Éric Ciotti : « Face à la submersion qui frappe Lampedusa, assumons le refus absolu de toute répartition »
L’afflux massif de migrants vers l’île de Lampedusa rappelle la nécessité d’une action politique forte, estime le président des Républicains, qui appelle à refonder l’Union pour la Méditerranée afin de reprendre le contrôle de la politique migratoire à l’échelle européenne.
Du 11 au 13 septembre, près de 9 000 clandestins ont débarqué sur l’île de Lampedusa, transportés par une armada de plus de 200 embarcations. Ceux qui refusent de voir la submersion qui menace l’Europe en sont pour leurs frais tant les images sont saisissantes. Au total, ce sont 130.000 migrants qui ont débarqué en Italie en 2023, soit déjà le double du nombre constaté à la même période en 2022. Depuis près d’une décennie, la Méditerranée est le théâtre d’une crise migratoire sans précédent qui a transformé notre mer commune en un vaste cimetière où 28 000 infortunés ont perdu la vie.
Nous ne sommes pas indifférents devant ce drame : comment pourrions-nous l’être ? L’immigration de masse est toujours une tragédie. Tragédie de vies humaines déracinées et abandonnées à l’avidité des passeurs, tragédie de ceux qui fantasment un avenir que l’Europe ne peut pas leur fournir, tragédie de sociétés européennes profondément bouleversées par cet afflux ininterrompu. Toutes ces tragédies doivent cesser. Face à la crise que nous traversons, notre responsabilité n’est pas dans l’angélisme de promesses que nous ne pouvons pas tenir : elle est dans la fermeté. Les routes de la Méditerranée doivent être fermées car elles ne mènent nulle part ceux qui les empruntent.
L’Europe n’est pas en mesure d’absorber les flux massifs qui se présentent dès aujourd’hui à ses portes, ni ceux – plus massifs encore – qui se présenteront demain. Nous devons être lucides sur nos capacités d’accueil et forger notre politique migratoire en conséquence. Face à la submersion qui frappe Lampedusa, assumons le refus absolu de toute répartition qui légitimerait cette entrée illégale massive. Avec Les Républicains, nous portons – avec notre projet de loi constitutionnel – des propositions fortes capables de répondre à l’urgence de la situation et nous souhaitons y associer le peuple français par référendum.
Parmi ces mesures, Lampedusa nous rappelle combien il est urgent d’implémenter l’asile à la frontière. Personne ne doit entrer en Europe sans en avoir l’autorisation, et quiconque viole ce principe doit être renvoyé dans son pays d’origine, ne disposant d’aucun droit là où il est entré par effraction. Mais, au-delà des réponses immédiates, nous devons porter notre regard sur le temps long.
Notre politique migratoire ne saurait être sérieuse sans politique africaine déterminée. Entrée dans le siècle avec 800 millions d’habitants, l’Afrique en comptera 2,7 milliards en 2050 et 4,5 milliards en 2100. Ces réalités démographiques ne peuvent pas être méconnues et nous devons retisser des liens profonds de confiance et de coopération, pour permettre un développement stable de l’Afrique qui puisse participer à freiner l’émigration.
Notre politique migratoire ne saurait pas non plus être sérieuse sans politique méditerranéenne forte. Par son histoire et sa position, la France a un rôle primordial à jouer dans la reconstruction d’un espace franco-ottomane de 1536 aux politiques arabes de Jacques Chirac, la France a toujours été une puissance méditerranéenne majeure. En 2008, dans la continuité de cet héritage, Nicolas Sarkozy avait porté un vaste et courageux projet d’union méditerranéenne. Cette organisation n’a pas rempli les grandes espérances que sa naissance pouvait inspirer.
J’appelle à une refondation de l’Union pour la Méditerranée dans la fidélité à ses ambitions initiales. Si l’Union européenne – au même titre que la Ligue arabe ou l’Union africaine – peut légitimement y être représentée, il faut reconnaître que l’inclusion de toute la communauté européenne, jusqu’aux contrées les plus éloignées de la Méditerranée, a été un lourd handicap : nous devons nous recentrer sur les pays côtiers et construire une véritable Union de la Méditerranée. Cette union refondée pourra s’attaquer aux questions majeures qui préoccupent l’espace méditerranéen – agriculture, alimentation, énergie, écologie, immigration, sécurité – et bâtir des politiques d’équilibre respectueuses de la souveraineté de chacun et garantes de la stabilité de tous.
Sur le plan migratoire, l’Union de la Méditerranée doit être le principal forum de discussions et de décisions, afin de remplacer l’immigration subie par une immigration choisie. Elle doit porter et soutenir les mesures de fermeté qui mettront fin à l’immigration de masse.
Nous ne méconnaissons pas les tensions géopolitiques qui existent et encerclent le bassin méditerranéen mais nous ne souscrivons pas au fatalisme des dialogues impossibles. Dans cet esprit, retissons les liens qui unissent les deux rives pour reconstruire une identité méditerranéenne partagée. Si la Méditerranée apparaît aujourd’hui comme le réceptacle tragique de toutes les crises, elle peut être demain le creuset de toutes les solutions.
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