La fatwa de Médine
Bernard Carayon, ancien député du Tarn et maire de Lavaur, revient sur les agissements du rappeur Médine qui, avant un concert ce week-end à Albi, a lancé des fléchettes sur son portrait. L’édile explique pourquoi il porte plainte.
La politique sans symboles, c’est comme un apéritif entre amis au jus d’orange, il manque quelque chose.
Le rappeur Médine est venu, le 1er avril, chanter à Albi, dans le Tarn. Le département de Jaurès, qui défendit l’officier israélite Dreyfus, et du « petit père » Combes, qui s’y entendait en laïcité de combat.
Le préfet, que j’avais saisi pour interdire ce concert, ne put, hélas, trouver de motif d’ordre public dans une jurisprudence administrative tolérante ; un concert subventionné par une maire “philippiste” et un conseil départemental socialiste : l’union des tétanisés.
Qui est Médine ? Un compagnon de route de l’islamisme culturel et un soutien de Mélenchon. Un mariage, désormais, classique et heureux. Né au Havre, il s’est présenté comme l’« ambassadeur » de l’association Havre de Savoir qui additionne les marqueurs singuliers : dans ses publications, on y défend la présomption d’innocence de Merah, le terroriste de Toulouse et de Montauban ; elle est animée par un proche des Frères Musulmans, dont on connait le tropisme humaniste ; elle a accueilli les conférences de l’aimable Houria Bouteldja, égérie des Indigènes de la République, celle qui qualifie les Français de souche de « souchiens » — de l’humour, bien sûr —, et puis aussi l’imam Iquioussen qui a quitté la France avant d’en être expulsé. Tariq Ramadan, qui, depuis qu’il est poursuivi pour quelques viols, reste à la maison, figure parmi les invités d’honneur.
Voilà pour ses attaches locales et affectives. Les symboles sont utiles pour séduire sa clientèle : celle des jeunes Français musulmans de moins de 25 ans qui, pour 75 % d’entre eux, placent l’islam avant la République et pour 45 % pensent que « l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française ».
Justement, notre rappeur adore les “quenelles” (pas celles de Nantua) de son ami Dieudonné, geste que l’on considère, sans doute par taquinerie ou malveillance, comme antisémite. Il loue la polygamie et le djihad comme une invocation au « combat intérieur », mais avec un tee-shirt orné d’un grand sabre doré sur fond noir. Et s’il chante dans Don’t laïk, « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », il est sûr évidemment de faire coup double : laïcs et chrétiens. « Je scie, ajoute-il, l’arbre de leur laïcité avant qu’on le mette en terre. »
Et c’est sans doute dans un grand esprit de justice, qu’il précise — juste après le carnage de l’école juive Ozar Hatorah — que « la réaction des médias est à vomir. Ils ont stigmatisé les musulmans, ils en ont fait l’ennemi numéro 1. »
C’est ainsi, de manière ingénue, qu’il entreprit de faire un concert au Bataclan. Le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, qui subventionna au Havre son club de boxe, fut interrogé avec force, au Sénat, par Sébastien Meurant. Il invoqua, (pour excuser le rappeur ?), des textes anciens et la liberté de programmation de la salle de spectacles. Le scandale fut énorme et les propriétaires de la salle reculèrent : le concert fut annulé. Pas à Albi, pourtant scène nationale…
Alors le rappeur savoura sa liberté d’“artiste” préservée par les défenseurs des principes républicains. Ce soir-là, sur un mur, il plaça des cibles : la photo d’un député et la mienne, seuls et pauvres défenseurs d’une autre idée de la France. Et sur ces cibles, en sifflotant, il joua aux fléchettes. Dans sa langue, je suppose que c’est une Fatwa. Le préfet s’en émut, la Justice est saisie. Elle sera rendue au nom du Peuple français.
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