Discours d’Olivier Marleix lors de la discussion générale suite au dépôt de 2 motions de censure
Madame la Présidente,
Madame la Première ministre,
1. Aujourd’hui, deux motions de censure ont été déposées. Pourquoi ? Parce que faute de pouvoir faire adopter votre budget par l’Assemblée nationale, vous avez été contrainte d’engager la responsabilité de votre gouvernement.
La loi de finances, ce sont des choix. Et malgré notre volonté de permettre au pays d’avancer, nous ne partageons pas vos choix.
Nous ne partageons pas votre recours systématique à la dette. Vous n’aimez pas que l’on vous rappelle les chiffres, mais la réalité dépasse l’entendement. En 2023, l’État dépensera 500 milliards d’euros, alors qu’il n’encaissera que 345 milliards de recettes. Le déficit de votre budget atteint donc 155 Mds d’euros, c’est-à-dire qu’un tiers de la dépense de l’Etat est financé par de la dette. Le stock de dette dépassera lui les 3000 Mds€.
La crise de la dette menace, fait courir les risques que l’on connaît sur la France et l’épargne des Français, mais vous, vous n’en tenez aucun compte.
Nous ne partageons pas vos choix de fiscalité. Vous méprisez le travail, qui est la valeur essentielle du lien social. Vous ne prévoyez rien pour cette classe moyenne accablée d’impôts de toutes sortes, qui prend son véhicule pour aller travailler, qui cherche à accéder à la propriété mais se voit refuser les crédits, qui peu à peu ne voit plus le bénéfice de son travail.
Nous ne comprenons pas, enfin, votre absence de détermination face à la crise de l’énergie : depuis de trop longues semaines, des dizaines de milliers d’entreprises de toutes tailles (des boulangeries, des artisans, des entreprises industrielles) sont au bord de la faillite vue l’explosion de leurs factures d’électricité ou de gaz, mais vous n’agissez pas.
« Ne signez rien », disait le Président de la République aux entreprises le 23 septembre dernier. Un mois plus tard, nous sommes le 24 octobre, qu’avez-vous à leur dire ?
Pour toutes ces raisons, il nous est impossible d’adopter cette première partie de votre budget.
Nous avons pourtant formulé des propositions mais vous n’écoutez pas !
Nous avons proposé sans relâche d’amender ce budget, avec un plan de réduction de la dépense publique en supprimant les doublons administratifs ; mais aussi des propositions concrètes pour améliorer le pouvoir d’achat des Français :
– permettre à tous les Français d’entreprendre la rénovation énergétique de leur logement en remplaçant le dispositif MaPrimeRenov’, qui ne marche pas, par un crédit d’impôt ;
– limiter leurs dépenses de carburant en supprimant la taxe sur la taxe ;
– alléger la fiscalité de nos PME en baissant pour elles le taux d’IS de 15 à 10%.
– Vous n’avez rien repris de substantiel.
Des lors ce gouvernement issu d’une majorité plus que relative n’a en effet pas d’autre choix que d’employer le 49-3. Vous l’avez déjà utilisé à deux reprises et vous serez probablement contrainte de l’employer encore quatre ou cinq fois d’ici le mois de décembre.
2. Une motion de censure sert à constater que le gouvernement ne dispose pas de majorité. Ce n’est pas une surprise : nous le savons tous depuis le premier jour. Ainsi en ont décidé les Français qui ont volontairement placé le Président réélu en face d’une Assemblée dans laquelle il n’a pas la majorité.
Soyons clairs : nous ne nous associerons pas à la France insoumise et au RN et ne voterons pas ces motions de censure.
A quoi cela conduirait-il ? En les votant, nous ferions tomber le gouvernement, mais cela aboutirait très probablement à remplacer un gouvernement Borne 2 par un gouvernement Borne 3, puis Borne 4 la semaine suivante… Il n’y a là – au-delà d’un bref moment de satisfaction d’opposant – aucune utilité pour les Français.
Bien sûr, il y a sur les bancs autour de vous, Mme la Première ministre, des candidats pour vous remplacer (je ne citerai pas les noms…), mais si c’est pour faire la même politique, je n’en vois pas non plus l’utilité pour les Français.
Faudrait-il faire tomber ce gouvernement parce qu’il y aurait dans cette Assemblée une autre majorité possible ? A partir d’une autre « combinaison » politique, comme le régime des partis le pratiquait avec délice sous la IVème République ? Là encore, je n’en vois pas. La convergence des extrêmes à l’œuvre aujourd’hui, n’a pas je l’imagine pour projet de nous proposer une alternative de gouvernement commune.
Faudra-t-il alors dissoudre cette Assemblée pour en élire une autre ? Peut-être. Mais quatre mois après les élections, et après 8 semaines seulement de travail effectif de cette Assemblée, je pense qu’il est un peu tôt pour se poser la question.
