Eric Ciotti : « Il faut dépenser moins pour dépenser mieux »
Éric Ciotti présente son programme économique dans le cadre du congrès de LR.
Le futur président du parti les Républicains sera désigné début décembre. Le député LR des Alpes-Maritimes et favori du scrutin, Éric Ciotti, détaille les grandes lignes de l’ambition économique qu’il veut pour la droite.
Vous aviez dit que votre programme économique collait à celui de François Fillon en 2017. Cela veut dire un programme d’austérité, promettre « du sang et des larmes » aux Français ?
Le présenter comme ça relève de la caricature. Je défends un programme de courage et de responsabilité : on ne pourra pas mentir indéfiniment aux Français en leur laissant croire qu’on peut vivre à crédit, en augmentant les allocations, les prestations sans contrepartie. On a un modèle qui a atteint ses limites, caractérisé par une bureaucratisation à l’extrême, par un niveau record des dépenses publiques et de l’endettement. Parallèlement, les services publics sont de moins en moins efficaces et ne répondent plus aux attentes de nos concitoyens. Extraordinaire paradoxe : plus on dépense, moins on est efficace ! Cet excès conduit à un endettement qui nous étrangle, et une augmentation des impôts qui pèse sur ceux qui travaillent. Je propose de débureaucratiser massivement l’économie, de baisser nos dépenses. LR doit être le parti de labaisse des impôts et de la revalorisation du travail.
Peut-on vraiment baisser drastiquement la dépense publique et améliorer le fonctionnement des services publics ?
Il faut dépenser moins pour dépenser mieux. Il y a dans les services publics une administration qui est devenue obèse. Sur 1,1 million de soignants, il y a 400 000 agents administratifs ! Par ailleurs, si on met de côté les services régaliens et de santé, on ne pourra pas remplacer toutes les personnes qui partent en retraite.
La question du pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations…
Les ménages subissent des prélèvements cumulatifs irresponsables : d’où ma proposition de supprimer les impôts de succession, qui constituent un véritable impôt sur la mort, et de supprimer les droits de donation favorisant d’ailleurs la mobilité du capital. Je veux enfin baisser l’impôt sur le revenu pour les classes moyennes. L’État doit aussi prendre sa part dans la hausse des salaires par la baisse des cotisations salariales avec pour objectif de rapprocher le salaire net du salaire brut.
Sur la réforme des retraites, faut-il jouer sur la durée de cotisation ou reporter l’âge légal de départ ?
Je propose un système intermédiaire qui fait jouer les deux curseurs, et je laisse la liberté au futur retraité de choisir le système qui lui est le plus favorable. L’important, c’est qu’il faut travailler plus longtemps pour sauver notre système par répartition, sans quoi le niveau des retraites va s’effondrer : soit en fixant l’âge légal de départ en retraite à 65 ans, soit en portant la durée de cotisation de 43 à 45 ans. Pour ceux qui ont commencé à travailler très tôt, le curseur de la durée de cotisation sera le plus favorable. Mais quelqu’un qui a commencé tard a intérêt de jouer sur le curseur de l’âge légal à 65 ans. Je propose ce système mixte. Et il faudra par ailleurs opérer des ajustements supplémentaires avec la suppression des régimes spéciaux (pour ceux qui rentrent dans le système) et des mesures compensatrices pour les métiers les plus durs. La contrepartie de ces efforts, c’est que personne ne touchera de retraite en dessous du smic. Enfin, pour les Français qui le souhaitent, je suis favorable à l’intégration d’une dose de capitalisation.
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