Ronan le Gleut : « Valérie Pécresse est attachée aux Français de l’étranger »
Alors que le premier tour de la présidentielle 2022 approche, nous sommes allés à la rencontre des 12 prétendants à l’Elysée. Pouvoir d’achat, fierté française, enseignement français à l’étranger… le sénateur Ronan Le Gleut a répondu à nos questions sur le programme des Républicains, mené par Valérie Pécresse.
Quelle présidente veut être Valérie Pécresse pour les Français ?
Valérie Pécresse est une femme d’expérience qui a été ministre, et qui est présidente de région. C’est fort de cette expérience qu’elle a révélé le caractère d’une femme réformatrice. Une des grandes réformes, par exemple, quand elle était ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, est celle de l’autonomie des universités qu’elle a menée à bien et qui a donné d’excellents résultats. De la même manière, à la tête de la région Ile de France comme présidente, elle a fait un certain nombre de réformes qui lui ont permis d’être brillamment réélue.
Cette expérience démontre que Valérie Pécresse sera une présidente réformatrice. Elle a comme objectif de rétablir la fierté française. A bien des égards, le déclassement de la France voire son déclin n’a pas été enrayé.
Quelles sont les trois priorités du projet présidentiel de Valérie Pécresse ?
Le pouvoir d’achat, à travers l’augmentation des revenus des Français à hauteur de 10% à l’échelle du quinquennat, est une mesure phare. Nous souhaitons la possibilité de payer les RTT, la défiscalisation des heures supplémentaires et réduire les charges qui pèsent sur les salaires. Ces mesures permettront de véritablement augmenter le pouvoir d’achat des Français.
Autre priorité : le rétablissement de l’autorité de l’État. Vous savez que l’autorité, c’est non seulement le régalien à travers la police, mais c’est aussi la justice. Le couple police-justice veille à la sécurité publique. Valérie Pécresse souhaite une application rapide et immédiate des peines. Elle souhaite ainsi recruter 16.000 agents dans la justice, justement pour réduire les délais de jugement et garantir l’impunité zéro.
La troisième mesure phare est la baisse des impôts, avec la suppression de la redevance audiovisuelle, la baisse de la TVA sur les biens culturels et la suppression de la TVA sur les taxes qui pèsent sur l’électricité.
Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement actuel et notamment sur les mesures prises pour les Français de l’étranger ?
Valérie Pécresse n’aurait jamais accepté la politique dite des motifs impérieux qui a interdit à des Français de rentrer dans leur propre pays. Rappelons-nous ce décret, qui a été attaqué au Conseil d’Etat, qui a donné raison aux plaignants et a exigé du gouvernement de revoir sa copie. Cette politique qui interdisait aux Français hors de l’Espace économique européen de rentrer en France sauf motif impérieux, a été extrêmement mal vécue car cela touchait à un élément fondamental qui est le lien d’un Français qui vit à l’étranger avec la nation. Valérie Pécresse a pris des positions très claires en affirmant que jamais elle n’aurait laissé faire une telle mesure, qui va vraiment à l’encontre du lien entre les Français de l’étranger et la France.
Pour ce qui est de la gestion de la crise, un des drames aujourd’hui en France, ce sont les déserts médicaux. Vous savez que dans beaucoup de régions de France, les déserts médicaux font que les Français ne parviennent plus à se faire soigner correctement. Valérie Pécresse souhaite recruter 4.000 médecins supplémentaires dans les maisons de santé pour lutter contre les déserts médicaux et 25.000 de plus dans les hôpitaux.
Quels sont, selon vous, les principaux défis rencontrés par les Français de l’étranger ?
La question de l’enseignement français à l’étranger est certainement le principal défi. Les frais de scolarité sont très élevés pour les familles françaises. Beaucoup de familles aimeraient pouvoir scolariser leurs enfants dans un lycée français à l’étranger mais renoncent pour des raisons financières. Valérie Pécresse souhaite mettre en place une baisse des frais de scolarité pour les familles françaises, et ce, à travers deux mesures principales. La première est la révision complète des critères de bourses scolaires. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour rappeler que le gouvernement actuel a baissé de 10 millions d’euros le niveau des bourses scolaires entre l’année dernière et cette année, en les passant de 104 à 94 millions d’euros. Nous voulons revoir complètement les critères de bourse scolaire, et notamment abandonner un élément très discriminatoire qui exclut les propriétaires de logement des barèmes de bourses. Or, le fait d’être propriétaire de son logement, ne veut pas dire que les revenus mensuels sont suffisants pour payer la scolarité. Nous ne devons pas tenir compte du patrimoine immobilier pour les critères de bourse.