Donner encore d’avantage de notre pays l’image d’un bateau à la dérive n’est pas l’intention du groupe les Républicains.
Spéculer sur l’effondrement du pays est le calcul de ceux qui préfèrent le désordre, on l’a vu jusque dans cet hémicycle, ce n’est pas le notre.
Notre responsabilité est de ne pas ajouter une instabilité politique qui paralyserait le pays à l’inflation et à la récession que les Français doivent affronter.
Ces motions de censure, Mme la Première ministre, aujourd’hui, personne n’y croit donc vraiment, à commencer par ceux qui les ont déposées. Mais soyons clairs, nous n’hésiterons pas à en déposer une nous-mêmes si les circonstances l’exigent.
Essayons donc d’abord respecter le vote des Français :
– Pour M. Macron et votre gouvernement cela veut dire plus d’écoute des oppositions.
– Pour les oppositions, cela signifie préférer être utiles aux Français plutôt qu’alimenter le désordre en espérant indéfiniment rejouer je ne sais quel match perdu…
3. Le temps presse, Mme la Première ministre. Allez dire au Président de la République, que le 49-3 n’est pas une solution durable pour ce pays, qui a besoin d’être rassemblé, et non fracturé.
On a trop souvent l’impression que le Président ne voit pas la déliquescence de notre pays, qu’il ferme les yeux sur le quotidien des Français, sur ce qu’ils ressentent et ce qui les indigne.
Vous devez comprendre que les Français s’indignent qu’une enfant de 12 ans soit sauvagement assassinée au cœur de Paris par une femme qui aurait dû être expulsée ;
Vous devez comprendre qu’ils ne supportent plus de voir l’autorité des forces de l’ordre bafouée par des voyous qui refusent d’obtempérer quand ils ne les agressent pas ;
Vous devez comprendre qu’une société dans laquelle les écarts de salaire vont de 1 à 300 court le risque de se déliter.
Vous devez comprendre que les Français qui ont des fins de mois difficiles ne supportent plus que l’argent de la solidarité soit distribué à des gens qui parfois n’ont jamais cotisé.
A ne pas les comprendre, vous nourrissez la colère des Français. Ne jouez pas avec ces colères. Ne les laissez pas prospérer. Vous aviez le projet de renouveler la démocratie française – vous la laissez se décomposer.
Puisque vous n’êtes plus majoritaires, ayez l’humilité d’entendre ceux qui ne ressentent pas les choses comme vous. Ne laissez pas s’installer l’idée qu’au fond, il n’y aurait rien d’autre à faire pour améliorer le quotidien des Français et l’avenir de leurs enfants. C’est ce que vous faites quand vous leur dénier le droit de s’indigner !
Oui, il y a des majorités possibles dans cette Assemblée.
Le pays n’est pas condamné au blocage. N’essayez pas d’installer cette idée pour renvoyer la faute sur les autres.
Attaquez-vous – enfin – au désendettement du pays. Notre pays va à la ruine. Engagez dès maintenant un plan radical de désendettement et vous aurez une majorité,
Mobilisez les Français autour d’un projet de reconquête de leur souveraineté industrielle et agricole.
La France du travail plutôt que des allocations : j’ai cru comprendre qu’à gauche comme à droite nous étions désormais nombreux à considérer que c’est la seule voie pour reconstruire notre cohésion nationale !
Attelez-vous à rebâtir notre souveraineté énergétique. Il est impensable que ce pays, qui a tant investi dans ses centrales nucléaires du général De Gaulle à Nicolas Sarkozy, se retrouve aujourd’hui menacé par des coupures électriques de grande ampleur cet hiver. Il faut investir d’urgence et massivement dans le nucléaire ; Qu’attendez-vous ?
Battez-vous, enfin, pour restaurer l’autorité de l’Etat. La situation se dégrade année après année : le Président Macron promettait d’exécuter 100 % des Obligations de quitter le territoire Français. Vous en êtes à moins de 6 %… ça vous laisse de la marge !
Et quand un étranger commet une infraction, il doit être expulsé. Si vous n’avez pas d’idées, nous vous en fournirons le 1er décembre à l’ordre du jour de notre Assemblée !
Sur l’immigration, sur la sécurité, sur l’autorité de l’Etat, vous aurez une majorité à l’Assemblée nationale si vraiment vous passez de la parole aux actes.
*Madame la Première ministre, à Droite, nous respectons les institutions, nous ne sommes pas de ceux qui veulent le désordre. Nous respectons le résultat du suffrage même quand il nous déplait. Cela s’appelle la démocratie. Alors écoutez-nous.
Cessez de fracturer le pays pour faire perdurer un face-à-face stérile avec les extrêmes. Notre grand œuvre – à tous – ce doit être de renouer avec cette cohésion nationale aujourd’hui en perdition. Dites au « maitre des horloges » que le temps presse, que la France n’a plus de temps à perdre.
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