Agnès Evren : « La droite doit mettre clairement la transition écologique au cœur de son projet »
A l’approche de l’élection pour la présidence du parti Les Républicains, Agnès Evren, vice-présidente des Républicains et députée européenne, plaide, dans une tribune au « Monde », pour une écologie pragmatique qui préserve le pouvoir d’achat.
Alors que s’achève la conférence des Nations unies sur le climat (COP27), le programme de l’ONU pour l’environnement sonne le tocsin d’un réchauffement « catastrophique » de 2,5 °C à la fin du siècle. L’impératif et l’urgence de la transition écologique ne sont plus à démontrer. Et, pourtant, nous avançons si lentement… L’une des raisons tient à l’acceptabilité des décisions envisagées. Souvent impopulaires parce que perçues comme socialement injustes et insupportables, elles fracturent encore davantage notre pays. Finalement, la crise énergétique, qui se superpose à la crise climatique, fait craindre un Armageddon social.
Il nous faut d’abord mettre clairement la transition écologique au cœur de notre projet. La protection de l’environnement est une question trop importante pour être confisquée par des forces politiques radicales qui la caricaturent. Le débat politique ne peut pas se structurer autour de l’urgence de la question écologique (nous en sommes tous convaincus), mais autour des solutions pour y répondre.
Interdire des barbecues et dégrader des œuvres d’art ne feront pas avancer la cause. N’hésitons plus : la droite porte historiquement le discours du pragmatisme, dont nous avons tant besoin face aux délires idéologiques de l’extrême gauche, et de la conservation et de la transmission du patrimoine, y compris naturel. Elle est donc parfaitement légitime à s’emparer du sujet.
Il nous faut ensuite réconcilier toutes les catégories sociales, toutes les générations, tous les territoires autour d’une même ambition environnementale. La fracture qui grandit entre la France dite « périphérique » et celle du centre des métropoles est moralement et socialement insupportable. C’est l’application d’une écologie à deux vitesses, dont les classes moyenne et populaire sont les seules débitrices.
Notre responsabilité est de la dénoncer et de la résorber. Préserver notre planète, la cohésion de notre société et le pouvoir d’achat des Français ne peuvent plus être des principes antagoniques. Un seul exemple : à l’échelle de la Métropole du Grand Paris, les Républicains ont soutenu l’élargissement de la zone à faibles émissions (ZFE), englobant 79 communes, pour remédier à l’initiative solitaire de la maire de Paris, qui l’avait circonscrite au seul périmètre de la capitale, faisant de Paris un oppidum infranchissable.
L’aberrante circulation des SUV
Ce risque d’amplification des fractures territoriales ressurgit tandis qu’à l’horizon 2025 toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants devront limiter la circulation des véhicules les plus polluants sur leur territoire. Avec 43 ZFE, la question de l’exclusion des classes moyenne et populaire, reléguées aux franges des villes, se fera plus vive. C’est à la seule force d’un travail de dentelle mené avec les édiles locaux que ces plaies géographiques seront suturées, que les contraintes sur la liberté de circuler seront acceptées et que le pouvoir d’achat sera préservé.
Enfin, il nous faut sortir des approches idéologiques. L’Europe paye aujourd’hui les conséquences du combat mené pendant des décennies par des extrémistes contre le nucléaire. Alors que notre priorité doit être de décarboner la production d’électricité, une partie de notre parc nucléaire est fermée tandis que nous faisons fonctionner et même rouvrons des centrales à charbon. Absurde. De même, si la fin de la vente de véhicules thermiques est légitime, comment ne pas prendre en compte que 38 % des Français possédaient un véhicule diesel de plus de 12 ans ou essence de plus de 18 ans en 2021 ? Avec un bonus écologique laissant un reste à charge d’environ 20 000 euros, les véhicules zéro émission, électriques ou à hydrogène, demeurent à des prix prohibitifs pour les classes populaires.
C’est pourquoi nous avions plaidé pour un quota de 90 % de véhicules électriques d’ici à 2035 et l’amplification de la recherche sur des moteurs à très faible émission. En faisant du véhicule électrique le Graal de la neutralité carbone, nous nous exposons à de sérieuses déconvenues pour la compétitivité de nos industries et pour la pérennité de nos 205 000 emplois directs. En mettant tous nos œufs dans le même panier, nous tournons le dos à l’innovation qui aurait permis d’atteindre nos objectifs. Seule la Chine semble, à l’heure actuelle, tirer son épingle du jeu en inondant le marché occidental de ses véhicules électriques. Cette orthodoxie jette aussi un voile sur les émissions de l’ensemble du cycle de vie des véhicules, et permet des aberrations telles que la libre circulation des SUV dans la ZFE du Grand Paris, malgré leur bilan carbone.
Atteindre la neutralité carbone en 2050, privilégier une approche globale, réconcilier ambition écologique et pragmatisme économique, devront être au cœur des idées de la future présidence des Républicains. Cela implique de ne jamais découpler la transition écologique de la lutte pour le pouvoir d’achat et contre les inégalités territoriales.
Cette approche, je l’ai adoptée au Parlement européen depuis plus de trois ans en combattant notamment l’extension du marché du carbone aux carburants et au chauffage privé, tirant ainsi les leçons de la crise des « gilets jaunes ». C’est cette approche que défendent nos élus locaux. C’est cette approche qui doit guider nos actions futures.
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