipales. La commune, c’est la cellule de base de la démocratie, celle qui touche à la vie quotidienne des Français, dans une relation d’abord avec les départements.
Pour revenir à la droite, il y a de potentiels candidats (Laurent Wauquiez, Édouard Philippe) mais ne manque-t-il pas tout simplement un leader comme ont pu l’être Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ?
C’est bien sûr important que, le moment venu, nous ayons un candidat ou une candidate qui porte les valeurs des LR. Mais pour ça, il faut que nous ayons un projet, que nous bâtissions la confiance et notre lien avec les Français. Et que nous rassemblions.
Ça ne pourrait pas être vous ?
Je viens d’être réélu avec une majorité plus large que la majorité sénatoriale stricto sensu et je veux vraiment me consacrer à cela. Avec, entre autres objectifs, de renouer le lien de confiance avec les Français. On ne peut pas continuer comme ça. Regardez les sondages. Je veux qu’entre les Français et leurs représentants, on retrouve la confiance et je pense que le Sénat est un des éléments qui peuvent permettre cela parce qu’il s’appuie sur la trame des 500.000 élus locaux qui, eux, ont encore la confiance des Français.
Quel regard portez-vous sur les débats électriques qui agitent la classe politique autour du conflit israélo-palestinien et le voyage en Israël de votre homologue Yaël Braun-Pivet ?
Dans quaran te minu tes (l’interview a été réalisée, hier, à16 h 30, NDLR), je présiderai le débat 50-1 sur la situation au Proche-Orient. Je souhaite que ce débat se déroule dans des conditions d’écoute et de respect des uns et des autres. Le président de la République a raison de se rendre en Israël aujourd’hui (hier, NDLR). Yaël Braun-Pivet a eu une démarche que je comprends en s’y rendant. Moi-même je vais recevoir, ce mercredi, les représentants des familles israéliennes qui ont besoin d’être défendues et dont certains membres sont otages. Cela n’exclut pas le dialogue avec un certain nombre d’autres pays. Israël a droit de légitime défense, mais en même temps, il nous faut penser à la situation des Palestiniens.
En revanche, il faut être unanimes pour condamner tous les actes terroristes. Et pour moi, le Hamas est une organisation terroriste.
C’est un message pour Jean-Luc Mélenchon ?
Oui. Je pense que quand on n’est pas en capacité de condamner des actes terroristes, des actes qui sont des crimes, on est sorti des valeurs de la République.
L’actualité récente a aussi été marquée par l’assassinat d’un professeur à Arras.
(Il coupe) Ça me touche. L’assassinat de Samuel Paty a eu lieu dans mon département des Yvelines. Stéphanie Monfermé, cette fonctionnaire qui servait la police, a été assassinée dans ma ville de Rambouillet, à 150 mètres de ma propre maison. Dominique Bernard, ça m’a rappelé tout cela. Si on avait été plus attentifs à ce qui s’est passé à Conflans-Sainte-Honorine, peut-être qu’il n’aurait pas perdu la vie dans des conditions très similaires à celles de Samuel Paty.
Comment éviter de tels drames ?
Cela passe par une attention permanente des services de renseignements et par le suivi des fichés S, mais aussi par un travail des renseignements territoriaux qui doivent être renforcés dans notre pays. Et puis, il faut très clairement une maîtrise des politiques de contrôle des migrations. On sait qu’à Lampedusa, il y a des voies d’entrée de terroristes.
Justement, l’examen de la loi immigration va s’ouvrir le 6 novembre au Sénat. Que pensez-vous de ce texte ?
Sur ce texte, je fais confiance aux travaux de la commission des lois, parce qu’il ne peut pas être un vingt et unième texte qui ne sert à rien. Les Français attendent que nous ayons une véritable politique de régulation des flux migratoires. Il n’y aura pas que la réponse nationale, il faut aussi une réponse européenne. Donc ce que j’attends, c’est qu’il soit le plus efficace possible.
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