L’autre mesure est d’étendre la différenciation des tarifs au profit des familles françaises, c’est-à-dire mettre en place plusieurs tarifs dans les lycées français à l’étranger, avec un tarif plus bas pour les familles françaises. L’Etat français prévoit environ un demi milliard d’euros pour l’enseignement français à l’étranger. Il n’y a pas de raison que les Français paient exactement la même somme que les autres.
Quelles sont les mesures que les Républicains souhaitent mettre en place en faveur des Français de l’étranger ?
Au-delà des mesures évoquées concernant l’enseignement français à l’étranger, nous souhaitons créer une résidence d’attache. Quand un Français vit à l’étranger et qu’il a un pied-à-terre en France, cela ne doit pas être considéré comme une résidence secondaire, mais plutôt comme une résidence d’attache. Cette résidence est une attache avec la France, voire un repli, un refuge. Si un Français d’Ukraine, par exemple, a un appartement en France, faut il considérer qu’il s’agit d’une résidence secondaire ou plutôt d’une résidence de protection ? Nous souhaitons donc créer un troisième statut entre la résidence principale et secondaire. Ce nouveau statut fiscal permettra d’avoir les avantages fiscaux de la résidence principale, et de baisser la fiscalité de cette résidence en France pour les Français de l’étranger.
Autre mesure fiscale, nous voulons supprimer la CSG-CRDS pour tout le monde. Aujourd’hui, il existe une discrimination entre les Français de l’Espace économique européen, qui ne la paye pas, et ceux qui vivent en dehors.
Les affaires consulaires sont un autre problème considérable. De plus en plus, le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous dans les consulats s’est allongé et les délais pour les démarches administratives également. Les agents dans ces consulats font un travail de très grande qualité, mais depuis 2012, 1405 postes au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ont été supprimés. Le plafond d’emploi est placé à 16.600, ce qui est très faible et cela se ressent dans le dysfonctionnement des consulats. Pour résoudre cela, il y aura une grande démarche de simplification administrative, qui est inscrite dans le programme global de Valérie Pécresse. Nous souhaitons également le rétablissement des tournées consulaires. Nous nommerons également davantage de consuls honoraires de nationalité française, qui auront des prérogatives sur l’établissement des procurations, par exemple. Cela permettra de décharger les consulats sur les affaires consulaires.
Parmi les autres mesures, il y a également la création d’un fonds d’urgence pour les Français de l’étranger, dont je suis l’auteur, mais également des mesures concernant les entreprises françaises à l’étranger ou encore sur une meilleure inclusion du handicap dans les lycées français à l’étranger.
Comment voyez-vous le rôle de la France et son rayonnement sur la scène internationale ?
Le déclassement de la France, voire son déclin, s’est également vu à l’international. Il y a eu bien sûr les gilets jaunes, qui ont eu un retentissement mondial, mais aussi la perte d’influence de la France dans la bande sahélo-saharienne, notamment au Mali, ou encore le Liban. Vous savez que le président sortant s’est rendu deux fois en un mois à Beyrouth après l’explosion du 4 août, en annonçant qu’il allait sauver le Liban, mais il n’en est rien. Pensons également à l’affaire des sous-marins australiens qui ont été une humiliation pour la France. Valérie Pécresse explique que son objectif dans cette campagne, est la fierté française retrouvée. Nous comprenons ce qu’elle entend par là pour le rayonnement de la France dans le monde.
Quelle est, selon vous, la place des Français de l’étranger dans la société française ?
Valérie Pécresse est attachée aux Français de l’étranger et a souhaité avoir un programme complet leur étant consacré. Nous avons fait un zoom d’une heure avec plus de 1000 Français de l’étranger pour expliquer nos différentes mesures. Valérie Pécresse y a expliqué son programme pour les Français de l’étranger. Je pense pouvoir dire qu’à ce stade de la campagne présidentielle, personne n’a passé autant de temps à expliquer son programme et à prouver combien il est le plus complet de tous candidats à l’élection présidentielle.
La raison pour laquelle Valérie Pécresse est à ce point attachée aux Français de l’étranger est qu’elle a été elle-même une Française de l’étranger. Tant que l’on n’a pas soi-même vécu à l’étranger, on a du mal à imaginer ce que cela représente. Valérie Pécresse a travaillé à Tokyo, où elle a d’ailleurs appris des notions importantes de japonais. Elle a également travaillé à l’ambassade de France à Moscou. Je rappelle qu’elle parle russe mais aussi très bien l’anglais. Valérie Pécresse sait parfaitement comment fonctionne la section consulaire d’une ambassade ou le rôle d’un consul honoraire. Tout cela lui est familier. C’est aussi pour cela qu’elle a souhaité avoir un programme extrêmement fort pour les Français de l’étranger. Pour elle, chaque Français qui vit à l’étranger est un élément du rayonnement de la France.
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